Mbagnick Ndiaye a procédé au lancement officiel de la Quinzaine de la Francophonie. Ce sera du 15 au 20 mars prochain. La cérémonie de lancement a servi de prétexte à la représentante personnelle du chef de l’Etat à la Francophonie pour réclamer une Franco­phonie où les rapports commerciaux seront plus égaux et les conditions de vie des entités améliorées.

La Francophonie a besoin de courage. C’est l’avis de Penda Mbow, représentante personnelle du chef de l’Etat à la Francophonie. Un courage, indique-t-elle, pour instaurer des rapports plus égaux entre ses membres. L’universitaire pense que cela permettrait aux membres de cette communauté de dire «qu’il est bon de vivre en Francophonie». Pour ce faire, elle estime que cette organisation doit inventer une nouvelle forme de coopération. Au-delà du partage de la langue, «elle doit s’atteler à l’amélioration des conditions de vie de toutes les entités de la Francophonie», soutient le Professeur d’histoire. La représentante du chef de l’Etat propose à l’institution d’agir sur plusieurs points parmi lesquels les rapports économiques. Elle revendique des rapports plus égaux qui «corrigent le caractère injuste de nos échanges commerciaux». Pour elle, la solution réside dans le transfert effectif des technologies qui, selon elle, est primordial. «Comment comprendre que les pays du sud, potentiellement riches, ne tirent que faiblement parti de leurs richesses, car incapables de les transformer ?», s’interroge-t-elle. Elle pense que cette organisation peut faire changer les termes de l’échange. Une révolution qui, selon l’universitaire, permettrait «d’amoindrir le spectacle navrant de nos enfants qui préfèrent mourir dans l’océan atlantique dans l’espoir fallacieux d’améliorer leurs conditions d’existence en ralliant l’Europe, objet de tous les fantasmes», estime-t-elle. Il n’y a pas que les termes de l’échange. Mbagnick Ndiaye, ministre de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Francophonie, y ajoute le déséquilibre linguistique, mais également les prises de décisions. Cependant, M. Ndiaye, qui a lancé la Quinzaine nationale de la Francophonie, estime que l’organisation peut servir de cadre pour améliorer ce déséquilibre ; d’où le thème de cette année : «Langue française, note d’union pour agir». Selon lui, il faut une communauté qui agit pour un monde meilleur.
Professeur Mbow est convaincue qu’il y a de la place à prendre pour la Francophonie pour le leadership mondial. La Francop­honie, ayant une langue et des valeurs en partage, suscite une solidarité agissante entre ses membres et au-delà, car des pays de langues différentes frappent de plus en plus à sa porte. Cela se passe dans un contexte où, indique Mme Mbow, «la domination des pays comme les Etats-Unis sont en déclin à cause de la politique de repli sur soi actuellement en vigueur, mais aussi de la Russie qui peine à retrouver son lustre d’antan depuis l’effondrement du bloc soviétique». Elle a salué la présence de Francophones dans le web qui favorisent l’accès et les services en français et la participation à la création à un moment où on parle d’intelligence africaine et à la mise en place de nouveaux services dans le numérique, mais aussi l’approche de l’organisation sur les questions de démocratie.
Des défis sur lesquels on attend la Francophonie. Et cette quinzaine sera un moment fort pour échanger et trouver des solutions. Quant au président du Groupe des amis de la Francophonie, il a attiré l’attention des autorités sur l’envahissement des termes anglo-saxons dans le langage courant ou dans celui des affaires. Il estime que les dirigeants de l’Oif doivent faire attention et être plus créatifs.
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