Le Fmi et le gouvernement du Sénégal s’étaient mis d’accord sur la privatisation de la Sonacos. Cette opération serait prévue pour commencer au plus tard à la fin de l’année et être achevée l’année suivante. La même situation guette la Poste, dont la situation financière aussi serait à la limite catastrophique. Il est même dit que la privatisation de la Poste devrait être entamée dès cette année.
«Le gouvernement réaffirme son engagement à prendre toutes les mesures nécessaires pour une privatisation en 2018 de la Sonacos et la rationalisation du nombre d’agences.» Cette déclaration est contenue dans la quatrième revue de l’accord au titre de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) publiée sur le site du Fonds monétaire international. Ainsi, la reprivatisation de la Sonacos annoncée et redoutée par les syndicalistes aura bel et bien lieu en 2018.
Des personnes bien informées assurent que si les autorités en sont arrivées à avaliser cette option, c’est parce que d’une part la vente d’une partie de la réserve foncière de l’entreprise à Dakar n’a pas pu avoir lieu, et que d’autre part le montant de 65 milliards de prêt que le groupe Locafrique était disposé à avancer n’a pu obtenir l’onction de l’Etat. Ce qui fait que c’est la privatisation qui s’impose, soufflent ces observateurs.
Une autre version a tenu à affirmer que cet accord de privatisation était déjà contenu dans le protocole de renationalisation passé avec l’ancien repreneur Abbas Jaber. L’Etat du Sénégal avait convenu avec les institutions de Bretton Woods qu’après deux ans, la société huilière allait être proposée à une gestion privée. Or, les deux ans arrivent à terme à la fin de l’année.
Dans l’optique de cette nouvelle privatisation, deux groupes se sont actuellement fait le plus remarquer. Il s’agit de Wilmar, une entreprise agroalimentaire de droit singapourien, engagée notamment dans la production et la commercialisation d’huile de palme et de sucre. Elle serait actuellement la plus grande entreprise de négoce d’huile de palme et de sucre. Certains observateurs avertis avancent même que le Singapourien serait disposé à mettre 100 millions d’euros sur la table. Ce qui laisse quelque peu sceptique, car il reste à savoir si l’entreprise sénégalaise vaut vraiment ce montant, elle qui a des difficultés à couvrir ses fins de mois… L’autre entreprise serait Copeol, dont l’essentiel des capitaux est détenu par des Français. Cette dernière, qui a déjà des intérêts dans une entreprise installée localement, n’a jamais caché ses intentions de prendre pied dans la Sonacos.
Il faut toutefois préciser que toutes ces intentions ne sont qu’officieuses. Les autorités du ministère de l’Economie, des finances et du plan assurent n’avoir pas encore reçu de manière officielle une demande de reprise de la Sonacos. Sans doute aussi, du fait que le processus de privatisation n’a pas encore officiellement démarré.
La privatisation de la Poste actée également
Outre la Sonacos, l’Etat et son partenaire sont également tombés d’accord pour la privatisation de la Poste, et plus probablement de la partie financière – la plus juteuse donc – de l’entreprise de service public. Motif invoqué ? Mauvaise gestion. En effet, le rapport de la mission du Fmi souligne avoir remarqué que des problèmes de gestion de trésorerie persistaient et s’étaient exacerbés, notamment avec l’accumulation des soldes créditeurs des comptes de dépôt et des difficultés financières de la Poste. D’ailleurs, dans le même document posté sur le site de l’institution financière, on peut lire : «La mission d’audit conduite par l’Inspection générale des finances a permis d’évaluer de façon exhaustive la situation, y compris l’identification des sources de dispersion de la trésorerie courante, et de dégager un plan de résorption du gap. Les recommandations portent notamment sur : la restructuration de la Sn La Poste, la réforme du régime du Fonds national de retraite (Fnr) et l’analyse approfondie des soldes créditeurs des comptes de dépôt et des recettes d’ordre. En attendant la restructuration de la Sn La Poste, le gouvernement procédera au paramétrage de la compensation des chèques postaux présentés par la clientèle, hors comptes internes de la Poste, au niveau de Sica, dans le strict respect des dispositions de la convention liant la société au Trésor.» Pour montrer à quel point les mesures à prendre étaient urgentes, le document soulignera : «La restructuration de la Poste sera une priorité du gouvernement en 2017. Des mesures de restructuration fortes, mais bénéfiques, à la fois pour l’Etat et pour l’institution de service public, basées sur un diagnostic financier et opérationnel, seront prises et tourneront essentiellement autour de la signature d’une convention de dettes croisées entre l’Etat et Sn La Poste pour apurer les arriérés de compensation, recapitaliser la société à travers la recherche d’un partenaire stratégique, capable d’injecter les ressources requises, et la séparation de Poste finance de la Poste. L’Etat s’engage à rémunérer correctement le service public rendu par la Poste et ce dernier s’engage à rembourser les compensations Ccp supportées par le Trésor.»
A la lecture de ce passage, on comprend quelque part que le Président Macky Sall n’ait pas voulu «exfiltrer» Siré Dia à l’Assemblée. En effet, la situation de la Poste devrait être dans un tel état que seul un kamikaze accepterait sans garantie de remplacer l’actuel directeur général à ce poste.
Quoi qu’il en soit, dans ses réponses, le Sénégal a déclaré par l’entremise de Daouda Sembene, administrateur pour le Sénégal, et de M. Oumar Diakité, conseiller de l’administrateur, que «les autorités sont pleinement résolues à gérer les entreprises publiques selon des normes modernes. A cet égard, la restructuration de la Poste restera une priorité en 2017 avec l’assistance de la Banque mondiale. Sur la base d’un diagnostic financier et opérationnel, un accord d’apurement des arriérés croisés sera signé entre l’Etat et la Poste. Cela devrait améliorer la situation financière de la Poste et lui permettre de trouver un partenaire stratégique, susceptible d’injecter de nouveaux capitaux dans l’entreprise.»
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