«Gouverner, c’est faire croire.» Jamais cette pensée s’élaborant en principe énoncé par Machiavel n’a connu autant d’émules actuellement plus qu’en aucun autre temps. Et pour cause !… Il convient ici de mesurer les rapports communication et pouvoir ; et il ressort de manière assez claire que l’examen de ces rapports dévoile que la communication politique fait face de nos jours à une désillusion généralisée. En effet, les discours de nos hommes politiques, bien qu’ils se veuillent sincères parfois, sont de nos jours reçus avec de plus en plus de scepticisme. Et les récentes et multiples «affaires» qui ont frappé le pouvoir du Prince ont finalement contribué à l’alerte sonnant «l’ère du soupçon» et de la suspicion.
Les cafouillages notés dans la communication politique de ces derniers temps, avec le traitement du dossier sensible de Karim Wade qui a vu deux ministres se démentir sans ménagement (le ministère de la Justice et celui des Affaires étrangères), concédant ainsi l’intrusion du dédit dans la sphère communicationnelle du pouvoir, moins de 6 mois après l’autre grand cafouillage noté dans l’affaire Pétro-Tim incriminant le frère du Prince et qui a accusé un déraillement au niveau de la communication du Palais, révèlent les limites d’un langage qui peine à respecter le principe démocratique à travers une considération sincère pour ses interlocuteurs, en l’occurrence le Peuple.
Et si, à cela s’ajoutent les supputations faisant état d’un désir du Prince de se maintenir au pouvoir par un 3ème mandat (éventualité à laquelle le Prince lui-même n’apporte aucun démenti), il est fort à craindre que la mécanique du pouvoir communicationnel princier ne comporte en elle-même les germes de sa propre destruction, surtout si l’on interprète le silence du Prince comme une caution de ce qu’il ne saurait nommer sans encourir le blâme populaire. Car, le silence, dans l’instance de la communication, peut être beaucoup plus expressif que les discours qui dévoilent directement les intentions. En effet, il vaut accord ou acquiescement, selon le principe qui stipule : «Qui ne dit rien consent.» Et le Prince ne doit pas perdre de vue le pouvoir de ce mécanisme non verbal, pourtant producteur de sens, «matière signifiante par excellence», et surtout le traitement (médiatique notamment) qui peut en être fait, ainsi qu’aux conséquences qui peuvent en découler, si l’on se réfère à la «loi psychologique de l’unité mentale des foules» (que diffusent si bien les réseaux sociaux), et qui peuvent constituer une menace certaine pour le pouvoir.