La banlieue dakaroise est considérée par l’opinion comme le lit de la violence juvénile. Ce serait un cliché, si l’on en croit les résultats d’une recherche effectuée par l’Institut africain pour la gouvernance urbaine (Iagu) sur la violence chez les jeunes à Dakar. L’étude s’est intéressée aux violences physique, verbale, sexuelle commises et/ou subies par les jeunes précisément dans les commune des Hlm et Médina Gounass dans le département de Guédiawaye. Le choix de ces deux communes s’explique, selon les chercheurs, par la situation contradictoire entre les Hlm, situées à la périphérie du centre-ville, considérées comme quartier mieux aménagé contrairement à Médina Gounass dans la banlieue, qui est comme un bidonville avec moins d’infrastructures sociales de base.
Les résultats de l’enquête présentée par Fatimatou Ndiaye de l’Iagu, qui va permettre de déconstruire certaines idées reçues, dévoilent que les auteurs de la violence physique représentent 10 % à Gounass contre 7,6% aux Hlm. En revanche, 13,3% des jeunes sont auteurs de violence verbale à Gounass contre 14,4% aux Hlm, alors que 0,7% des jeunes détruisent les biens d’autrui à Gounass contre 2,2% aux Hlm. En revanche, l’étude n’a pas fait état d’une évaluation sur la violence sexuelle à Gounass alors qu’aux Hlm, elle est de 0,2%.
Cependant, les jeunes ne sont pas que des auteurs de violence. Il y en a parmi eux qui subissent des agressions en tous genres comme l’attestent les résultats de l’étude, qui révèle que 21,7% des jeunes sont victimes de violence physique à Médina Gounass contre 19,5% aux Hlm. Aussi, les violences verbales touchent 38,5 à Gounass et 44,8 aux Hlm, alors que les violences sexuelles concernent 1,2% à Gounass et 6,1% aux Hlm. Il ressort de l’étude que les victimes d’atteinte aux biens représentent 38,5% à Gounass et 49,3% aux Hlm. «Les violences verbales, sexuelles et cas d’atteinte aux biens, sont beaucoup plus importants aux Hlm contrairement à Gounass», a conclu Fatimatou Ndiaye, qui a présenté hier les résultats à l’atelier sous-régional sur le thème: «Comment comprendre et surmonter l’exposition des jeunes à violence, l’exclusion et l’injustice en Afrique.»
La famille, un bon mécanisme de résilience contre la violence
Les résultats ont également montré que les jeunes auteurs de violence verbale sont des marginalisés, rejetés dans leur famille, fréquentant les espaces publics tels que les salles de jeux, les terrains de sport, ceux vivant avec des familles en conflits, ceux impliqués dans des conflits de voisinage et les jeunes qui ont développé une certaine expression artistique. Ces mêmes facteurs concernant les cas de violence physique et d’atteinte aux biens. «On peut établir le lien entre le statut ou les conditions sociales des jeunes et leur engagement dans la violence», a soutenu Fatimatou Ndiaye.
L’exclusion, la marginalisation, l’absence de leur implication dans la marche de la société font partie des causes de la violence des jeunes. «L’Afrique est jeune mais la place de sa jeunesse est infirme», s’est désolé Dr Oumar Cissé, directeur exécutif de l’Iagu. La recherche a aussi révélé que la famille est un mécanisme extrêmement important qui a permis à certains jeunes de ne jamais être exposés aux violences.
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