Khalifa Sall, Karim Wade, Macky Sall et Idrissa Seck semblent être les candidats les plus susceptibles de remplir les conditions du parrainage. Une situation qui relance la volonté de Me Wade d’installer la famille libérale au pouvoir pour 50 ans. Par Malick GAYE –

A 8 mois de la Présidentielle de 2024, le voile d’incertitudes qui enveloppait la participation de certains leaders politiques commence à se dissiper. Du moins, les conditions de participation résultant du dialogue politique commencent à dresser le profil des potentiels candidats. Qui est en mesure de mobiliser, parmi les personnes qui ont déjà déclaré leur candidature, la signature de 13 parlementaires et 120 maires et conseillers départementaux ?
Le parrainage sélectionne les candidats Naturellement, Macky Sall, qui a la majorité parlementaire et qui tient la plupart des grandes villes, n’est point concerné. Ce qui n’est pas le cas de Idrissa Seck. Le leader de Rewmi, qui plus est «chef de l’opposition», est sorti affaibli des deux dernières élections. Ayant perdu sa base historique aux élections municipales et départementales, Idy n’a pu que constater la percée de Yewwi askan wi lors des Législatives à Thiès. S’il ne doit compter que sur son parti, Idy ne pourra pas être candidat, car il ne passera pas l’étape du parrainage. En effet, il n’a qu’un seul député. Son refus d’aller au clash après sa sortie de la Coalition Benno bokk yaakaar prend désormais tout son sens. Au nom de la bonne entente avec Macky Sall, Idrissa pourrait se tourner vers la mouvance présidentielle pour se faire parrainer.
S’il est presque évident que Idy va emprunter ce chemin, Khalifa Sall, lui, est dans une situation moins aisée. En effet, Taxawu Senegaal, qui contrôle la capitale, a placé 13 personnes parmi les 56 députés de la Coalition Yewwi askan wi. Khalifa ne devrait pas avoir de problème à mobiliser la signature des parlementaires ; par contre a-t-il 120 maires et conseillers départementaux ? Ce qui ne devrait pas être un obstacle pour l’ancien maire de Dakar, au regard de sa relation avec le Pur. Ce qui peut placer le parti de Serigne Moustapha Sy dans une position de faiseur de roi. En effet, le Pur, ne disposant que de 11 députés, devra nouer une alliance avec soit le parti Pastef, avec qui il partage le F24, soit le Pds, avec lequel la mésentente s’est accentuée par la participation au dialogue du parti de Wade. Le Pur va-t-il se présenter ou se ranger derrière Khalifa Sall ? En tout cas, Serigne Moustapha Sy et Khalifa Sall entretiennent de bons rapports. Des calculs que Karim Wade n’est pas obligé d’effectuer. En effet, avec la coalition Wallu, le Pds peut se reposer sur une base de 26 députés. Les 120 maires et conseillers départementaux ne devraient pas poser de problème pour le fils de Wade.

De même, parmi les personnes qui ont déclaré leur candidature et qui remplissent les conditions du parrainage, Ousmane Sonko figure en bonne place. Ayant plus de 25 députés, le parti Pastef peut facilement mobiliser 120 maires et conseillers départementaux. Par contre, il a un problème d’ordre judiciaire. En effet, les articles L29 et L30 l’écartent d’office de la course. Et même la modification annoncée des dispositions du Code électoral ne peut lui garantir une participation. En effet, lors du dialogue politique, il a été dit que cette modification ne va concerner que ceux qui auront déjà purgé leur peine.

Les grands perdants de 2024
Faut-il le préciser, Abdourahmane Diouf, Bougane Guèye Dany, Déthié Fall, etc., se retrouvent devant le fait accompli. Comment satisfaire le parrainage alors qu’ils n’ont pas de députés ? Cette liste va naturellement intégrer Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, qui sont pourtant des élus du Peuple.

Les Libéraux bien partis pour réaliser le rêve de Wade
Au regard des conditions de parrainage, Abdoulaye Wade peut voir grand. Le Pape du Sopi, qui nourrit l’ambition d’installer la famille libérale au pouvoir pendant au moins 50 ans, a déjà fait la moitié du chemin. Depuis 2000, sa famille politique est au pouvoir. 24 ans plus tard, Abdoulaye Wade a 75% de chance d’ajouter au moins 5 ans aux 24 ans de pouvoir. En effet, des 4 personnes qui remplissent les conditions du parrainage, première étape à la participation de la Présidentielle de 2024, 3 sont de sa famille politique. Il s’agit de Macky Sall, Karim Wade et Idrissa Seck.

Si Khalifa Sall se présente, il ne devrait pas avoir de problème à réunir, du moins dans le discours, la famille de Gauche. Un duel entre Libéraux et Socialistes peut offrir au Sénégal une campagne idéologique en 2024.
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