La Green Academy 2025 a été dédiée à la promotion de l’alimentation durable au Sénégal, en mettant l’accent sur la thématique : «Manger est un acte politique.» Ce programme visait à former une cohorte de 20 jeunes sur les enjeux de la souveraineté alimentaire, no­tamment à travers la transition agro-écologique et la végétalisation de l’agriculture urbaine et périurbaine. L’initiative s’inscrit dans la Vision Sénégal 2000 pour une souveraineté alimentaire ancrée dans des systèmes urbains résilients. Alexandre Guibert Lette, directeur de la structure, partage l’objet de cette initiative : «Ils viennent essentiellement des universités publiques du Séné­gal. Ce sont des profils assez divers et variés, et chaque année, nous questionnons une problématique avec eux. Pour l’année 2025, la problématique est celle de l’alimentation durable, que nous avons interrogée sous le prisme de la décolonialité. Com­ment manger sainement tout en respectant notre culture.» Il ajoute : «Au cours des échanges, il s’avère que lorsqu’on examine l’alimentation à travers le prisme de la décolonialité, notre mode de consommation alimentaire révèle de nombreux aspects dictés par le fait colonial, notamment une dépendance excessive au riz. En réalité, cette prédominance du riz a été imposée par le colonisateur, alors que la culture sénégalaise comporte bien d’autres dimensions alimentaires.»
Cette démarche vise à construire un récit qui esquisse une nouvelle voie vers une alimentation plus sénégalaise, plus saine et aussi plus durable. «Aujourd’hui, l’académie est composée de nombreux profils, essentiellement des ingénieurs agronomes et des spécialistes en développement durable, mais nous avons également des nutritionnistes. En effet, l’alimentation est un tout. Ce que nous mettons dans notre assiette est intrinsèquement lié à des questions politiques. Rien n’est jamais gratuit ; si nous voulons devenir un Etat souverain et autosuffisant en matière alimentaire, il est crucial de s’approprier ces aspects pour pouvoir mettre en œuvre un concept et le concrétiser ici», note-t-il. Toutefois, M. Lettte a fait savoir que la qualité de l’alimentation n’est pas toujours optimale. «Surtout si l’on considère que certains produits européens qui arrivent ici  ne sont pas toujours conformes aux standards de sécurité alimentaire. Parfois, il s’agit même de produits qui ne sont pas admis dans leur pays d’origine, comme certains laits en poudre qui manquent de valeur nutritive, ce qui a été démontré. Il est donc crucial que les citoyens soient informés, en recevant des informations fiables, et non pas ce que la publicité peut en dire», expose M. Lette.

Marie-Noëlle Gomis, spécialisée en nutrition et en sécurité alimentaire, analyse le contenu de nos assiettes : «Nous avons compris que manger a une dimension politique et qu’à travers nos choix, nos pratiques et nos engagements, nous participons à la transformation du Sénégal. La Green Academy a été une école pour nous, un lieu d’échanges et d’action. Nous avons rencontré sur le terrain des femmes et des hommes cultivés, respectueux, qui innovent, construisent et partagent leur savoir-faire. Nous avons vécu des moments de réflexion, de remise en question, mais surtout de renaissance collective.»
Par Abdou Latif Mohamed MANSARAY – latifmansaray@lequotidien.sn