Sur les 54 268 parrains qu’il a collectés, le candidat Mansour Ndiaye s’est vu signifier par le Conseil constitutionnel que plus de 5000 parrains ne figurent pas dans le fichier électoral. Ce qu’il conteste, après vérification faite par ses informaticiens, qui attestent que ces derniers y figurent bel et bien. Pour lui, c’est une forfaiture qu’ils ne vont pas laisser passer. Ainsi, ils se sont joints aux autres victimes pour signer un mémorandum dénonçant cette pratique qui consiste, pour le pouvoir, à choisir ses propres adversaires.Par Justin GOMIS –

C’est avec le cœur gros que le candidat recalé, Mansour Ndiaye, s’est adressé hier à la presse. Le candidat de la Coalition «Mansour 2024» risque ne pas participer à ces joutes électorales. Son dossier de parrainage a fait l’objet de plusieurs griefs qu’il conteste avec véhémence. «On a vu le Conseil Constitutionnel, lors du tirage au sort. Ce tirage n’a pas permis de rendre crédible aujourd’hui le processus démocratique. Après ce tirage, ce que nous avons vu quand je prends le cas de Dakar, sur 7 mille rejets du fichier électoral, pratiquement toutes les informations qu’ils nous ont renvoyées sont identiques aux informations qui ont été collectées et fournies au Conseil constitutionnel», dit-il. Selon lui, s’il y a 5 mille parrains qui ne figurent pas dans le fichier,  «quels électeurs ont les mêmes informations ?», se demande-t-il, le cœur meurtri par cette situation. Pour Mansour Ndiaye, cela dénote tout simplement que «sur les 7 mille, pratiquement les 5 mille sont sur le fichier électoral même confirmé par le Conseil constitutionnel. Mais que toutes ces personnes ont été considérées comme des gens qui sont en dehors du fichier électoral».  «Une  forfaiture qu’ils n’accepteront pas», a-t-il fait savoir. La raison est simple : «parce que nous, nous connaissons effectivement les gens qui nous ont parrainé. Pour quelqu’un qui a été dans les dynamiques de ce pays, dans des dynamiques associatives, dans des dynamiques financières, à travers la microfinance, à travers plusieurs réseaux, et qui connaît pratiquement les gens qui ont pris leurs parrainages et qui les ont remis. On ne peut pas nous convaincre qu’aujourd’hui, près de 25 mille parrains parmi les 54 mille qu’on a remis, ne sont pas sur le fichier électoral», dit-il. A son avis, on met en danger la clarté et la transparence de notre processus électoral. Une chose qu’on n’attendait pas du régime de Macky Sall. Car «il a été élu pendant des moments extrêmement durs où la démocratie avait suffoqué, du temps de Abdoulaye Wade, celui qui a été élu par 65% des Sénégalais, qui l’ont soutenu, qui l’ont accompagné», rappelle Mansour Ndiaye. Pour lui, c’est une régression démocratique et tout reste sombre. «On ne sait même pas aujourd’hui sur quel fichier les gens ont travaillé. Personne aujourd’hui parmi les candidats ne peut te dire qu’avec l’algorithme de ce logiciel, quels sont les résultats qui peuvent en être sortis. Je pense que c’est énormément d’éléments qui compromettent le processus électoral», se désole M. Ndiaye, qui appelle à la raison ceux qui ont en charge le processus électoral. Toutefois, le candidat à l’élection présidentielle ne compte pas être le mouton du sacrifice. «Nous sommes effectivement dans le cadre d’une trentaine de candidats avec un nombre assez significatif de personnes, de Sénégalais dont nous détenons les données personnelles et qui nous ont parrainé, et qui sont aujourd’hui considérés comme exclus du fichier électoral.

C’est un fait grave et sans précédent que nous dénonçons, et nous allons effectivement nous battre pour que ces gens-là soient réintégrés dans le fichier, pour que cette élection se passe de la façon la plus apaisée possible, pour que cette élection également soit la plus inclusive possible», avertit-il.

Par ailleurs, Mansour Ndiaye a dénoncé aussi le rejet de la candidature de Ousmane Sonko. «C’est une grande forfaiture, la candidature de Ousmane Sonko qui a été rejetée. Pour nous, c’est un Sénégalais qui a le droit de se présenter. Mais nous avons vu tous les subterfuges qui ont été faits sur le plan judiciaire et autres pour l’écarter», dit-il, tout en rappelant les recalés de 2019.
«C’est comme si ça devait confirmer ce qui a été fait par ce régime, et les Sénégalais ne veulent plus que cela se passe comme ça. Je pense que le combat ne fait que commencer. Nous sommes signataires du groupe des trente» candidats ayant déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel, informe-t-il.
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