Pour mieux outiller les agents de la police judiciaire sur la prévention et la prise en charge des violences basées sur le genre, la direction générale de la Police nationale et Onu-femmes ont organisé hier un séminaire sur la question pour permettre aux Opj de mieux prendre en charge cette question.

Par Mamadou SAKINE

Au Sénégal, le combat contre les violences basées sur le genre n’est pas encore gagné. Jusqu’ici, il n’y a pas de statistiques sur la prévalence au niveau national, mais tous les jours, la presse fait état de plusieurs cas à travers le pays. Ces auteurs de violences physiques ou morales ne sont pas toujours traduits devant la justice. La majorité des victimes, à la place d’une dénonciation, préfère un règlement à l’amiable même s’il s’agit d’une affaire de viol. Alors, pour mieux gérer les cas qui atterrissent dans les commissariats, la hiérarchie de la police a misé sur la formation de ses hommes. C’est ainsi qu’hier, un atelier a été organisé au profit des Officiers de police judiciaire (Opj) sur les procédures opérationnelles standard de prévention et de prise en charge des violences basées sur le genre. «Les violences basées sur le genre constituent l’une des atteintes aux droits humains les plus répandues. Et pourtant, parmi les moins connues à travers le monde. Selon l’Oms, une femme sur trois a été victime de coup, d’abus, de viol ou d’autres formes de violence au cours de sa vie. La Banque mondiale note que pour les femmes âgées de 16 à 44 ans, le viol et la violence conjugale représentent les principales causes de décès et d’invalidité devant le cancer, les accidents de la circulation et la guerre», a dénoncé Coumba Thiam, directrice de la Famille et de la protection des groupes vulnérables au ministère de la Femme, de la famille et du genre.
Par ailleurs, Mme Marie Sabara, coordonnatrice du Programme Elimination des violences basées sur le genre et promotion des droits humains, a aussi avancé d’autres chiffres. Elle dit : «Au niveau mondial, on sait que 70% des femmes sont victimes de violence une fois dans leur vie. Au niveau national aussi, on n’a pas une étude aujourd’hui qui nous dit globalement la prévalence, mais il y a des études. Par exemple, l’excision est à 25% au niveau national. Les mariages d’enfants aussi à 18%. On n’a pas encore une étude sur les violences sexuelles, conjugales et domestiques.» Elle apprend que l’Etat du Sénégal et les partenaires se penchent, avec l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), sur la question de savoir comment mettre en place une étude pour donner une situation nationale des violences basées sur le genre.
En revanche, pour Maréma Touré Thiam, conseillère régionale en Sciences humaines et socia­les au bureau de l’Organi­sation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), «la forme d’appréciation quantitative n’est pas la plus pertinente parce que nous sommes dans un contexte socio-culturel où aller se plaindre ou ester en justice n’est pas dans notre culture». Elle ajoute que «même un cas de violence est un cas de trop». Cette session de renforcement de capacités des forces de défense et de sécurité organisée avec Onu-femmes est, selon M. Ousmane Guèye, directeur de l’Ecole de police et de la formation permanente, d’une «importance capitale» dans l’exercice de leur fonction.
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