Production de données statistiques : Les enseignants-chercheurs à l’école de l’Ansd

Dans le cadre du Projet d’harmonisation et d’amélioration des statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (Phasaoc), l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) organise une série d’ateliers de formation. Hier, c’étaient les enseignants-chercheurs qui en ont bénéficié pour avoir une meilleure connaissance des outils dans le cadre de production de statistiques.Par Amadou MBODJI –
Pour renforcer la capacité des utilisateurs de données, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a initié, depuis hier, une série d’ateliers. L’objectif est de fournir des outils et des connaissances permettant une meilleure compréhension, interprétation et utilisation des statistiques. Les enseignants-chercheurs, puis les médias ce matin, en seront les principaux bénéficiaires dans le cadre d’une formation offerte par l’Ansd, qui vulgarise ainsi l’un des outils qui rend crédibles les données statistiques dans le domaine public : le visa. «Ce visa est une obligation pour tous les services de l’Etat qui produisent et réalisent des enquêtes devant mener à des données considérées comme officielles. Et c’était le lieu aussi de le partager avec le monde universitaire qui, par moments, réalise des études et des enquêtes pour des entités publiques. Donc, pour qu’une donnée puisse être considérée comme officielle, et c’est la loi, elle doit subir un processus dans sa production pour aboutir à un visa statistique. Et cette rencontre d’aujourd’hui (hier) participe à vulgariser cet outil qu’on appelle le visa statistique qui, dans une démarche pédagogique avec l’ensemble des acteurs, nous pensons pouvoir le faire adopter et l’accepter par tout le monde et que cela relève de la banalité lorsqu’il s’agit de produire et de faire des enquêtes», explique Abdou Diouf, Dg de l’Ansd.
Il faut noter que le visa correspond «à une autorisation préalable qui est sollicitée, requise et donc fournie par l’Ansd, et le dispositif mis en place pour s’assurer que la qualité des objectifs, d’abord de l’enquête ou de l’étude, puissent correspondre à des objectifs nationaux». Selon le patron de l’Ansd, il permet aussi de «s’assurer», poursuit-il, «que la méthodologie proposée, les normes utilisées, le dispositif mis en place puissent permettre de produire les indicateurs qui sont donc visés».
Pour les universitaires et chercheurs, c’est une nouvelle opportunité. «La production de données, au niveau national, va permettre d’élaborer les politiques publiques, de les évaluer, mais également de faire des réorientations chaque fois que de besoin. Le monde universitaire est un monde qui est partie prenante de ce dispositif, puisqu’il permet d’exploiter au mieux les données qui sont produites au niveau national, permet également de sortir des évidences qui puissent aider l’ensemble des acteurs de la vie économique et sociale à prendre des décisions qui soient les meilleures pour l’ensemble des acteurs», fait-il remarquer. «Les autres acteurs qui travaillent dans les statistiques sont ciblés dans le cadre des rencontres organisées par l’Ansd», ajoute M. Diouf. Il poursuit : «C’est naturellement, dans le cadre d’une série de rencontres que nous projetons de faire avec nos utilisateurs, que nous avons choisi de rencontrer d’abord le monde des chercheurs pour partager avec l’ensemble des plateformes que nous avons mises à disposition pour leur permettre d’avoir accès aux données, pour leur permettre également d’avoir une meilleure connaissance de nos principales productions, des méthodologies qui sont élaborées et des normes qui sont mises en œuvre puisque édictées au niveau international pour produire les données. Cela leur permet d’avoir une meilleure compréhension, mais aussi une meilleure utilisation des données qui sont produites, et permettent d’améliorer la qualité des évidences qui sont produites.» La mise en place d’un fonds est annoncée pour financer les activités relatives à la production de données statistiques. «La production statistique a un coût et, dans certains éléments et segments, elle est fortement tributaire des ressources qui ne répondent pas toujours forcément aux besoins de l’heure pour nous, et c’est à cet effet qu’il est utile qu’on puisse travailler à mettre en place un dispositif de financement pérenne de la production statistique. Et c’est pourquoi les pouvoirs publics, l’Etat et le gouvernement nous accompagnent à mettre en place ce dispositif qui nous aidera de façon régulière à avoir des données qui soient en tout cas de qualité, mais qui également aussi répondent à des normes pouvant aider et guider l’ensemble des actions de tous les acteurs», explique Abdou Diouf.
Aujourd’hui, les défis restent multiformes même si le système-statistiques sénégalais a connu une réforme majeure au début des années 2000, qui a abouti, en 2004, à la création de l’Ansd. «Depuis lors, le dispositif national mis en place s’est amélioré, ce qui vaut au Sénégal des positions assez enviables aux niveaux africain et mondial en termes de production statistique», note Abdou Diouf.
ambodji@lequotidien.sn