La société civile est très remontée contre le gouvernement du Sénégal qui a procédé au retrait de l’agrément de siège d’Enda lead Afrique francophone. Regroupée dans un collectif, elle annonce un plan d’action et exige le retrait et l’annulation de l’arrêté du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Elle appelle l’Etat au respect des libertés et dénonce les «persécutions injustes» du ministre de l’Intérieur.

La société civile n’entend pas baisser les bras à la suite du retrait de l’agrément de siège d’Enda lead Afrique francophone par le ministre de l’Intérieur. Regroupés dans un collectif, Amnesty international Sénégal, la Raddho, Y’en a marre, Legs Africa, M23, Alioune Tine, Article 19 Sénégal Afrique de l’Ouest, Forum social Sénégal entre autres ont annoncé un plan de riposte contre l’arrêté du ministère de l’Intérieur visant l’Ong et le mouvement Y’en a marre. Un plan d’action est en gestation prochainement pour donner suite à cette prise de position qui interpelle le gouvernement du Sénégal.
Les organisations de la société civile qui se sont toujours réunies dans le cadre de cette initiative appellent le gouvernement du Sénégal à un respect strict des principes consacrés par la Constitution, loi fondamentale du pays, ainsi que les différents engagements internationaux dont l’Etat du Sénégal est partie. Le collectif réclame ainsi le retrait immédiat de l’arrêté du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, visant l’association Lead Afrique francophone. Les associations de droits humains expriment leur solidarité à Y’en a marre et à Enda lead Afrique francophone qui, pour elles, font l’objet de «persécutions injustes de la part du ministère de l’Intérieur».
Elles exigent en outre le respect des droits et l’arrêt des «actes d’intimidation en cours contre d’autres organisations». D’ailleurs, préviennent les associations de la société civile, d’autres Ong comme Oxfam, Osiwa et Enda Tiers monde sont aussi dans le collimateur des autorités.
Il faut rappeler que ces Ong ont été auditionnées au commissariat central de Dakar dans le cadre d’une enquête ouverte sur des présumés «financiers irréguliers» au profit de Y’en a marre.
Au-delà de cet acte «grave» et «inacceptable» dans le fonctionnement d’un Etat de droit, le collectif de la société civile fait constater «des tentatives répétées depuis un certain temps de l’autorité publique de réduire l’espace public d’expression des citoyens et des organisations de la société civile par des menaces et actes d’intimidation qui ne peuvent prospérer dans notre démocratie qui consacre les libertés individuelles et collectives et la participation citoyenne dans sa charte fondamentale et dans l’essentiel des textes juridiques organisant la République sénégalaise», lit-on dans la déclaration de la société civile.
La société civile considère les périodes électorales comme des moments de tensions et de mise en œuvre de stratégies d’endiguement des forces sociales. Or, note-t-elle, ces forces sociales ne travaillent que «dans le cadre de l’intérêt public à travers des actions destinées au progrès économique et social des citoyens et au renforcement de notre démocratie», estime la société civile.
Les organisations de la société civile, qui disent partager des valeurs communes de démocratie, de protection des droits humains et des libertés individuelles et collectives, de participation à l’action publique des citoyens, soulignent qu’elles renouvellent leur ferme attachement à ces principes et s’engagent à les défendre au niveau national et international.
Vendredi dernier, l’Ong Lead Afrique francophone a reçu la notification d’un arrêt du ministre de l’Intérieur daté du 5 novembre 2018, abrogeant l’arrêté autorisant la création de l’association, mettant ainsi fin à l’autorisation accordée à l’association et ordonnant la cessation immédiate de ses activités sur le territoire national.
Aupa­ra­vant, le mardi 13 novembre 2018, les responsables de l’association avaient été convoqués pour un interrogatoire qui a duré plus de 6 heures de temps au Commissariat central de Dakar, en même temps que trois autres responsables d’Ong (Enda tiers monde, Oxfam, Osiwa) dans le cadre d’une enquête ouverte sur des présumés financiers irréguliers au profit de Y’en a marre. Une association qui, d’après le ministre, ne bénéficie pas de la reconnaissance d’utilité publique.

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