Au-delà de nous inscrire tous dans la logique de cet adage bien de chez nous : «Yalla Yalla bay sa tool», pour nous accomplir, nous sommes devenus ce que nous sommes aujourd’hui par la grâce de Dieu. Si Macky Sall est devenu président de la Répu­blique, c’est par la grâce de Dieu ; et seul Dieu peut y mettre fin de la manière et au moment qu’il Lui plaira. Cette grâce définie comme étant la manifestation imméritée de l’amour de Dieu envers nous autres, pécheurs, recommande de nous tous : humilité, amour de son prochain, don de soi et respect de son prochain. Aussi, s’il est inscrit dans l’agenda du Tout Puissant que Idrissa Seck deviendra président de la République du Sénégal en 2019, il le deviendra contre vents et marées. A défaut de pouvoir prouver le contraire, sachons raison garder et arrêtons les insultes, les invectives et les menaces à l’endroit de cet homme, Idrissa Seck qui, quoiqu’on dise, a été un acteur déterminant dans la réalisation de la première alternance, au prix de sa vie et d’énormes sacrifices de sa vie de famille.
L’avènement de Me Abdou­laye Wade en l’an 2000 porte l’empreinte de Idrissa Seck, avec son fameux concept : «la marche bleue» qui nous a valu des avancées assez significatives, et a permis la réalisation de la seconde alternance de la manière la plus démocratique et paisible possible avec le sacre de Macky Sall qui, quoiqu’en disent ses partisans (après coup), était le moins attendu. Cette élection à la tête du pays, Macky Sall dont on ne connait aucune dose de bellicosité dans sa nature, la doit au contexte pacifié obtenu subséquemment à la première alternance caractérisée par une vague de violence et d’emprisonnements d’opposants parmi lesquels, un certain Idrissa Seck. Les faits sont têtus ; ils sont vivaces dans notre mémoire, nous qui courrions derrière ce couple Maître Wade-Idrissa, sillonnant les rues de la banlieue et bravant les rayons ardents du soleil de Ndakarou pour assister aux meetings de «Gibraltar Centenaire» aux rythmes de : «Kou amoul ligey yeukeutil sa lokho.» Nous gardons également toujours vivaces dans notre esprit les propos de Amath Dansokho qui disait : «ce garçon est talentueux», au sortir de l’Assemblée nationale à l’occasion de la déclaration de politique générale de Idrissa Seck, alors troisième Premier ministre sous l’ère Wade.
En plus, de mémoire d’observateur de la scène politique, nous n’avons jamais entendu aucun des ténors de la scène politique de l’époque, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Landing Savané, etc. porter des critiques sur la personne de Idrissa Seck. La seule critique essuyée par Idrissa Seck est venue de Abdoulaye Bathily, une autre icône de la scène politique sénégalaise. La méconnaissance de l’homme et de l’histoire politique du pays ne saurait être une excuse pour ceux-là (de la génération d’après 80) qui ne ratent aucune occasion pour l’insulter, l’invectiver et le dénigrer. La biographie de M. Seck n’est pas encore rédigée mais nous avons les uns et les autres été témoins de son parcours dont quelques étapes sont retracées dans le site sansslimitessn.com :
«Idrissa Seck a tout juste 14 ans quand il adhère au Parti démocratique sénégalais (Pds) de Abdoulaye Wade. Quinze ans plus tard, alors qu’il est âgé de seulement 29 ans, il devient le directeur de campagne du candidat Wade en 1988. Idy se révèle alors au grand public à travers une intervention radio-télévisée en faisant forte impression.» Ce témoignage en dit long sur la valeur et l’engagement de l’homme, au prix de sa vie, à bas âge, pour le triomphe des idéaux de démocratie dans notre pays dans un contexte très violent marqué par la mort de plusieurs dizaines de Sénégalais parmi lesquels des éléments de la sécurité publique, (évènement du 16 février 1994). Ces moments in­tenses de la vie politique au Sénégal, aucun de ses détracteurs d’aujourd’hui, ne les a connus et pourtant ils en jouissent. Ce privilège, ils le doivent à Idrissa et à tant d’autres dont les “soixante-huitards” en premier et les icônes précitées. Nous avons toujours en souvenance ces moments difficiles où tous les jeunes de ce pays derrière le couple Wade-Idrissa Seck, porteur de tout leur espoir, dans le sillage de la «marche bleue» sillonnaient le pays, bravant les interdits d’un régime socialiste aux abois parce que hanté par les lendemains incertains d’une fin de règne.
