Les réfugiés et demandeurs d’asile vivant au Sénégal font face à d’énormes difficultés. Ainsi, pour améliorer leur situation, la Raddho, l’Adha, Irri, la Lsdh et Waripnet demandent aux autorités de voter le projet de loi de 2012 abrogeant et remplaçant la loi n° 68-27 du 24 juillet 1968, modifié par celle n° 75-109 du 20 décembre 1975 et portant statut des réfugiés. Mais aussi de régler la situation des réfugiés sénégalais qui sont au nombre de 7 470 en Gambie et 8 500 en Guinée Bissau.

14 mille 725 réfugiés et 3 313 demandeurs d’asile de différentes nationalités ont été enregistrés au Sénégal en 2017, d’après le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr). «Beaucoup de ces réfugiés choisissent le Sénégal en raison de sa stabilité politique», soutient Adama Mbengue, président de l’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha). Toutefois, ajoute-t-il, les demandeurs d’asile et les réfugiés font face à d’énormes difficultés, notamment la procédure d’asile. L’on informe également de l’existence de réfugiés sénégalais dans d’autres pays de la sous-région, comme la Gambie avec 7 470 et la Guinée-Bissau 8 500. «Le Sénégal est parti à la convention de l’Oua de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des refugiés en Afrique. Il a également adopté le décret n° 68-27 du 24 juillet 1968, modifié par la loi n° 75-109 du 20 décembre 1975, portant création de la Commission nationale d’éligibilité au statut des réfugiés, qui est l’organe gouvernemental qui détermine l’asile», rappelle M. Mbengue, en conférence de presse hier. Ainsi, poursuit-il, il y a des problèmes majeurs dans le système d’asile sénégalais auquel il faut trouver une solution, particulièrement concernant la procédure de détermination du statut de réfugié. De sérieuses lacunes procédurales, lit-on dans le document de presse, empêchent ceux qui ont besoin de protection d’en bénéficier. La Commission nationale d’éligibilité (Cne) est extrêmement lente dans le traitement des dossiers, laissant certains demandeurs d’asile attendre près de trois ans avant de recevoir une décision. «Au Sénégal, le taux d’octroi du statut de réfugié est très bas. Les demandeurs d’asile n’ont souvent pas accès à l’aide humanitaire jusqu’à ce qu’ils soient reconnus comme étant réfugiés. De plus, le Sénégal n’a pas prévu de centre d’accueil pour les demandeurs les plus vulnérables», déplore Sadikh Niass, secrétaire général de la Ren­contre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho). A l’en croire, les notifications de rejet des demandes d’asile par la Commission nationale d’éligibilité ne sont pas motivées, comme le stipulent les textes. De surcroît, il se trouve que le système d’asile sénégalais n’a pas prévu une instance de deuxième degré pour faire appel. Ce sont les membres de la commission qui étudient les demandes d’asile en première instance et les recours. Et pendant toute cette période d’attente, le requérant ne bénéficie généralement pas d’une assistance. Il est laissé à lui-même.
En outre, de nombreux réfugiés ont également des difficultés pour obtenir une carte d’identité de refugié et un titre de voyage. Face à tout cela, les 5 organisations, à savoir la Raddho, l’Adha, International refugee rights initiative (Irri), la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (Lsdh) et West african refugee and internally displaced persons network (Waripnet) recommandent à l’Etat du Sénégal d’accorder encore plus d’attention aux réfugiés vivant au Sénégal, en mettant en place des commissions d’accueil, d’assistance et d’orientation sociale autre que la Cne pour les demandeurs d’asile, afin de leur fournir un accompagnement dès leur arrivée dans ce pays, créer des centres ou des foyers d’accueil pour les demandeurs vulnérables, voter le projet de loi de 2012 abrogeant et remplaçant la loi n° 68-27 du 24 juillet 1968, modifié par la loi n° 75-109 du 20 décembre 1975 et portant statut des réfugiés ainsi qu’aider les Sénégalais réfugiés à revenir au pays. Elles demandent également à la Cne de permettre que le requérant d’asile puisse être accompagné par un conseiller juridique et bénéficier d’une assistance psychosociale lors du dépôt du formulaire de la demande d’asile et des auditions… Des recommandations ont aussi été adressées au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) et aux Organisations non gouvernementales (Ong).
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