Le basketteur sénégalais de 18 ans disputera le Championnat d’Afrique de basket U18, du 3 au 9 décembre au Caire, avec la ferme ambition de remporter le trophée. Mais Ibou Badji, qui évolue avec le Barca B au poste de pivot, a d’autres ambitions : participer aux Jeux Olympiques de Tokyo 2021 et gagner des titres en Nba.

Quand il était jeune, Ibou Badji ne voulait pas jouer au basket. Pourtant, il sera l’un des joueurs les plus attendus de l’Afrobasket U18, qui démarre au Caire en Egypte le 3 décembre, pour une semaine de compétition.
Lorsqu’il vivait encore dans la banlieue de Dakar, la capitale sénégalaise, Ibou Badji jouait au football avec tous ses amis, et n’avait pas l’intention de changer de sport. D’autant plus qu’aucun terrain de basket ne se trouvait dans son quartier. Mais voilà, sa taille augmentait à une allure telle que son potentiel de basketteur commençait à devenir une évidence. Et cela n’a pas échappé à son père.
«C’était un peu difficile car mon père me demandait toujours de m’entraîner, mais je ne voulais pas. Je voulais jouer au foot», se rappelle le basketteur de 18 ans lors d’une interview avec Tokyo2020.org. «Tous mes amis jouaient au foot. Dans mon quartier, il n’y avait que des terrains de foot et aucun terrain de basket. Et à ce moment-là, je ne voulais pas me déplacer tous les jours pour aller m’entraîner. Je pensais uniquement au foot. C’était donc très, très dur de jouer au basket pour moi.»

Nba Academy, Australie et Etats-Unis
Une conversation avec sa mère l’a ensuite convaincu de faire des efforts, comprenant qu’il serait plus facile pour lui de réussir dans le basket que dans le foot. «J’ai parlé avec ma mère, qui m’a demandé d’écouter mon père et de continuer le basket. Depuis ce moment, je m’y suis mis et je me suis entraîné très dur. Puis j’ai progressé très rapidement», raconte le pivot de 2,11 m.

Un footballeur qui découvre le basket en 6 mois
Nous sommes en 2016. Ibou Badji a une idée en tête et se donne tous les moyens pour y arriver. En six mois, il découvre le basket et apprivoise ses mouvements, ses règles et techniques autour de sa maison natale. Son entraîneur de l’époque l’invite alors à effectuer un test à la Nba Academy de Thiès, une structure née d’un partenariat avec la Ligue américaine et l’association Seed Project (Sports for Education and Economic De­velopment) pour repérer les jeunes talents africains.
Test concluant, il y reste un an. Une année d’entraînement qui va lui permettre de découvrir le basket étranger. En Australie, dans un premier temps, pendant trois mois, avant de s’envoler dans le pays de ses rêves, les Etats-Unis. A son retour au Sénégal, en 2019, il a un contrat avec l’équipe B du géant Barcelone, vainqueur de deux Euroligues et de 18 titres de champion d’Espagne.

«Gagner la compétition et ramener la coupe au Sénégal…»
Aujourd’hui, il alterne ses entraînements entre l’équipe B et l’équipe A de Barcelone, et sera l’une des stars de l’Afrobasket U18. Un tournoi très attendu pour le Sénégal, qui a perdu de deux points seulement la finale de l’édition 2018 contre le Mali. Ibou Badji n’était pas de la partie mais cette fois-ci, il compte bien peser sur le score pour ramener le trophée, huit ans après la dernière victoire de son pays dans la compétition. «Nous voulons gagner la compétition et ramener la coupe au Sénégal. Ça fait longtemps que l’on n’a pas gagné de trophée.»
Pour Badji, l’équipe a beaucoup évolué et l’esprit collectif aussi. «Au début, on ne jouait pas beaucoup en équipe. Tout le monde voulait jouer en un contre un et on ne défendait pas. Désormais on se connait depuis longtemps et on sait comment faire pour gagner. On va le faire», assure-t-il.

«Les Jeux Olympiques, c’est un rêve»
Cette compétition pourrait potentiellement lui ouvrir les portes de la sélection A. Celle qui disputera le Tournoi de qualification olympique (Tqo) en 2021 pour tenter de décrocher son billet pour Tokyo 2021, 41 ans après la dernière participation du Sénégal. Un rêve pour le jeune Badji, mais qu’il estime bel et bien réalisable. «Je me donne à fond tous les jours et je crois beaucoup en moi. J’y serai. Ça me ferait très plaisir de faire partie de l’équipe de basket sénégalaise qui va aux Jeux. Les Jeux Olympi­ques, c’est un rêve pour tous les Sénégalais.»

«Je ne veux pas être seulement un défenseur mais un basketteur complet»
D’un point de vue individuel, le pivot sénégalais estime être un bon défenseur, notamment grâce à sa taille et à ses blocs, mais il a l’ambition de devenir plus complet. S’il est souvent comparé à l’ancien pivot congolais Dikembe Mutombo, élu meilleur défenseur de Nba à quatre reprises entre 1995 et 2001, Badji préfère s’inspirer d’une autre star de la Nba. «[La comparaison] me fait plaisir, mais je ne veux pas être seulement un défenseur. Je veux être un basketteur. Pour moi, défendre est facile. Mais je veux aussi mettre des paniers, faire des passes et participer au match. Pas uniquement faire des blocs. Je veux être un basketteur comme LeBron James. Il est très grand, mais il sait dribbler, il sait défendre… Il sait tout faire.»
C’est également en Nba que Badji souhaite poursuivre sa carrière. Et il ne compte pas y faire de la figuration. «Je ne veux pas que jouer en Nba, je veux gagner des bagues. Je veux être comme LeBron James. Beaucoup d’Africains partent en Nba pour gagner de l’argent et avoir la belle vie. Mais on peut faire autre chose. Et je crois que je vais réaliser mon rêve.»
wdiallo@lequotidien.sn
(avec tokyo2020.org)