Présidentielle – Programme foncier des candidats : Le Crafs contre une immatriculation des terres du domaine national

Au cours d’un atelier de sensibilisation des élus et acteurs locaux de Vélingara sur la gouvernance des ressources naturelles, un participant, membre du Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal (Crafs), a invité les candidats à la Présidentielle à renoncer à l’immatriculation généralisée des terres du domaine national. Il a également encouragé une adhésion massive à la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTaes).Par Abdoulaye KAMARA –
Parmi les 19 candidats au poste de futur président de la République du Sénégal, certains ont mis dans leur programme de gouvernance, et en bonne place, l’immatriculation des terres du domaine national. Une ambition de futurs présidentiables qui apeure et préoccupe Ardo Sow, agent à Enda Pronat et membre du Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal (Crafs). A ces candidats, M. Sow a répondu sèchement : «Nous rejetons toute idée d’immatriculation généralisée des terres du domaine national. Cela équivaudrait à privatiser ces terres, à favoriser la marchandisation des terres qui appartiennent aux agriculteurs et éleveurs. Sinon, dans quelques années, ces terres reviendront aux riches et aux banques privées, au détriment des vrais usagers de la terre qui est, pour eux, un outil de vie, de survie.» M. Sow a fait cette mise au point au cours d’un atelier de sensibilisation des élus et acteurs locaux de Vélingara sur la gouvernance et la gestion des ressources naturelles, tenu mercredi et jeudi passés. Tout au plus, M. Sow propose «une immatriculation au cas par cas», et non de les enregistrer toutes pour le compte du domaine privé de l’Etat.
Dans un contexte de ruée vers ces terres, ce membre de la Société civile préconise, entre autres propositions, «la promotion d’un partenariat gagnant-gagnant entre privés et communautés locales, la reconnaissance des droits fonciers des communautés, la sécurisation de la vocation des espaces communs et des zones de production agricole, le renforcement de la participation citoyenne et de la prévention des conflits».
Cet atelier, qui a été piloté par Agronomes et vétérinaires sans frontières, a eu comme autre activité, la mise en place de la Dynamique pour une transition agroécologique locale (Dytael) dans le département de Vélingara. Pour ce faire, Younoussa Barry, expert-environnement au projet Thiellal, a fait le point sur les activités du comité de pilotage pour la mise en place de la Dytael à Vélingara, au lendemain du passage de la caravane nationale, en 2021, de cette structure qui cherche à promouvoir l’agroécologie pour une résilience agricole, environnementale et socio-économique des exploitations agricoles familiales. Dans le processus de mise en place de la Dytael-Vélingara, les participants ont écouté une communication sur les expériences et activités de terrain de sa sœur de Tambacounda.
Le processus de création de la Dytael-Vélingara est lancé. Il a d’ailleurs atteint une certaine vitesse et d’autres organisations se sont ajoutées au noyau dur concocté il y a bientôt 3 ans.
akamara@lequotidien.sn