Par Alioune Badara CISS – A Nianning, le projet immobilier d’une superficie de 18 ha pour participer à la relance du tourisme est au point mort. Mieux, il risque de ne pas voir le jour. Malgré la rencontre initiée par le préfet de Mbour qui avait réuni le maire Ma­guette Sène, le mouvement Jog Jotna, le promoteur immobilier, les Eaux et forêts et d’autres acteurs concernés, les choses n’avancent toujours pas sur ce dossier, qui avait valu à Guy Marius Sagna d’être malmené dans cette commune. Inter­pellé sur cette affaire, Ma­guette Sène, maire de Mali­coun­da, avait rappelé que sa mairie n’avait rien à cacher car elle a signé une convention avec un promoteur pour la construction d’un projet immobilier et touristique à la fois. «Nous avons fait toute la procédure de délibération mais nous ne pouvons pas entrer en possession de l’assiette parce que les Eaux et forêts ne nous ont pas encore donné leur aval permettant d’accéder au site. C’est ça qui a bloqué le projet», souligne le directeur du Coud. Il avait lancé un appel aux Eaux et forêts pour que l’assiette soit livrée. «A partir de ce moment on va envoyer une mise en demeure au promoteur pour l’exécution du projet. Au-delà d’un certain délai, s’il ne s’exécute pas, on va voir ensemble comment désaffecter et mettre le projet sur la table et s’il y a lieu chercher d’autres partenaires», avait menacé Maguet­te Sène.
En écho à cette sortie, la capitaine Bineta Ndiaye, commandante de la Brigade des Eaux et forêts de Mbour, a sorti des arguments en béton pour justifier la position de son service. Elle dit : «La mairie n’avait pas respecté sa part du con­trat, c’est pourquoi nous avons suspendu la convention.» Des propos balayés par Maguette Sène : «Nous avons délibéré sur une assiette de 7 ha en bordure de route. Main­tenant s’il y a des manquements sur cette assiette ils n’ont qu’à nous le dire, nous on va faire les aménagements qui s’imposent. L’administration étant écrite, ils n’ont qu’à nous écrire pour souligner les manquements.»
Cinq mois après cette rencontre, le mouvement Jog Jotna ne varie pas dans sa position : il réclame toujours la désaffection du site. Il a publié un livre blanc intitulé «Mali­coun­da, 18 hectares de Nianing : un scandale sur fond de mensonges et d’incohérence mettant à nu la gestion nébuleuse du foncier de Malicounda». Dans ce livre, il exige toujours la publication des documents administratifs. «Nous avons demandé ces documents depuis bientôt plus d’un an. Il y a une nouvelle donne dans cette affaire. Maintenant on sait qu’il y a encore une nouvelle personne qui est venue et qui s’est présentée comme promoteur. On sait aussi que ce sont des résidences qui sont destinés à la vente et non des résidences hôtels. On n’a donné au partenaire une assiette foncière qui vaut 8 milliards et ce partenaire s’engage à mettre seulement 500 millions en réalisations qu’on n’a pas encore vues. On s’est rendu compte que le partenaire principal qui a été présenté à la population, à savoir le promoteur belge Filip Schelfhout, élément moteur, ne s’est pas présenté et effectivement son partenaire qui s’est présenté nous a confirmé qu’ils ont des bisbilles.» Autant de griefs qui motivent davantage les interpellations de Jog Jotna sur la mise à disposition des documents administratifs liés à cette affaire : «nous n’accusons personne, nous demandons nos droits. Le maire nous a dit qu’au moment d’affecter les terres, il était question de les affecter à Dieyna Sarl et la personne qui a transcrit s’est trompée en mettant Dieyna Suarl. Permettez-nous de douter, c’est un administrateur civil le maire. Derrière, c’est contresigné par qui ? Le sous-préfet. Si nous sommes administrés par des gens qui ne sont pas regardants sur ces choses, nous sommes en mesure de douter. Comment le maire et le sous-préfet peuvent signer de tels documents. C’est pourquoi on n’a toujours pas les documents», avance Robert Ndiaye, acteur majeur de Jog Jotna.
Ce mouvement n’est pas «contre le projet». Mais, il ne cache pas son inquiétude par rapport à la situation du foncier dans leur commune. «133 ha sont entre les mains d’un grand promoteur, qui n’a pas encore fait démarrer les domaines de Nianning, 70 ha du club Aldiana sont entre les mains d’un autre dans un projet qui ne décolle pas. Aujourd’hui on nous parle d’hôtels et on nous dit que ce sont des villas à vendre, nous savons bien la capacité d’emplois de ces résidences», enchaîne Robert Ndiaye.
En guise de réponse, Souhaïbou Diagana, promoteur de Dieyna Suarl, lève un coin du voile sur la superficie, qui lui a été attribuée : «La propriété des 18 ha ? En réalité, ce sont 15 ha car il y a le domaine public maritime, donc le projet est magnifique. Il compte 172 appartements et 88 villas, les ventes c’est au fur à mesure que les gens achètent que nous construisons. Nous comptons le démarrer dès que les Eaux et forêts nous donnent l’autorisation de coupe et qu’on puisse prendre possession du site et nous pourrons entamer le projet.» Autant de problèmes qui plombent ce projet entamé en 2016 et toujours dans les tiroirs. «C’est pourquoi le mouvement Jog Jotna réitère sa demande qui est de désaffecter ce site qui vaut 8 milliards de francs», insiste M. Ndiaye.
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