Après les indignations suite à des menaces de mort adressées à des journalistes, le Synpics invite l’Etat à assurer la protection des professionnels de l’information et de la communication.

Plusieurs journalistes ont fait l’objet de menaces de mort depuis l’éclatement de l’affaire dite «Sweet beauty» dans laquelle l’opposant Ousmane Sonko est accusé de viol présumé et de menace de mort supposée. Le Synpics constate avec «désolation et effroi la vague d’intimidation et de violence verbale à l’encontre de la presse, voire de menaces de mort adressées parfois anonymement, souvent à visage découvert, aux travers des messageries des réseaux sociaux». Ainsi, le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal annonce que la Fédération internationale des journalistes (Fij), le Comité de protection des journalistes (Cpj) de New York, Reporters sans frontières (Rsf) seront officiellement saisis. Le Synpics compte aussi dénoncer ces pratiques devant toute entité de défense de la liberté de presse en mesure d’endosser, dit-il, des poursuites pénales dans les juridictions autres que sénégalaises.
En attendant, le Synpics en appelle au sens de la responsabilité de tous. Il invite les confrères et consœurs à ne pas minimiser ces menaces et à les rendre publiques au besoin, en reproduisant les captures des messages qui leur sont adressés. Toutes les victimes de menace sont appelées à se signaler à l’adresse email (synpics@yahoo.fr) et à porter plainte devant les juridictions compétentes pour permettre au Syndicat d’assurer un suivi coordonné.
Il demande aux responsables de partis politiques, de tous bords, à «éduquer davantage leurs militants sur les concepts de liberté de presse dans un espace démocratique, ou à défaut à se démarquer publiquement et à se désolidariser officiellement de telles pratiques». Mais les journalistes et techniciens de l’information et de la communication sont également invités à poursuivre la mission professionnelle qu’ils ont choisie : informer librement et sans entrave aucune le public de tout sujet qu’ils jugent utile, dans les seules limites de la loi et des règles professionnelles.
Peu avant ce communiqué du Synpics, son secrétaire général, Bamba Kassé, s’était indigné sur les ondes de la Rfm. «Nous disons basta. Il faut que ça s’arrête et que ça cesse tout de suite. On n’est pas dans une jungle. Nous sommes dans une République. Le journaliste fait son travail. Il n’est pas là pour prendre fait et cause pour qui que ce soit, que ce soit le pouvoir ou l’opposition. Aujourd’hui, que ce soit le pouvoir religieux, économique, le journaliste, son rôle c’est de donner de l’information», avertit-il. Et d’ajouter : «Si l’information ne vous plaît pas, c’est votre problème. Si maintenant vous pensez qu’en donnant cette information le journaliste a violé un de vos droits, il vous est possible, parce que le journaliste n’est pas au-dessus de la loi, d’aller l’attaquer au Tribunal. Mais menacer de mort des gens de façon aussi visible et ostentatoire, ça veut dire que ces gens-là, quelque part, soit ils sont fous soit ils n’ont peur de rien. Et quelqu’un qui te menace à visage découvert, c’est quelqu’un à prendre très au sérieux.» M. Kassé avait dans la foulée fait savoir que le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, et celui de la Justice, Me Malick Sall, seront tous saisis.
Selon le Synpics, successivement les publications Les Echos, Source A, puis nommément les journalistes Cheikh Oumar Ndaw, Daouda Thiam, Yakham Mbaye, la présentatrice de l’émission «Com politique» Zeynab Sankar ainsi que Mame Maty Fall, journaliste établie en Europe, plus connue sous le sobriquet «Maty Trois Pommes», et tout récemment Maïmouna Ndour Faye, directrice générale de la chaîne privée 7Tv, ont fait l’objet de menaces de mort. Le Synpics estime que ces tentatives d’entrave à la liberté de presse sont «inacceptables» dans une République comme le Sénégal.