Aboubacar Diallo soutient devant les jurés avoir été au fief de Boko haram pour trouver du travail et apprendre le Saint Coran. Il informe que Makhtar Diokhané leur a fait part de son souhait d’implanter des cellules jihadistes au Sénégal.
Les coaccusés de Aliou Ndao défilent à la barre et leurs déclarations sont aussi variées. Aboubacar Diallo, dit Abou Diandel, pour se disculper, dit s’être rendu au Nigeria pour chercher du travail et étudier le Coran. Le président Kane de lui demander ses découvertes au fief de Boko haram : «Qu’est-ce que vous aviez trouvé à Sambissa ? Est-ce que vous avez suivi une formation militaire ?» Aboubacar Diallo déclare n’avoir rien «vu de spécial» et n’avoir jamais «reçu de formation militaire». Ce qui est en désaccord avec ses déclarations préliminaires, fait-on savoir. M. Kane de lui rétorquer : «Vous avez déclaré avoir assisté à trois combats et avez même donné des détails.»
Le président de la Chambre criminelle a même cité à l’accusé, ses propos tenus devant le juge d’instruction : «Lors du premier combat, il y a eu une saisie importante de carburant de l’Armée régulière. Et lors des deux autres, nous avons été attaqués au sein de notre base par l’Armée régulière.»
En outre, la question de l’implantation au Sénégal des jihadistes présumés est évoquée. «Avez-vous adhéré à un projet d’établir une cellule jihadiste une fois au pays ?» Abou Diallo répond par la négative.
Et le juge Kane de rappeler encore que ses déclarations ne corroborent pas ceux tenus lors de l’enquête préliminaires. «Durant notre séjour à Tiffa, Diokhané nous a fait part de son projet d’implanter des cellules au Sénégal. Pour ce faire, il comptait sur tous ses frères qui ont subi une formation dans les rangs de Boko haram. Au début, nous avions tous adhéré à ce projet mais, dès que j’ai quitté les rangs de Boko haram, j’ai abandonné toute idée de jihad», avait dit M. Diallo. Et le procureur Aly Ciré Ndiaye d’interroger, à son tour, l’accusé qui convoque sa maladie comme prétexte pour nier ses propos : «Est-ce que vous pensez que la personne (Abou Diandel) par qui vous vous identifiez, et qui était le compagnon du prophète, penses-tu qu’il dirait des contrevérités ? Et pourquoi avez-vous opté pour le mensonge ou c’est toujours votre maladie qui vous fait réagir de la sorte ?»
Pour le procureur, il faut revenir sur les premiers dires de Diallo pour qu’il apprécie mieux le décalage. «‘’Etes-vous affilié à une organisation syndicale, religieuse, politique et quel poste occupiez-vous ?’’ A cette question votre réponse est la suivante : ‘’Je fréquentais un dahira tidiane et la mosquée de Imam Abdou Guèye’’», fait savoir le parquetier à l’accusé. Et Diallo de nier encore avoir tenu ces propos. En fait, Aboubacar Guèye aurait approfondi les connaissances islamiques de Diallo dans le domaine de Sunna. Et c’est «au sein de ce daara que j’ai rencontrai des jeunes qui avaient tous un penchant pour le jihad», déclarait M. Diallo lors des interrogatoires.
Sur la question de la formation, l’accusé fait comprendre au procureur qu’il n’a pas «reçu de formation militaire» mais qu’il a «eu à faire des entraînements au fief de Boko haram».
«J’étais malade et je ne sais pas si mes réponses étaient cohérentes», lâchera comme réponse Diallo. Et ce dernier d’ajouter : «Je n’ai jamais rencontré Shekau et je ne sais même pas dans quelle langue il s’exprime.» Et Aboubacar Diallo clôt son intervention : «C’est la première fois que je rencontre Imam Aliou Ndao.»
Stagiaire