Pour une autosuffisance alimentaire en Afrique : Des jeunes misent sur l’agro-écologie

Par Justin GOMIS –
Pour une autosuffisance alimentaire en Afrique, un mouvement africain a été porté sur les fonts baptismaux. Il s’appelle «Vijana Ndani ya kilimo ikolojia» qui veut dire en swahili «les jeunes à l’intérieur de l’agro-écologie». Cette structure composée pour le moment de huit pays, à savoir le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Niger, la Tanzanie, le Mali et la Gambie, est l’initiative conjointe de jeunes engagés pour l’environnement et l’agro-écologie en Afrique de l’Ouest et dans le Bassin du Congo. Son objectif est de nourrir l’Afrique à travers l’agro-écologie par les jeunes Africains et pour les jeunes Africains, de porter une vision panafricaine de souveraineté alimentaire pilotée par les jeunes, créer un espace de réflexion, de plaidoyer et d’initiatives pour les jeunes impliqués dans l’agro-écologie, de structurer un mouvement autonome, solidaire et interrégional, porté par une gouvernance horizontale et partagée.
Ce rassemblement de jeunes Africains , composés aussi de paysans, d’activistes panafricanistes, de militants de la Société civile, vise ainsi à amplifier la voix des jeunes Africains par laquelle ils pourront exprimer leurs besoins en agro-écologie. «C’est une machine qui vient d’être lancée et qui cherche à nourrir l’Afrique à travers l’agro-écologie», a déclaré Djibril Niang, Directeur exécutif de l’organisation Jve Sénégal.
D’après M. Niang, «ce mouvement cherche aussi à dire aux Occidentaux que l’Afrique n’est pas une poubelle pour tous leurs produits chimiques qu’ils ont interdits dans leurs pays. Aujourd’hui, on a constaté que tous les produits chimiques qui sont interdits dans leurs pays se retrouvent en Afrique. L’Afrique n’est pas la poubelle du monde en matière de produits chimiques agricoles. Il faut que cela s’arrête».
Et pour ce faire, le président de Jve pense qu’il faut qu’il y ait des gens qui vont porter le combat et «dire aux Etats que ça doit s’arrêter et que nous devons changer de paradigme». Car ils ont remarqué qu’en Afrique, l’agro-écologie est portée par la jeunesse. «On s’est dit qu’il faut créer un mouvement avec des jeunes pour qu’ils puissent accompagner d’autres jeunes à faire émerger l’agro-écologie paysanne. Nous pensons que c’est seulement en passant par ces voies là qu’on peut non seulement travailler sur les prochaines générations, mais qu’on peut aussi changer la donne. Il ne faut pas attendre d’être adulte pour comprendre que ce que nous consommons est mauvais. C’est en étant jeune qu’on peut déjà commencer à sensibiliser les parents, les communautés que ce qu’on nous donne à manger n’est pas bon», a-t-il expliqué.
«Ce mouvement compte ainsi aller au-delà des pratiques agro-écologiques en surface pour mettre l’accent sur la connaissance des politiques agricoles qui régissent les accords de libre-échange et toutes les autres menaces sur l’agriculture et les changements climatiques.»
Mais l’atteinte de ces objectifs passe par certains défis majeurs à relever. «D’abord, le défi de la mobilisation, car pour le moment, il n’y a que huit pays qui ont été mobilisés parmi les 54 pays que compte l’Afrique. Il va falloir continuer à mobiliser d’autres pays pour qu’ils puissent nous rejoindre», a dit Djibril Niang, Directeur exécutif de l’organisation Jve. L’autre défi que le mouvement voudrait relever c’est de pouvoir influencer les politiques gouvernementales. On ne va pas seulement se limiter à porter le plaidoyer. Pour lui, il est temps de prouver au monde et aux scientifiques que l’agro-écologie paysanne peut nourrir le monde.
Et pour mieux aider ces paysans, le mouvement compte influencer les politiques en faisant un plaidoyer auprès des autorités, encourager la pratique en mobilisant des ressources pour accompagner ceux qui sont dans la pratique en leur trouvant des financements pour faire évoluer leurs fermes, en leur trouvant le matériel et en les formant sur comment produire de l’engrais, et en les aidant à maîtriser les pratiques. «On ne peut pas prouver que l’agro-écologie peut nourrir le monde en étant dans les salles. Il faut aller aider ces gens», a soutenu l’agro-écologiste, qui a tenu a préciser que cette aide concerne toute la chaîne de valeurs qui va du plaidoyer à la vente, en passant par la semence et la production, sans oublier de gratifier de conseils les producteurs et les populations par rapport aux bienfaits que peut procurer l’agro-écologie.
justin@lequotidien.sn