Le Collectif des sportifs et riverains du Stade municipal de Hann Bel-Air, qui lutte pour la sauvegarde du parking du Stade de Hann, n’a pas envie de laisser la victoire à l’Institut de technologie alimentaire (Ita) qui construit un bâtiment sur 1500 m2 devant la seule façade libre dudit stade édifié depuis 1990. A la faveur d’un règlement pacifique, le collectif multiplie les démarches auprès des autorités pour éviter une confrontation directe avec l’Ita.Par Ousmane SOW – 

La seule façade libre qui servait de parking et de zone de sécurité au Stade municipal de Hann, construit depuis 1990, est aujourd’hui au cœur d’un litige foncier opposant le Collectif des sportifs et riverains du Stade municipal de Hann Bel-Air et l’Institut de technologie alimentaire (Ita) qui construit un bâtiment sur 1500 m2. Mais pour Mbacké Seck, activiste de l’environnement et membre du collectif, cette initiative est une menace directe contre un espace vital pour la jeunesse et les clubs sportifs de la commune. Selon l’ancien chargé de communication de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), l’histoire du Stade municipal de Hann remonte aux années 90. Initialement, cet espace devait accueillir le Cimetière catholique Saint-Lazare. «Nous avons un stade depuis 1990, qui est construit sur l’ancien site qui était destiné au cimetière catholique : le cimetière qui est à Saint-Lazare maintenant», explique Mbacké Seck. Cependant, après l’abandon de ce projet, la mairie de Dakar a récupéré la parcelle et a décidé d’y ériger un stade. Il précise : «Et sur tous les documents que nous avons, c’étaient des titres fonciers de la Ville de Dakar, c’est-à-dire le TfF 1880 et le TfF 3007.»

A l’époque, pas de gazon, pas de projecteurs. Juste des arbres à abattre et des arbustes à déraciner. «Quand on l’avait, c’est nous, population, qui avions coupé les arbres et les arbustes qui étaient là-bas. C’étaient des pines sauvages», se souvient Mbacké Seck avec fierté. 32 ans après, tout bascule lorsque l’Ita, voisin du stade, entame des travaux sur l’espace qui servait de parking. Le Collectif des sportifs s’y oppose fermement, forçant la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos) à suspendre les travaux pendant deux ans. «En 2022, l’Institut de technologie alimentaire (Ita), qui était notre voisin parce qu’on était face à face, vient procéder à des travaux dans l’espace qui servait de parking au stade. On s’y est opposés et la Dscos a arrêté les travaux pendant deux ans», explique M. Seck. L’affaire aurait pu en rester là. Mais en février 2025, avec l’arrivée d’un nouveau régime, l’Ita relance le chantier. «Qu’est-ce qu’ils ont raconté ? Ils brandissent un titre foncier, le Tf 4801, acquis en 1971, qui leur donne des droits sur le titre. Ils ont un financement de la Banque africaine de développement (Bad) pour construire un incubateur», déplore Mbacké Seck, qui insiste sur l’importance de ce stade pour la communauté. «Un stade qui a une tribune, un gazon synthétique, un éclairage, il doit avoir un parking nécessairement», fait-il savoir.

Pour Mbacké Seck, il est inconcevable qu’un projet de 1500 m² vienne concurrencer un espace accueillant plus de 2000 matchs par an. «Hann Bel-Air est la seule commune de Dakar qui a 3 zones de Navétanes. Chaque zone fait au moins 12 Asc, soit presque 36 Asc de Navétanes. Nous avons 5 équipes affiliées à la Fédération sénégalaise de football (Fsf), 12 écoles de football. En plus de la Ligue et de l’Odcav qui viennent organiser leurs matchs à Hann», s’indigne-t-il.

Le Collectif des sportifs n’a pas envie de laisser la victoire à l’Ita. Discussions avec le sous-préfet, saisine du Haut-conseil pour le dialogue social, pour l’heure, ils s’opposent à toute violence et destruction. «Nous avons saisi le président du Haut-conseil pour le dialogue social. Nous avons rencontré le sous-préfet qui a proposé de faire une rencontre tripartite entre l’Ita, nous, le collectif, et la mairie. Nous sommes contre la violence et la destruction des biens appartenant à autrui», affirme l’activiste, avant de rappeler son attachement à ce stade qu’il a vu évoluer depuis son ouverture. «J’ai 60 ans aujourd’hui, mais quand on ouvrait le stade, j’étais le res­ponsable des Navétanes. J’avais 24 ans», se remémore-t-il.
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