C’est l’heure de la révolution agricole à Ninéfécha où le maire Dondo Keïta a entrepris des actions pour trouver une solution durable et viable à la promotion de l’emploi et de l’employabilité des jeunes et des femmes du village, qui porte le nom de sa commune.Par Pape Moussa DIALLO –
La terre ne ment pas. Le maire de la commune investit sur les jeunes de sa commune à travers l’exploitation d’un champ agricole collectif. Lors de la dernière campagne agricole, ils ont exploité 23 ha dont 10 pour le maire et 13 répartis entre les jeunes et les femmes. «Si j’ai décidé de m’engager cette année dans l’agriculture, c’est pour pousser les jeunes à en faire autant et leur permettre d’avoir une occupation utile et rentable. Surtout que la terre ne ment pas», explique le maire Dondo Keïta. Surtout que, dit-il, des jeunes d’un autre pays avaient investi dans un projet similaire. «Il était inconcevable que d’autres viennent travailler et faire profit alors qu’on a des jeunes compétents qui peuvent faire la même chose. Il était hors de question que les jeunes se lamentent du manque d’emploi alors que la terre est là et que ce sont d’autres jeunes qui viennent pour l’exploiter», poursuit le maire. Et la récolte a été impressionnante : il a récolté plus de11 t de riz paddy et obtenu plus de deux millions de francs Cfa. Avec le résultat obtenu malgré les difficultés notées, les jeunes sont plus motivés et ambitionnent de passer à l’échelle supérieure avec l’exploitation de plus de 50 ha la saison prochaine.
Aujourd’hui, les perspectives sont réjouissantes. Mais, il faut faire face à certaines contraintes. «On ne dispose pas de tracteurs. On laboure beaucoup dans la zone et à titre d’exemple, même 5 tracteurs ne peuvent pas faire l’affaire lorsque vous les envoyez au village d’Assoni. A cela s’ajoute l’inadaptation des tracteurs qu’on nous envoie ici pour faire le labour», enchaîne le maire. Alexis Sadiakhou, président des jeunes de Ninéfécha, appuie : «On ne peut pas utiliser une petite daba pour faire de grosses réalisations et vivre de l’agriculture. C’est pourquoi, l’Etat doit nous doter de matériels agricoles adaptés pour permettre aux jeunes de retourner vers la terre et tourner le dos à l’émigration irrégulière.»
L’autre problème est lié à l’absence de pistes de production qui ne permettent pas d’évacuer la production dans des conditions optimales. «On éprouve des difficultés à faire la récolte parce qu’on n’a pas de bonnes pistes. A cela vient s’ajouter le manque de main d’œuvre pour la récolte du riz d’autant plus qu’on ne dispose pas de batteuses», précise le maire. Même son de cloche pour la présidente du groupement «Kalané», Maoudo Diop : «On a perdu beaucoup de riz cette année faute de machine pour la récolte.» En plus, il y a le problème de la disponibilité des batteuses pour l’abattage du riz et souvent ce sont des querelles à n’en plus finir entre producteurs. «Des efforts considérables doivent être faits en ce sens pour nous doter de batteuses à faucille, c’est ce qui est adapté ici», formule Dondo Keïta. Sans oublier de mentionner la divagation des animaux. Chaque année, ce sont des hectares de riz qui sont détruits par des animaux en quête de verts pâturages. «Pour cette année, on a connu aussi des pertes inestimables à cause des feux de brousse. Par exemple, A. Diallo a perdu toute sa récolte qui a été décimée par les flammes. Y. Camara dans le village d’Assoni a perdu plus de 8 hectares partis en fumée», rappelle M. Keïta.
Il espère que le modèle de Koundara en Guinée inspire le Sénégal pour assurer la modernisation de l’agriculture et booster les récoltes. «Je me suis rendu en Guinée à Koundara. Parce que j’avais vent, à la suite des difficultés qu’on a connues cette année, qu’il y avait des machines qu’on appelle laberda. Ce sont des moissonneuses batteuses à chenille qui permettent de récolter avec le maximum de rendement, a expliqué le maire de Ninéfécha. Une machine multitâche de ce genre permet de gagner du temps, de rationnaliser des ressources et d’avoir un bon rendement», suggère-t-il à l’Etat du Sénégal. «La dotation d’engins de cette envergure peut aider à révolutionner de manière considérable le secteur agricole, notamment avec la politique de mécanisation», poursuit M. Keïta, qui espère un élargissement des périmètres à cultiver grâce à l’appui du Gouvernement, qui doit «mettre à la disposition des agriculteurs des moissonneuses et tracteurs à chenille pour faciliter le travail du labour et de la récolte, organiser la vente avec un prix acceptable pour le producteur».