L’Association ouest-africaine pour le développement de la pêche artisanale (Adepa) a organisé un atelier à Saly pour évaluer les résultats d’un ambitieux plan d’actions relatif à la promotion de l’agroécologie dans le secteur de la pêche artisanale. Ce projet, financé par le partenaire français Ccfd-Terre solidaire, s’étend de 2022 à 2025 et vise à renforcer la durabilité des ressources marines tout en soutenant les communautés locales.

«Cet atelier de capitalisation et d’évaluation porte sur un plan d’actions extrêmement important intitulé «Pêche artisanale agroécologie appliquée». L’objectif étant d’intégrer les principes de l’agroécologie à la pêche artisanale pour préserver la biodiversité marine et valoriser les savoirs traditionnels», a déclaré Moussa Mbengue, Secrétaire exécutif de l’Adepa. Contrairement aux idées reçues, l’agroécologie ne concerne pas uniquement l’agriculture terrestre. «Les mêmes principes et valeurs de préservation des ressources naturelles s’appliquent aussi à la mer», souligne Moussa Mbengue. Il précise que ce concept englobe également «la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire et la valorisation des expériences locales».

Ainsi, depuis 2022, plusieurs initiatives ont vu le jour grâce à ce projet. C’est le cas à Joal-Fadiouth où l’association Agir, spécialisée dans la gestion durable de l’environnement, a notamment bénéficié d’un soutien important. «Agir a bénéficié d’une initiative d’ensemencement d’arches dans l’Aire marine protégée de Joal-Fadiouth», détaille Awa Sy, Secrétaire générale de l’association. Cette opération consiste à déplacer des arches, une variété d’huîtres, des zones surchargées vers des vasières plus accessibles pour les femmes récoltantes. «Avant, les arches devenaient rares dans les vasières proches des villages, obligeant les femmes à aller plus loin, ce qui était coûteux et dangereux. Grâce au projet, elles peuvent désormais travailler près de chez elles», se réjouit Awa Sy. A l’en croire, l’initiative a non seulement amélioré les ressources naturelles, mais aussi dynamisé les activités économiques locales. En plus de cet appui, l’Adepa a également soutenu les Comités locaux de pêche artisanale (Clpa) de Potou et Yoff. «Nous leur avons fourni du mobilier, du matériel de bureau et des outils informatiques pour renforcer leur gestion institutionnelle», rappelle Moussa Mbengue. A Thiès, ce sont les femmes mareyeuses et transformatrices de produits halieutiques qui ont bénéficié d’un fonds de crédit revolving pour faciliter l’accès aux financements. Forte de ces succès, l’Adepa prévoit de prolonger ses efforts au-delà de 2025. «Nous envisageons de dérouler un nouveau Plan d’actions triennal 2025-2027, en élargissant nos appuis à d’autres organisations comme les femmes ostréicultrices du Saloum et certaines associations mauritaniennes», a annoncé Moussa Mbengue.

Cet atelier va servir également de base pour ajuster les futures interventions. «Les résultats issus de cette évaluation alimenteront notre prochain plan d’actions», précise M. Mbengue. Satisfait des réalisations, il souligne : «Nous sommes vraiment contents car toutes les activités prévues ont été intégralement réalisées et justifiées dans les règles de l’art.»

Pour l’association Agir, le soutien de l’Adepa et de ses partenaires est un levier essentiel pour l’avenir. «Si nous pouvions obtenir d’autres financements, nous pourrions étendre les opérations d’ensemencement à davantage de vasières, afin d’assurer une exploitation durable continue par les femmes», espère Awa Sy.

En plus de l’ensemencement, Agir mène des recherches pour comprendre les causes de la raréfaction des arches. «Nous pensons que le changement climatique et les activités humaines en sont responsables, mais des études complémentaires sont nécessaires», ajoute-t-elle.
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