Dans une de nos contributions parue dans le journal Le Témoin  du Vendredi 19 août 2016, intitulée : «Protocole de Rebeuss : le débat économique et l’indépendance de la justice en question», nous magnifions le coup de semonce du chef de l’Etat pour estomper les supputations sur une éventuelle réouverture judiciaire du dossier car la jugeant sans intérêt pour le pays. En effet, à l’occasion d’une de ses tournées économiques dans la banlieue, le Président mettait fin au débat sur le «Protocole de Rebeuss» qu’il jugeait «sans intérêt », eu égard aux nombreux défis auxquels notre pays est confronté.
Nous magnifions cette réaction du Président parce que convaincus que le pays avait tout à perdre d’un procès dont la tournure serait plus politique que judiciaire. Malheureusement, force est de constater qu’il existe un décalage terrible entre le Président et ses partisans. Nous demeurons convaincus qu’au-delà de l’adversité politique, rien n’oppose le Président Macky Sall à Idrissa Seck avec qui il a partagé les durs moments d’une vie politique pour l’amour du Sénégal.
Au moment où l’alternance s’est produite, c’est presque un ticket présidentiel qui arrive au pouvoir, tellement la complicité entre Wade et Idrissa était grande et leur proximité telle que personne ne pouvait imaginer cette séparation douloureuse. En bons croyants, mettons cet épisode dans le registre des vicissitudes de la vie. Considérons-le comme une parenthèse douloureuse dont la victime principale, Idris­sa Seck, a su prendre de la hauteur comme en témoignent ses sorties récentes pour pardonner et demander humblement pardon.
Au-delà des valeurs de respect d’autrui et de tolérance qui constituent le socle de notre République et conditionnent notre bon vivre ensemble, nous invitons tous les détracteurs de Idrissa Seck à méditer en bons croyants, la citation de l’éminente romancière britan­ni­que Charlotte Brontë : «La vie me pa­rait trop courte pour que nous la passions à entretenir notre animosité ou à enregistrer nos griefs.»
A Idrissa, dans cette quête du pouvoir qui est son droit le plus absolu, inspiré à coup sûr par le Bon Dieu, nous demandons de porter en bandoulière cette citation toujours de Charlotte Brontë : «Si le monde entier vous haïssait et vous croyait coupable mais que votre conscience vous approuvât et que votre cœur vous parut pur de toute faute alors, vous ne seriez pas seul.»
Briguer le fauteuil présidentiel ne peut être un tort encore moins un délit pour qu’à chacune de ses sorties, Idrissa fasse l’objet de dénigrement, de calomnie et d’insulte. Cette posture dessert plus le Président Macky qu’elle ne le sert. Par respect, à cette minorité de Sénégalais qui se reconnait en lui, arrêtons de le diaboliser et de l’injurier. C’est ça la démocratie. Le Peuple sera le seul à décider du prochain Président avec la bénédiction de Dieu.
Dans ce contexte chargé, fait de calomnies et d’insultes qui n’honorent pas nos hommes politiques, nous avons mal pour cette jeunesse perdue, laissée à elle-même et qu’il nous incombe à nous tous parents et Etat, la tâche de leur transmettre les valeurs que nous ont léguées nos ascendants. Ces valeurs qui, malheureusement, sont en train d’être troquées contre des intérêts bassement matériels par certains de nos hommes politiques, dont ce qu’il en reste de «soixante-huitards» pas tous heureusement ou quelques-uns de cette génération qui, consciemment ou inconsciemment, font le tour des plateaux des télévisions pour s’ériger en défenseurs du diable, avec comme argumentaires l’injure et la calomnie. En tout cas, si c’est pour défendre le Président (ils en ont le droit) ce n’est pas de la meilleure des manières, car ils agacent et fatiguent un Peuple qui a faim et n’attend du Prési­dent que du pain et de certains des opposants qu’ils portent leur parole.
Personne ne peut nier que Idrissa a commis des erreurs qui lui ont porté préjudice dans son parcours, mais est-ce une raison de le “brûler” ? Non ! Il est après tout du pays et quel que soit le regard qu’on porte sur lui, personne ne peut nier son talent, son intelligence, sa rigueur et sa stature d’homme d’Etat. Des erreurs, qui n’en commet pas ? Après tout, nous ne sommes pas des saints.
En tant que témoin de ces années de braises politiques et du rôle joué par chacun des acteurs précités, nous ne pouvons-nous empêcher de faire ce rappel historique et d’inviter toute la classe politique à faire preuve de retenue. Civilisons le débat pour traduire comme il se doit notre image de Peuple respectueux et foncièrement attaché à la grandeur humaine. «Yalla nopi na dem tay sogua ndieuw.» En d’autres termes, les dés sont jetés depuis belle lurette.

Mamadou FAYE Grand Yoff