Point de presse – Attaque du bus, arrestation de Sonko, dissolution du parti Pastef… : Le gouvernement charge «les Patriotes»

L’actualité, dominée par les manifestations suite à l’arrestation du leader du parti Pastef, a été au cœur des échanges lors de la conférence de presse du gouvernement hier. Le ministre du Commerce, porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, a soutenu que les raisons évoquées pour dissoudre le parti Pastef sont fondées. S’agissant de l’attaque du bus ayant coûté la vie à deux personnes, il estime que ce n’est pas exagéré de parler de «terrorisme».Par Dieynaba KANE –
L’attaque du bus sur la route de Yarakh est certainement liée aux manifestations suite à l’arrestation et la mise sous mandat de dépôt du leader du parti Pastef. C’est en tout cas la conviction du gouvernement. Hier, face à la presse, le ministre Abdou Karim Fofana a fait savoir qu’il n’y avait aucune motivation de déposséder des personnes de leurs biens pour des raisons économiques. «Ce qu’on a constaté après le jet de ce cocktail Molotov dans le bus, des téléphones, des sacs ont été pris chez ces personnes, mais ils ont été jetés à quelques mètres du lieu de l’attaque. Aucun vol n’a été commis», a-t-il déclaré. Et M. Fofana d’ajouter : «S’il y avait une intention économique de commettre un vol, on aurait pu parler d’attaque perpétrée, donc on est en présence d’un attentat parce que ce qui a été fait, c’est une attaque issue de manifestations politiques.» Le ministre du Commerce et porte-parole du gouvernement s’est même permis, devant les journalistes, de définir le terrorisme. «C’est quoi le terrorisme ? C’est utiliser des moyens de violence pour atteindre un but politique. A Dakar, sans manifestation politique, vous n’avez jamais vu les gens attaquer un bus avec des cocktails Molotov jusqu’à commettre des meurtres. Quand on parle de terrorisme, ce n’est pas un terme de trop», a-t-il expliqué. Lors de cette rencontre, le ministre a rappelé que cette attaque a fait 7 victimes, c’est-à-dire 5 blessés et deux décès. Pour mettre fin à la polémique sur les blessés et les corps sans vie retrouvés dans le bus, Abdou Karim Fofana renseigne que «les deux corps ne sont pas encore identifiables parce que complètement calcinés». A l’état actuel, si on en croît le ministre, il a été constaté que l’une des victimes est une femme. Le ministre a tenu également à donner les noms des 5 blessés.
Lors de cette conférence de presse, il a été également question de la dissolution du parti Pastef et de l’arrestation de son leader. Concernant le premier élément, Abdou Karim Fofana précise qu’un parti obtient «une autorisation administrative avec des obligations». Ainsi, souligne-t-il, «si vous ne respectez pas ces obligations, l’autorité administrative a le droit de retirer cette autorisation». Sur les raisons évoquées par l’autorité administrative en prenant cette mesure, le ministre estime qu’elles sont avérées. «En l’espèce, vous avez entendu depuis 2021, de l’appel à l’insurrection, une promotion de la violence qui n’a jamais existé au Sénégal. Entre 2021 et 2022, en deux ans, les appels à l’insurrection du parti Pastef ont fait plus de morts que toute l’histoire politique du Sénégal. De 1960 à nos jours, on n’a jamais eu autant de morts, autant de manifestations. L’ex-parti Pastef est le symbole de la division et de la violence, alors que le Sénégal, notre République, est synonyme de tolérance et de paix, nous ne pouvons plus accepter cela», a-t-il expliqué.
Les ministres Aïssata Tall Sall et Abdou Karim Fofana ont aussi répondu à la question de savoir pourquoi avoir attendu ce moment pour poursuivre Ousmane Sonko alors que l’appel à l’insurrection dont il est accusé a commencé depuis plus de deux ans. Selon le porte-parole du gouvernement, «le procureur est le maître des poursuites, c’est à lui d’apprécier le moment de le faire. Après la commission des faits, il a 10 ans pour le faire». La ministre des Affaires étrangères, Me Aïssata Tall, a mis sa robe d’avocate pour défendre le gouvernement sur cette question. «Il lui (Ndlr : procureur) fallait un faisceau d’actes lui permettant de soutenir l’incrimination. C’est pour cela qu’on a attendu. Vous pensez que 2021, c’est parce qu’on avait peur ? On s’est dit peut-être que c’est une incartade, peut-être que ça va se calmer. Détrompez-vous, le gouvernement n’ouvre pas seulement des procédures parce qu’il faut ouvrir, encore moins comme certains le pensent, pour liquider un adversaire politique. Dans toutes les procédures, le gouvernement voit la façon la plus objective et la façon la plus légale de procéder», a-t-elle laissé entendre.
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