Rencontre – 50ème Congrès international d’histoire militaire à Dakar : Rébellions et souveraineté au centre des débats

Le 50è congrès international d’histoire militaire s’est ouvert hier à Dakar. Ce congrès de 5 jours, regroupe des universitaires, experts et militaires venus de 37 pays pour réfléchir sur l’histoire militaire et sur la fragilité des Etats face aux contestations armées.
Par Ousmane SOW – «Rebellions et souveraineté à l’époque contemporaine de 1800 à nos jours.» C’est le thème du cinquantième congrès international d’histoire militaire (Cihm), qui se tient depuis hier à Dakar. L’événement, inscrit à l’agenda de la Commission internationale d’histoire militaire, marque la quatrième organisation d’un tel congrès sur le continent africain, après le Maroc (2004), l’Afrique du Sud (2007) et le Cameroun (2017). Ainsi, pendant cinq jours (du 1er au 5 septembre), chercheurs, universitaires, officiers généraux et historiens se penchent sur une problématique qui traverse les siècles et continue de hanter les Etats démocratiques.
En ouvrant les travaux, le président de la Commission sénégalaise d’histoire militaire, Mor Ndao, a tenu à retracer le chemin qui a conduit le Sénégal à accueillir ce rendez-vous. «Cet événement constitue l’aboutissement d’un travail collectif considérable entrepris depuis cinq ans, quand le Sénégal décida de déposer un dossier pour accueillir ce cinquantième congrès», a-t-il rappelé, rendant hommage aux institutions qui ont soutenu la candidature, de la Présidence au ministère des Forces armées. Pour lui, le choix du thème découle de l’actualité des conflits qui se manifestent sous forme de rébellions qui soumettent à dure épreuve les souverainetés depuis le 19ème siècle. «L’objectif de ce congrès à travers ses sessions académiques est d’explorer, documenter et d’analyser ces conflits afin de mieux comprendre les registres des connaissances qui accompagnent ces crises, ainsi que leurs prises en compte par les politiques publiques. On interrogera, à travers ce congrès, une problématique majeure, mais surtout un domaine crucial sans la maîtrise duquel l’avenir de nos communautés et de nos Etats-mêmes risque d’être hasardeux», a-t-il expliqué. M Ndao précise que la commission a pour but d’encourager et de coordonner les études et recherches en histoire militaire, de favoriser les contacts et collaborations entre historiens militaires, organismes et archivistes militaires, gestionnaires de musées militaires, enseignants-chercheurs des universités, «de confronter les résultats de leurs travaux, de promouvoir les résultats des recherches sur l’histoire militaire et de renforcer les liens entre civils et militaires». Le congrès, qui se termine ce vendredi, souhaite apporter une contribution positive à la consolidation de la Commission internationale d’histoire militaire.
Prévenir l’occurrence de rébellion…
Venu présider la rencontre, le Général de corps d’armée, Birame Diop, ministre des Forces armées, a rappelé l’importance de la thématique choisie. Et dans son discours, il a d’ailleurs souligné que la Commission internationale d’histoire militaire et les commissions nationales travaillent intensément sur la recherche, la publication, mais également la formation en mettant l’accent sur les causes et les effets des guerres, sur l’économie de défense, les relations civilo-militaires et la technologie militaire. «Et cette année, la Commission internationale a choisi une thématique d’une très grande importance : «Rébellions et souveraineté à l’époque contemporaine de 1800 à nos jours»», fait-il savoir. Selon Birame Diop, ce congrès doit également servir à tirer des leçons pour l’avenir. «Nous n’avons pas de doute qu’à l’issue des travaux, des leçons seront apprises qui permettront surtout de prévenir l’occurrence de rébellion, de révolte ou de front qui remettent en question la survie même de nos Etats démocratiques», a-t-il insisté.
Par ailleurs, au-delà de la sécurité, le ministre des Forces armées voit dans ces réflexions un levier pour renforcer la gouvernance et le développement. «Les leçons qui seront tirées vont certainement permettre d’améliorer la gouvernance de nos institutions militaires, leur professionnalisation, mais aussi celle de nos sociétés démocratiques. Et par conséquent, les conditions d’un développement durable et du bien-être de nos populations», a-t-il affirmé avec conviction. Birame Diop a aussi souligné la portée mémorielle de l’événement. «En préservant notre héritage et en le rendant accessible à tous, nous renforçons notre identité collective et transformons notre histoire en un puissant levier de développement économique, social et culturel», a-t-il affirmé. Citant la Révolution Torodo menée au XVIIIè siècle au Fouta Toro par Thierno Souleymane Baal, il a rappelé que les rébellions «fragilisent l’autorité de l’Etat en proposant des formes concurrentes de légitimité de gouvernance».
ousmane.sow@lequotidien.sn