Le Sénégal devrait bénéficier d’un nouveau décaissement du Fonds monétaire international (Fmi). En effet, le ministère des Finances et du budget a signé un accord de principe avec l’institution de Bretton Woods, à l’issue duquel l’Etat sénégalais aura accès à un prêt de 166 milliards de francs Cfa. Par Ousmane SOW –
Le Fonds monétaire international (Fmi) a conclu un accord de principe avec le ministère des Finances et du budget du Sénégal, à l’issue duquel l’Etat aura accès à un prêt de 166 milliards de francs Cfa.
Selon le chef de mission du Fmi pour le Sénégal, Edward Gemayel, et le ministre des Finances et du budget, Mamadou Moustapha Bâ, cet accord de principe doit être soumis à l’approbation de la Direction du Fmi, avant d’être examiné par le Conseil d’administration du Fonds qui doit se tenir le 14 décembre prochain. «A l’issue de l’examen par le Conseil d’administration, le Sénégal aura accès à 126 milliards de francs Cfa au niveau de la première facilité soutenue par le Mécanisme élargi de crédit (Mec) et un autre montant de près de 40 milliards de francs Cfa au niveau de la seconde facilité pour la résilience et la durabilité», a déclaré M. Gemayel, qui dirigeait la dernière revue de l’institution de Bretton Woods sous le régime de Macky Sall.
Passant en revue l’économie du pays, le chef de mission du département Afrique du Fmi assure que le taux de croissance du Sénégal reste bon, comparé à la moyenne dans la sous-région. «Si nous comparons la croissance du Sénégal à celle de l’Afrique subsaharienne cette année, le Sénégal est à 4, 1%, alors que la moyenne pour l’Afrique subsaharienne est de 3, 3% de croissance. L’année prochaine, le Sénégal sera à 8, 3%, alors que celle de l’Afrique subsaharienne est projetée à 4%. Tout ça pour dire que la croissance au Sénégal est toujours bonne, mais n’a pas atteint le taux d’avant la pandémie et les différentes crises», a soutenu Edward Gemayel.
Concernant la politique budgétaire, il a déclaré aussi que le gouvernement du Sénégal est toujours engagé à graduellement baisser le déficit du budget qui était de 6, 6% du Pib en 2022, pour atteindre 3% en 2025. Pour le fonctionnaire du Fmi, l’objectif du gouvernement pour 2024 est d’atteindre un déficit budgétaire de 3, 9%. Et l’idée, dit-il, c’est pour aboutir à un déficit de 3% du Pib d’ici 2025.
Dans son discours, il a rappelé que le monde a connu des chocs auxquels personne ne s’attendait, comme le Covid-19, la crise russo-ukrainienne, les tensions socio-politiques internes et plus récemment encore, la situation au Moyen-Orient, mais aussi les conditions sécuritaire de la sous-région. «Tout cela nous a amenés à réviser le taux de croissance 2023 de 5, 3% à 4, 1% pour l’année. L’inflation, on l’a aussi révisée vers la hausse de 3, 1% à 6, 5%», a-t-il ajouté, tout en précisant que les critères de performance du programme ont été globalement atteints.
Revenant sur les perspectives de la dette, M. Gemayel a indiqué que la dette du Sénégal est toujours soutenable et elle va atteindre à la fin de l’année 2023, pour le gouvernement central, 72, 2% du Pib. «Et si on exclut ce sous-financement, elle sera à peu près de 69, 2% du Pib. Par contre, l’année prochaine, cette dette va baisser à 65.6% du Pib. Et donc, elle va avoir une tendance baissière», a affirmé Edward Gemayel. Il félicite le gouvernement du Sénégal pour le budget vert dans le contexte de la lutte contre le changement climatique.
Cet accord de principe avec le Fmi semble important aux yeux du ministre des Finances, Mamadou Moustapha Bâ. L’argentier de l’Etat rappelle qu’après l’adoption du programme en juin 2023, le Sénégal a eu à bénéficier d’un premier tirage sur les ressources dédiées à cet effet, d’un montant de 133 milliards, selon le taux de change du dollar. A la suite de ces précisions, il indique que cet accord de principe avec le Fmi sur le projet de loi de finances 2024 a été déposé à l’Assemblée nationale et sera examiné à compter de jeudi prochain. «C’est une loi de finances de l’ordre de 7003, 5 milliards de francs Cfa prévus pour 2024, avec un déficit budgétaire de l’ordre de 3, 9%. Et ce projet de loi de finances répond aux contours du programme que nous avons conclu avec le Fmi», conclut-il.