Le Président Macky Sall a demandé une révision de la loi de 1983 sur la publicité. Pour les organisations de la presse, cette loi obsolète doit être remise à jour. Le secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé, estime qu’il faudrait que la publicité puisse profiter aux médias privés qui en tirent l’essentiel de leurs revenus.

Malgré l’absence de statistiques fiables, l’on sait que le marché de la publicité est très dynamique au Sénégal. Mais il se caractérise également par un cadre règlementaire obsolète. En effet, la loi 83-20 du 28 janvier 1983 n’a tout simplement jamais été effective, faute de décrets d’application. Lors du Conseil des ministres de ce mercredi, le président de la République a invité le gouvernement à finaliser la révision de la loi sur la publicité, en concertation avec les professionnels du secteur. Une invite qui ravit le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics). Selon le secrétaire général Bamba Kassé, les médias tirent leurs principales ressources des recettes publicitaires. Et la réforme de cette loi a été déjà intégrée dans la plateforme revendicative de la Coordination des associations de presse (Cap). «Ce que nous attendons, c’est que la loi soit mise à jour en tenant compte de l’évolution de la société sénégalaise dans son ensemble, mais surtout de l’évolution technologique. En 1983, il n’y avait même pas internet», indique M. Kassé. Obsolète et dépassée, la loi de 1983 compte même le tam-tam comme un des principaux supports utilisés au Sénégal avec notamment la radio, la télévision, le journal, le cinéma, l’affiche. Aujourd’hui, en l’absence de statistiques claires, certaines sources documentaires indiquent que le marché de la publicité avoisine les 15 milliards de francs Cfa par an. Pour les organisations de la presse, il faudrait alors faire en sorte que les médias privés puissent avoir accès à cette manne financière. «Les médias publics ont des subventions de l’Etat. Il faudrait que la publicité puisse aller aux médias privés. Ce qui permettra d’équilibrer les ressources des médias et assurer une viabilité des médias privés», estime Bamba Kassé. Mais attention, prévient l’expert-conseil en management du marketing et de la communication Mas­samba Mbaye : «Il ne faudra pas oublier l’inégale qualité des supports de presse et la liberté pour les annonceurs aussi bien publics que privés de choisir un média qui répond le plus à leurs référents et qui leur permettrait de toucher leur cœur de cible.» En tout état de cause, les organisations de la presse militent pour la fixation d’un pourcentage du budget à ne pas dépasser pour les médias publics.
La loi de 1983 prévoyait la mise en place d’un organisme de contrôle dont la création devait permettre l’application des principes de base. «Les règles fondamentales auxquelles la publicité doit obéir pour être un instrument de pratique loyale sont, entre autres, la décence, la loyauté, la véracité, la protection de la personne privée, des enfants et des adolescents, les impératifs de la sécurité, etc.», posait le législateur. Dans ce travail de régulation, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) assure un contrôle sur les médias. Mais l’affichage et internet restent des domaines qui lui échappent.