Cheikh Sadibou Fall est parti. A jamais ! L’ancien ministre de l’Intérieur sous Wade est décédé hier en France à l’âge de 69 ans. Un Libéral jusqu’au bout des ongles, même s’il a quitté le Pds pour Macky Sall. C’était, selon lui, pour des retrouvailles de la grande famille libérale.

Parmi les grands débatteurs du Parti démocratique sénégalais version opposition, il était l’un des meilleurs. Dans un contexte où le Parti socialiste se distinguait par ses grands orateurs comme Abdourahim Agne, Pape Babacar Mbaye, Khalifa Ababacar Sall et autres, Papa Cheikh Sadibou Fall faisait partie de leurs répondants au parti de Abdoulaye Wade, aux côtés de Idrissa Seck, Abdou Fall et Cie. Sa verve a sans doute était déterminante dans son Cv pour diriger le groupe parlementaire Liberté-démocratie-progrès au tout début de l’alternance de 2000, alors que l’Assemblée était encore riche de députés de l’opposition expérimentés, impertinents. C’est un libéral né, qui a été d’ailleurs l’un des rares élus du Pds dans l’opposition. Puisqu’en 1996, il est le premier maire élu de la commune d’arrondissement de Fann-Point E-Amitié nouvellement créée et conserve cette responsabilité jusqu’en 2001, lit-on dans sa biographie sur le site du ministère de l’Intérieur. Né le 28 août, ce «Vierge» a une carrière politique remplie. Il siège dans le gouvernement de Niasse, après avoir remplacé Amath Dansokho, limogé du ministère de l’Urbanisme et de l’habitat pour son «manque de solidarité gouvernementale». Puis, M. Fall est reconduit dans le gouvernement de Mame Madior Boye, mais au département de la Pêche. Il a également occupé la Place Washington, mais de façon éphémère. En effet, c’est le 22 avril 2004 que Cheikh Sadibou Fall a remplacé Macky Sall, nouveau Premier ministre à la faveur du départ de Idrissa Seck emporté par la dualité au sommet avec le Président Wade. Même s’il était l’un des «faucons» dont Wade avait besoin pour participer à la liquidation de M. Seck, il fallait un ennemi prêt à tout pour gagner ce duel à distance. Abdoulaye Wade «investit» alors celui qui avait claqué la porte du Pds à cause de Idrissa Seck pour rejoindre Abdou Diouf en 2000 : Me Ousmane Ngom. Ce dernier entre à l’Intérieur le 2 novembre 2004 et lance la mise à mort politique du maire de Thiès en «armant» la police contre Seck qu’il accuse d’avoir commis un «crime financier» dans l’affaire des chantiers de Thiès.

Promoteur des retrouvailles libérales
Il finit par s’éloigner du Sénégal avec sa nomination comme ambassadeur en Italie, poste qu’il a occupé jusqu’au départ du régime libéral. L’émigration, il connaît. Mais autrement. «Cheikh Sadibou Fall a étudié le droit, d’abord à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, puis à l’Université Bordeaux 1, où il a obtenu un Dess de juriste d’affaires et d’entreprise, option Finance, comptabilité, droit de l’entreprise. Il a complété sa formation à l’Institut régional d’Aquitaine en droit du travail et de la sécurité sociale, à l’Université du Massachusetts de Boston, à l’Institut libéral de Guimerbach (Allemagne) et à l’Institut régional d’administration des entreprises de Bordeaux1», souligne-t-on dans son Cv. C’est aussi à Bordeaux qu’il est décédé. Il a exercé plusieurs activités dans le secteur privé : contrôleur interne de gestion, directeur administratif et financier, manager, puis directeur d’un cabinet d’expertise financière et judiciaire. Qui n’aurait pas besoin de ce pedigree  ? Mais dans l’opposition, il reprend ses activités aux côtés du nouvel opposant Abdoulaye Wade. Un temps, il devient un homme de confiance et porte-parole du comité directeur du Pds. Mais aux Législatives de 2017, les investitures ont tout gâché. Cheikh Sadibou Fall annonce sa démission avec fracas. Ce froid avec le parti libéral l’a conduit à Macky Sall qu’il a soutenu à la veille de la Présidentielle de 2019. Il dénonce la gestion du Pds qui a conduit à son éclatement avec le départ de plusieurs ténors, invite Me Wade à revenir sur sa décision d’un boycott actif de la Présidentielle, après l’invalidation de la candidature de Karim Wade. Avec Macky Sall, il exprime son «désir de provoquer les retrouvailles de la grande famille libérale». Dans le cadre du dialogue post-Présidentielle lancé par le Président Sall, il était parmi les plénipotentiaires de la grande majorité présidentielle chargés de proposer des termes de référence.