Après avoir été placé sous contrôle judiciaire, l’avocat Juan Branco devait quitter le territoire sénégalais depuis hier nuit. Son rapatriement en France devait se faire à bord d’un vol d’Air France, suite a un arrêté d’expulsion pris par le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome. Inculpé et écroué dimanche 6 août au matin à Dakar après avoir été arrêté en Mauritanie, l’avocat Juan Branco est libéré et placé sous contrôle judiciaire hier lundi après une nuit en cellule.
Devenu une cible de la Justice sénégalaise pour son soutien au principal opposant du Président Macky Sall, il est inculpé pour «attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles et actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves» par le juge du 2ème Cabinet d’instruction du Tribunal de grande instance Hors classe de Dakar.
Juan Branco a vu de nouvelles charges, «séjour irrégulier» et «outrage à magistrat», lui être signifiées, rapportent ses avocats parisiens, Mes Robin Binsard, Luc Brossollet et François Gibault.
Militant d’extrême gauche controversé, l’avocat avait aussi décidé de garder le silence et de n’autoriser personne à l’assister, y compris devant le juge d’instruction, qui l’avait inculpé et fait écrouer. Les avocats français de Branco décrivaient son état comme «préoccupant» dans un communiqué. «Il a été extrait de prison ce matin (hier) et présenté au juge qui lui a signifié son placement sous contrôle judiciaire», ont fait savoir ses conseils, Mes Robin Binsard et Yassine Bouzrou, hier lundi. «Il est dans un poste de police en vue d’être conduit à l’aéroport. Il est épuisé mais soulagé d’être remis en liberté», a ajouté Robin Binsard.
C’est en prenant part à la défense de Ousmane Sonko que l’avocat Juan Branco s’est fait un nom au Sénégal. Attirant davantage les projecteurs sur lui, en annonçant une plainte en France et une saisine de la Cour pénale internationale (Cpi) sise à La Haye contre le Président Macky Sall pour «crimes contre l’humanité» en juin dernier, alors que le pays venait de connaître ses pires troubles depuis des années. Juan Branco a fait encore parler de lui après son entrée clandestine sur le territoire sénégalais en prenant part comme invité-surprise à la conférence de presse des avocats de Sonko tenue il y a quelques jours de cela à Dakar.
Me Clédor Ly, un des confrères sénégalais membre du pool d’avocats du leader du parti dissous Pastef, était monté au créneau pour s’offusquer de l’arrestation de Juan Branco sur la base d’un mandat d’arrêt international en dénonçant «un procédé illégal» utilisé pour le ramener sur le territoire sénégalais. Me Ly parle de «kidnapping» dont serait victime l’avocat français sur le territoire mauritanien en le faisant arrêter par des «hommes en cagoule sans aucun signe distinctif et qui l’ont blessé aux poignets».
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn