Sous prétexte que le spécialiste en management, Madiop Seck, dispose d’un dangereux gris-gris, le Professeur Boniface Bandiaky l’a poursuivi avec un coupe-coupe après l’avoir abreuvé de toutes sortes d’injures. Mais la réalité est tout autre. Le prévenu, non content des observations de la partie civile sur le budget d’étude qu’il a proposé, lui en a gardé une dent. Jugé et condamné en première instance à 3 mois de prison assortis de sursis, l’enseignant a interjeté appel pour contester les faits. L’affaire sera vidée le 20 mars prochain.
Le Professeur agrégé Boniface Bandiaky a comparu hier devant la Cour d’appel. Il se plaint de la sanction qui lui a été infligée en première instance où il était poursuivi pour «violence et voix de fait, injures publiques et détention illégale d’arme» au préjudice de Madiop Seck. Condamné par le premier juge à 3 mois de prison assortis de sursis, l’enseignant devait payer 1 million de francs de dommages et intérêts. Ce qu’il ne veut pas entendre.
Hier, M. Bandiaky a nié avoir proféré des injures à l’endroit du plaignant et détenu une arme. «Je ne me suis jamais présenté devant lui avec une arme», a-t-il contesté avec véhémence avant de revenir sur les faits. «Nous étions devant le bureau du chef de département. Je lui ai dit de me dire qui de nous n’est pas entier et est hypocrite. C’est en ce temps qu’il a sorti un gris-gris. Et dans l’école, les gens disent qu’il possède un gris-gris. S’il te frappe avec, tu tombes, et pour te relever, il faudrait qu’il mette son doigt dans ton anus. Quand je l’ai vu, j’ai tenté de fuir. Je l’ai enfermé dans le bureau avec le chef de département. J’ai été maîtrisé par les autres parce que j’avais peur de ce gris-gris.»
A en croire toujours l’enseignant, le jour des faits, ils étaient en réunion à laquelle la partie civile n’était pas conviée. «Je lui ai demandé de sortir», dit-il. Mais ces allégations ont été battues en brèche par les nombreux témoins.
Entendu, Pierre Janato avait déclaré qu’il y a eu altercation. Se faisant plus précis, le chef de département a soutenu qu’il a vu Boniface pourchasser Madiop Seck avec un coupe-coupe.
Dans sa déposition, le vigile El Hadji Minirou avait indiqué que le Professeur lui a emprunté son coupe-coupe avec un air amusant, mais s’il savait que c’était pour aller se battre, il ne le lui aurait pas prêté. Babacar Niassy disait aussi, à son tour, qu’il y a eu altercation et échange de propos aigres-doux devant des étudiants. En première instance, Boniface Bandiaky avait pourtant reconnu détenir une arme, mais il prétendait que c’était pour dissuader M. Seck au cas où il porterait le gris-gris.
«Tu es fini, tu es mort. Si je te croise, je te casse la tête»
Devant la barre, il a soutenu autre chose en niant n’avoir jamais attaqué son collègue. Ce que le spécialiste en management dément de manière formelle. Selon ce dernier, ils étaient en réunion à l’Esp (Ecole supérieure polytechnique). Mais avant la clôture, Boniface Bandiaky lui a demandé de rencontrer M. Diagne. Après, dit-il, il a sorti un projet d’étude. «Et quand nous avons regardé le projet, j’ai donné mon opinion en disant que le budget était surévalué. Le chef de département m’a demandé de reprendre le travail. Ainsi, la réunion a été reportée à 15 heures pour la validation du budget. Quand j’ai trouvé Boniface avec ses amis, il m’a traité de crétin. Il m’a dit : ‘’Tu vas voir avec moi.’’ Je lui ai dit que ce document ne peut pas être transmis au ministre, parce qu’il doit être couvert par le recteur. Je lui ai dit qu’il n’y a pas d’urgence. Il m’a dit : ‘’Imb…., je vais te casser la gueule’’», narre le plaignant. «Quand il venait vers moi, Assane l’a retenu, mais comme il était plus fort que lui, il s’est échappé. C’est quand les autres collègues l’ont pris que je suis sorti de la salle. On m’a dit qu’il est impulsif et qu’il a déjà bastonné des responsables et que je ne le suive pas. Une heure après, il m’appelle pour me dire de ne pas déférer à la convocation. Un mois après, il m’a dit : ‘’Tu es fini, tu es mort. Si je te croise, je te casse la tête’’», a expliqué le plaignant.
Madiop Seck : «Il m’a humilié»
Face à ces menaces, quand il l’a trouvé dans le bureau du chef de département, il lui a tendu la main, mais celui-ci a refusé de le saluer. «Il m’a dit : ‘’Si je t’ai tendu la main, c’est par simple courtoisie, imb…….’’. Il s’est agrippé à moi, mes deux téléphones portables sont tombés avec une amulette», a ajouté M Seck. Bandiaky, dit-il, l’a traité aussi de taupe. Et quand M. Seck est sorti pour rejoindre son bureau, le Professeur est allé emprunter au vigile son coupe-coupe, soutient le plaignant. «Il m’a pourchassé devant les étudiants, il m’a humilié», a-t-il dit avec un brin d’émotion.
Selon l’avocat de la défense, la détention d’arme n’existe pas. Estimant que son client a reçu une leçon, il a demandé de le dispenser d’une peine. Concernant les intérêts, l’avocat sollicite l’infirmation et demande de débouter la partie civile. Tel n’est pas le point de vue de son confrère de la partie civile qui a même réclamé 10 millions de francs de dommages cette fois-ci, sous prétexte que son client a subi un préjudice moral et matériel. Le Parquet, quant à lui, a requis la confirmation. La décision sera rendue le 20 mars.
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