Le Comité de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants (Clvf)  milite pour une hygiène numérique afin de préserver les femmes et les jeunes des «contrecoups» d’une mauvaise utilisation de l’outil informatique. «L’hygiène numérique fait allusion à l’utilisation responsable du numérique aujourd’hui. Quand on voit au niveau du numérique, nous avons ce qu’on appelle le clean net et le dark net. Il y a beaucoup de femmes qui rentrent dans le dark net sans pour autant savoir ce qu’il y a dans cette partie de l’internet. Et ce serait bon dans l’hygiène numérique qu’on leur explique qu’est-ce qu’il faut ? Dans quel site par exemple, dans quel endroit naviguer sur le net, mais aussi quels sont les endroits à éviter en termes de navigation ?», déclare Mme Ndèye Fatou Sarr, présidente du Clvf lors de la cérémonie d’ouverture d’un  atelier de formation «sur les violences basées sur le genre dans l’espace numérique» tenu hier aux Résidences Mamoune sur la Vdn.

Victime du net, la gent féminine se retrouve incarcérée après des  publications sur internet. «Aujourd’hui, nous n’avons pas encore de chiffres exacts par rapport aux victimes, parce que la forme de qualification des faits pose problème, ce sont les violences classiques que nous considérons comme violence numérique, et tout récemment, nous avons eu l’information qu’au niveau  de Kaolack, dans les régions où nous intervenons, la plupart des jeunes filles incarcérées ont été victimes du net, c’est-à-dire elles ont partagé des images ou des vidéos obscènes à caractère numérique qui leur a valu aujourd’hui une incarcération, mais je le dis, c’est un manque d’information et il  faudrait mettre l’accent sur la sensibilisation», mentionne la présidente du Clvf. «Lors des dernières études que nous avons eues sur la fourniture de connectivité ici au Sénégal, nous nous sommes rendu compte que si vous prenez 100  Sénégalais, pratiquement les 80% sont connectés à internet. Et parmi ces 80%, nous avons 70%  de femmes qui sont connectés et des jeunes filles, d’où l’importance de travailler sur cette cible qui est la plus touchée en matière de violence basée sur le genre dans l’espace numérique. Si nous avons des cas qui nous viennent de la frange de cette population en termes d’utilisation du numérique, c’est parce qu’il y a un manque d’information, un manque de sensibilisation, mais également un manque de formation sur l’utilisation de l’outil du numérique», note-t-elle. «C’est la raison pour laquelle le Comité de  lutte a opté pour renforcer les capacités de ses membres», note-t-elle, tout en continuant «le travail en termes de sensibilisation et de formation pour les jeunes et pour les femmes qui sont dans les autres régions du Sénégal où nous avons des antennes régionales». «Nous allons travailler sur l’utilisation des plateformes existantes», ajoute Mme Sarr. Par exemple, le Clvf peut avoir sa plateforme professionnelle personnelle de dénonciation ou bien de signalement «d’abus sexuels», tout en souhaitant l’implication de toutes les autres organisations pour arriver à rendre «nette» l’utilisation que les femmes et les jeunes font du numérique.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn