Plus d’une semaine après sa libération de prison, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, «l’architecte» du projet de société du parti Pastef, voit les portes du palais de la République s’ouvrir à lui. Par la grâce de son élection au premier au tour, l’enfant de Ndiaganiao, au parcours unique, succède à Macky Sall, devenant ainsi le 5ème Président du Sénégal.
Par Malick GAYE –

Bassirou Diomaye Diakhar Faye ! Il va, désormais, présider aux destinées du pays pendant les 5 prochaines années. Un président de la République par défaut ! Ces termes ne sont pas galvaudés. En effet, l’inspecteur des Impôts et domaines n’était pas destiné à jouer les grands rôles dans l’élection présidentielle, il y a moins de 4 mois. En effet, son leader avait fini d’installer une dualité avec le chef de l’Etat. A ce moment, ils n’étaient pas nombreux, les observateurs qui avaient envisagé une élection sans Macky Sall et Ousmane Sonko. Les deux étant écartés, Bassirou Dio­maye Faye, en prison pour des propos jugés injurieux sur les magistrats, est choisi candidat pour les «Patriotes». Même ce choix n’a pas fait l’unanimité au sein de la formation politique de Sonko. Pour certains, en investissant Diomaye comme candidat, Sonko ne s’était pas octroyé toutes les chances de réussite. Aujourd’hui, l’histoire semble lui donner raison.

«L’architecte du Projet»
A 44 ans, Bassirou Diomaye Faye devient le président de la République le plus jeune de l’histoire du Sénégal. Décrit comme «l’architecte du Projet» du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye est un natif de Ndiaganiao dans le département de Mbour. Il est issu d’une famille modeste. Après le baccalauréat, obtenu en 2000 au Lycée Demba Diop de Mbour, Bassirou Diomaye Faye atterrit à la Faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) où il décrochera une maîtrise en droit. Ce diplôme en poche, Diomaye réussit au concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (Ena) en 2004. 3 ans après, il intègre l’Adminis­tration sénégalaise, la Direction générale des impôts et domaines (Dgid), plus précisément. C’est là qu’il rencontre Ous­mane Sonko. Leur relation devient fusionnelle, au point que Bassirou donnât le nom de son ami à son fils. Cette relation se traduit par le slogan de campagne des «Patriotes». «Sonko égale Diomaye. Diomaye égale Sonko.»  C’est ce que leurs partisans crient ou entonnent pour inviter les populations à reporter leur confiance sur l’enfant de Ndiaganiao.

Responsable syndical des inspecteurs et autres agents des Impôts et domaines, tout comme Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye a été l’un des membres fondateurs du parti Pastef. L’inspecteur des Impôts ne se voyait pourtant pas faire de la politique, avant de militer au Pastef dont il a co-écrit les statuts et dont il va défendre désormais le projet politique devant les Sénégalais. «Il ne me traversait pas l’esprit de faire de la politique, car quand vous avez un parent qui fait de la politique, de prime abord, vous avez horreur de la politique, parce que vous voyez le manque de temps. Vous voyez la pénibilité de l’engagement, vous voyez les absences répétées du pater», disait Bassirou Diomaye Faye dans un entretien avec des médias locaux, au sortir de la Présidentielle 2019.

Bassirou Diomaye Faye, alors Secrétaire général et n°2 du parti Pastef, avait été interpellé et placé en garde à vue dans la soirée du 14 avril 2023, puis placé sous mandat de dépôt le 18 avril pour «actes de nature à compromettre la paix publique», «outrage à magistrat» et «diffamation à l’encontre d’un corps constitué», à la suite de la publication d’un post sur les réseaux sociaux où il critiquait le comportement de certains magistrats. Suite à un réquisitoire supplétif du Parquet, il s’était vu accuser des mêmes chefs que son mentor Ousmane Sonko.

Après près d’un an de détention, BDF, comme le surnomment les intimes, est sorti de prison sous les habits d’un candidat favori à la Présidentielle. L’éternel suppléant de Ous­mane Sonko devra montrer son leadership, car il devra se dévêtir de l’habit d’un Président, qui a un patron. Et son programme ne semble pas plaider pour le contraire. Il a prévu de mettre en place une vice-présidence. Sur la sortie du franc Cfa, il a semblé reculer suite au tollé que cela a suscité.

Durant ses 20 ans de carrière à la Dgid, Bassirou Diomaye a toujours été dirigé. Il n’a été ni chef de service encore moins directeur d’une structure. Il se voit bombardé président de la Répu­blique, sans même diriger une mairie. En effet, il avait perdu la commune de Ndia­ganiao lors de la déferlante de Yewwi askan wi aux élections locales.
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