Attrait à la barre pour escroquerie, faux et usage  de faux et abus de confiance portant sur plus de 800 mil­lions, le directeur de Massay International risque 4 ans de prison. Il sera fixé sur son sort le 20 avril prochain.

L’ancien directeur de la Société africaine de raffinage (Sar) a lavé hier à «Seck» son honneur devant le Tribunal correctionnel. Accusé il y a de cela plus de 5 ans d’avoir détourné plusieurs centaines de millions de la Sar, Jean Michel Seck n’a pas hésité à traduire son ami d’enfance devant le Tribunal pour tirer au clair cette affaire. Chérif Amadou Sène, en sa qualité de directeur général de la compagnie d’assurance Massay International, comparaissait ainsi pour faux et usage de faux dans un document administratif et escroquerie portant sur la somme de 463 millions de francs. Il répondait aussi du délit d’abus de confiance que lui reproche la Sar portant sur la somme de 430 millions de francs.
Les faits remontent en 2008. L’ancien directeur de la Sar a quitté ladite société le 6 février 2008. Et selon ses déclarations, il a fait la passation de service le 8 février de la même année. Dès le lendemain, il a pris un vol pour la France où il a rejoint Total Paris. Mais à sa grande surprise le 11 février, il a été informé par ses nouveaux patrons que deux chèques ont été établis à son nom propre et ont été encaissés. Mais, il se trouve qu’il n’a jamais endossé lesdits chèques. Saisissant la Sar, une enquête a été ainsi menée et il a été établi que les chèques en question ont été endossés par Chérif Sène. Sous la direction de son remplaçant Carmélo Sagna, l’enquête confiée à la Division des investigations criminelles, a permis d’entendre le mis en cause. En livrant sa version des faits, il a déclaré que c’est Jean Michel Seck qui lui a donné ce pouvoir. Cependant, il a tenu à préciser aux enquêteurs qu’il a reversé lesdits montants au plaignant.
Devant la barre du Tribunal, le prévenu a réitéré ses déclarations en précisant avoir versé lesdits montants au sieur Jean Michel Seck en espèces. Et c’est compte tenu des relations très étroites qui les lient qu’il n’a pas jugé utile de lui réclamer des décharges, fait-il remarquer. Il a aussi précisé que les chèques sont libellés au nom de la partie civile. Le prévenu informe, en outre, que Jean Michel Seck ne voulait pas qu’il verse l’argent dans le compte commun qu’il partage avec son épouse. C’est pourquoi, il lui a versé les sommes en espèces. Il dit avoir reçu le chèque de 234 millions le 7 février 2008. Et dès l’après-midi de ce même jour, il a appelé M. Seck pour l’informer que le chèque est à disposition. A l’en croire, les 3 chèques ont été signés : «veuillez payer à la compagnie d’assurance Massay International». Chérif Amadou Sène ajoute n’avoir causé aucun préjudice à son ami d’enfance.
En tout cas ce n’est pas l’avis de Jean Michel Seck qui a toujours nié avoir encaissé les chèques. L’ancien directeur de la Sar qui prétend que sa signature a été même imitée dit n’avoir pas rencontré ne serait-ce qu’une fois le directeur général de Massay Assurance avant son départ pour la France. Et pour aider à faire la lumière autour de cette nébuleuse, il a même versé au dossier leurs échanges mails afin d’attester qu’il n’en est rien. Sur ce point précis, M Sène dit que le plaignant lui dictait les messages.
En tout état de cause, la plainte de l’ancien directeur de la Sar, n’était que la face visible de l’iceberg. Car les éléments de l’enquête ont révélé des surfacturations sur la police des biens, des personnes et les non versements des primes des travailleurs. Le pot aux roses a été découvert après la mort d’un employé de la boite. La Sar s’est rapprochée de la compagnie d’assurance Massay pour l’indemnisation de ce dernier. Mais la société lui a fait savoir qu’elle n’était pas à jour. Et pourtant, elle a signé un contrat d’accord avec la compagnie et a versé la somme de 800 millions d’indemnités. Suite à l’enquête menée, elle a demandé au prévenu d’apporter des précisions. Il n’a pas été en mesure de se justifier. Mis en demeure sur un préjudice estimé à 430 millions de francs, il a été poursuivi pour abus de confiance.

Plus d’un milliard réclamé au Dg de Massay International
Selon Me Alassane Cissé, Massay n’était qu’une figure avancée, mais en réalité Chérif Sène était la seule personne à agir. Et c’est après des soupçons sur cette compagnie que des audits ont été ordonnés et ont permis de découvrir des malversations portant sur 230 millions. Même la banque Ecobank a dit que le chèque de 170 millions n’a jamais été présenté dans leurs livres. Ce qui amène l’avocat à dire qu’il a usé de subterfuges pour dilapider cet argent. Estimant qu’il a abusé de la confiance de Jean Michel et de la Sar, il a réclamé en sus du préjudice la somme de 500 millions de francs. D’après Me Borso Pouye, conseil de la Sar, le chèque de Jean Michel  Seck est mentionné non endossable sauf au profit d’une banque. Mais, c’est le même modus operandi qu’il a adopté relativement aux indemnités des travailleurs de la Sar, a-t-elle noté. En plus du préjudice qu’a subi sa cliente, elle a réclamé 400 millions de dommages. Le Parquet, qui est convaincu de sa culpabilité, a requis 2 ans pour l’abus de confiance, 3 ans pour l’escroquerie et 4 ans pour le faux. En demandant la confusion des peines, il a sollicité à son encontre qu’un mandat de dépôt lui soit décerné.
Selon la défense, il n’a pas été fait état d’un chèque au nom de Chérif Séne qui n’est que le directeur de Massay. Me Diallo pense que c’est la société qui devait plutôt être poursuivie, car aucun chèque n’a été émis au nom de son client. Toutefois, il a sollicité une application bienveillante de la loi. Le Tribunal se prononcera le 20 avril.
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