Après les malades du village de Thor à Diender, le personnel soignant du Centre de traitement extrahospitalier de la base militaire de la Zone 7 rencontre d’énormes difficultés à cause du déni des patients asymptomatiques. Le coordonnateur de ce centre, le médecin lieutenant-colonel Mamour Dieng, qui faisait le point hier, affirme que «certains ont même posté des vidéos dans les réseaux sociaux pour prouver qu’ils ne sont pas malades».

Le comportement des cas asymptomatiques donne le tournis au personnel soignant de Thiès. «Il y a un déni de la maladie chez certains patients testés positifs au Covid-19», affirme le médecin lieutenant-colonel Mamour Dieng, coordonnateur du Centre de traitement extrahospitalier de la base militaire de la Zone 7. Il faisait le point hier sur la prise en charge des cas asymptomatiques au niveau dudit centre. «Avec les patients asymptomatiques, comme partout ailleurs, il y a un déni de la maladie chez certains. Mais il y en a beaucoup qui sont en conscients. C’est vrai que ceux qui sont dans le déni posent souvent d’autres problèmes qui sont peut-être même extra médicaux. Il y en a qui disent ne pas être malades. Ce sont ceux qui postent des vidéos pour manifester leur colère parce qu’ils veulent rentrer chez eux. On entend partout des Sénégalais qui ne croient pas à la maladie», dit-il. C’est d’ailleurs, selon lui, ce qui a motivé la mise à disposition des patients du centre d’un psychiatre «pour gérer ces problèmes psycho-sociaux». Et de se réjouir qu’avec cet appui de la cellule sociale dirigée par le Dr Abdou Sy, «les patients asymptomatiques ont fini par prendre conscience de leur maladie. Ils expriment maintenant d’autres besoins spécifiques. Il y en a qui demandent qu’on leur achète des cacahuètes, des serviettes hygiéniques et des couches pour bébé». A cela s’ajoute un travail de communication, selon l’enseignant-chercheur à l’Université de Thiès et spécialiste en ophtalmologie. A son avis, «ce sont des malades qui n’ont pas de signes de la maladie. Ils pensent qu’ils ne sont pas malades. C’est pourquoi nous essayons de communiquer avec eux. La plupart sont des sujets jeunes qui supportent bien la maladie. Si on les avait laissés chez eux, ils auraient contaminé des sujets âgés dans leur entourage et dans la communauté. Et le fait de les hospitaliser au centre de traitement permet de suivre l’évolution de la maladie, car le Covid-19 a une évolution imprévisible». Outre la prise en charge de ces malades, le lieutenant-colonel Mamour Dieng rappelle que le Centre extrahospitalier, ouvert le 19 mai 2020 pour exclusivement accueillir les cas positifs asymptomatiques du Covid-19, a une capacité d’accueil de 160 lits. «Il est occupé à 100% dont les 86 viennent de la région de Dakar. Et depuis son ouverture jusqu’à aujourd’hui, 174 patients asymp­tomatiques y ont déjà été admis dont une vingtaine de militaires et un bébé de trois mois. Nous avons enregistré 32 guéris.» Il détaille davantage le profil des patients : «La moyenne d’âge des patients est de 27 ans. La plus vieille du groupe est âgée de 63 ans. Le centre est composé d’une quarantaine de femmes.» Dr Dieng précise toutefois que même si le groupe est majoritairement composé de jeunes asymptomatiques «ces derniers peuvent développer des cas graves à tout moment avec un syndrome de détresse respiratoire aiguë qui peut leur être fatal».