Hier, les avocats des percepteurs présumés complices dans l’affaire de la caisse d’avance ont consacré le début de leur plaidoirie aux commentaires soulevés après la relaxe requise à l’endroit de leurs clients. D’emblée, Me Mouhamadou Guèye Mbow précise : «Nous estimons que nous devons une réponse à cette minorité partisane. Notre démarche consistera à démontrer que le réquisitoire du procureur est fondé.» Sans doute, l’avocat de Mamadou Oumar Bocoum et de Ibrahima Touré s’adressait aux partisans de Khalifa Sall qui ne sont pas d’accord avec la décision du Parquet. En effet, Me Mbow a passé plus de 2 heures à la barre pour clamer l’innocence de ses clients. Pour lui, dans ce dossier, «si victime il y a, c’est bien évidemment les percepteurs», car lorsque le Directeur administratif et financier de la mairie de Dakar, Mbaye Touré, faisait usage de «faux» de procès-verbaux de réception et de factures, «la finalité était de surprendre la religion des percepteurs». D’après toujours la défense des percepteurs, tous les décaissements étaient «conformes» à la réglementation de la comptabilité publique et budgétaire parce que, déclare Me Mbow, «toutes les pièces justificatives ont été produites» par la mairie. Par ailleurs, Me Mouhamadou Guèye Mbow a fait savoir au Tribunal que le rapport de l’Inspection générale d’Etat «ne contient aucune récrimination à l’endroit des percepteurs». Et Me Moussa Sarr de renchérir : «Sur les 720 pages du rapport de l’Ige, aucun grief n’est articulé contre nos clients pour une quelconque malversation.»
Me Moussa Sarr : «Les factures, en apparence, sont conformes parce qu’il y a le Ninea, la signature»
Quant au débat relatif à la nature de ces fonds, le conseiller des comptables publics a réaffirmé qu’il s’agit bien d’une caisse d’avance et non de fonds politiques comme avancé par Khalifa Sall et le Daf. Comme preuve, il a procédé à la lecture de la lettre-réponse du ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des finances chargé du Budget, adressée en septembre 2002 au maire Pape Diop, qui demandait la suppression des pièces justificatives pour le décaissement de ces fonds. Alors que, selon son confrère Me Moussa Sarr, «lorsqu’il s’agit de fonds politiques, il n’y a pas lieu de fournir des pièces justificatives». Et par rapport à ces papiers justificatifs, Me Sarr dira que «les factures, en apparence, sont conformes parce qu’il y a le Ninea, la signature». Bref, d’après l’avocat, toutes les mentions obligatoires y figuraient.
La défense de Bocoum et de Ibrahima Touré demande la relaxe
Tous les deux, Bocoum et Touré, sont poursuivis pour les délits d’association de malfaiteurs, de complicité de détournement de deniers publics et d’escroquerie portant sur le montant de 1,830 milliard de F Cfa. Pour Me Mbow, «toutes ces accusations ne reposent sur aucun fondement et doivent être battues en brèche». Et d’ajouter : «Aucun de ces arguments ne saurait prospérer. La seule décision qui s’impose est de les renvoyer des fins de la poursuite sans peine, ni dépens.» Me Moussa Sarr, pour sa part, a abondé dans le même sens. «Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré sont radicalement innocents des chefs d’accusation pour lesquels ils sont poursuivis», conclut-il.
msakine@lequotidien.sn