Dans un Etat de Droit, pour une réforme en profondeur du cadre juridico-légal, il est nécessaire d’adopter une nouvelle Constitution en lieu et place d’une réforme constitutionnelle. Une telle idée a été émise par le Professeur Ahmed Ndiaye lors de l’émission «Grand jury» de la Rfm. «Au regard de toutes les réformes à envisager, le nouveau président de la République, l’Exécutif, doit préconiser l’adoption d’une nouvelle Constitution», a renseigné le maître de conférences. Laquelle, considère-t-il, doit être la traduction des valeurs de notre société.
La diminution des pouvoirs du chef de l’Etat est l’une des dites réformes à envisager, même si on doit passer, selon lui, par une augmentation des pouvoirs du Premier ministre. «Le déséquilibre est manifeste. Il n’y a qu’un pouvoir au Sénégal, et c’est la fonction présidentielle avec le chef de l’Exécutif. A la limite, tous les autres sont souvent des bras armés, des prolongements, une sorte de continuum de la fonction présidentielle. Ils sont souvent là pour permettre à ce que les volontés capricieuses du prince soient mises en branle. Et donc, l’hypertrophie de la fonction présidentielle. Voilà notre malheur», affirme le Pr Ahmed Ndiaye. Les difficultés se situent, selon lui, dans un «hyper-présidentialisme».
«L’hyper-présidentialisme, voilà notre misère, et ce n’est pas pour rien que j’ai accueilli avec beaucoup d’enthousiasme l’idée d’un nécessaire rééquilibrage des pouvoirs entre les différentes institutions», fait-il remarquer. Et le professeur Ahmed Ndiaye d’étayer ses propos. «Je crois qu’aujourd’hui, apprenant les leçons du passé, nous avons compris qu’il nous faut une autre façon d’aborder nos institutions. Il nous faut rationaliser la fonction présidentielle. Voilà peut-être l’œuvre magistrale à envisager. Par exemple, le Premier ministre est, depuis la nuit des temps au Sénégal, un simple directeur de Cabinet. Aujourd’hui, il faut véritablement en faire un centre de pouvoir ou une station de décision», indique-t-il. «Il faudrait renforcer les prérogatives en tant que contre-pouvoir, en tant que contrepoids de toutes les autres institutions», ainsi prône-t-il en parlant de la fonction présidentielle «à défaut» de la «dégrossir».
«Rééquilibrer les pouvoirs» est l’idée qu’il défend. «Un rééquilibrage qui ne signifiera pas nécessairement l’affaiblissement de la fonction», a estimé le professeur Ndiaye. Ce qui revient à faire un «encadrement drastique» des pouvoirs du président de la République. «Il est nécessaire de renforcer les trois pouvoirs, à savoir l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire», selon le professeur Ahmed Ndiaye. Ce dernier voit à travers l’Exécutif, un renforcement des pouvoirs du gouvernement, donc ceux du Premier ministre, précisant que ces réformes devront être engagées après un dialogue.
Il indique qu’il est certes bien de vouloir opérer des changements, mais il estime qu’il est préférable d’y aller «doucement pour éviter les erreurs».
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn