Daouda Niang, maire de Rufisque, dresse son bilan des 6 ans de l’Acte 3 de la décentralisation.

Quel bilan tirez-vous de la première phase de l’Acte 3 de la décentralisation ?
C’est un bilan prospectif et cela me rassure. On avait des difficultés pour expliquer nos problèmes à l’Etat central. Les gens n’examinent pas souvent les correspondances dans les bureaux. Nous avons assisté à une excellente réunion. Le ministre nous a écoutés pour savoir les préoccupations des populations. Les ministres, les maires, les gouverneurs, les préfets doivent tous rouler pour l’intérêt des populations. Les gens doivent le comprendre ainsi, y compris le président de la République. Je pense que c’est le cas. A Rufisque, nous assistons à l’avancée de la mer et la Sococim fait ce qu’elle veut. Selon vous, qu’est-ce qu’il faut revoir durant la 2ème phase de l’Acte 3 ?
Il faut que les gens lisent bien l’Acte 3 d’abord. J’ai l’impression que certains maires de commune ne l’ont pas fait. Ils utilisent des couleurs politiques pour agir sur des domaines qui ne les concernent pas. Il faut que la loi soit respectée et que les questions politiques ne soient pas privilégiées.
Vous avez déclaré que 300 ha de terres de Rufisque sont détenus par la Ville de Pikine. Comment cela est-il devenu possible ?
Ce qu’on remarque, c’est que certains maires de commune à Rufisque ne jouent pas franc jeu et sont complices avec certains préfets. Ceux qui ont la charge du Cadastre sont de connivence avec des gens malintentionnés. Toutes ces décisions qui ont été prises depuis l’Acte 3 doivent être rejetées parce que le président de la République n’en a validé aucune.
Donc, vous souffrez de votre appartenance au Pds et plus généralement à l’opposition ?
J’assume mon appartenance au Pds. Tout le monde le sait. Mais je souffre parce que certains maires ont torpillé les textes de l’Acte 3. Quand on dit que la mission des maires de commune, c’est de donner des permis de construire, ce ne sont pas eux qui font le découpage. Mais à Rufisque, on voit des maires de commune qui font des morcellements, vendent des terrains, créent des Chambres de commerce… On ne comprend pas. Tu interviens et on te dit : «Tu perds ton temps.» Je perds mon temps, mais je vais le dire là où on doit le dire, c’est-à-dire devant le ministre. Le sabotage ne se passe pas au niveau national, mais au niveau des collectivités, chez les élus, avec la complicité de certains cadres administratifs. Je peux citer Ndiagne Diop, maire de Bambilor, qui quitte sa commune pour venir délibérer à Rufisque. Il donne ça à des patrons. Ce n’est pas honnête.