La Maison de la culture Douta Seck a accueilli, hier, la première Rentrée littéraire du Sénégal sur le thème : «Souveraineté littéraire : possibilités et perspectives.» A l’initiative de l’Association sénégalaise des éditeurs (Ase), en collaboration avec l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre, cette rencontre de deux jours (17 et 18 avril) a pour objectif de redonner au livre ses lettres de noblesse.Par Ousmane SOW – 

Au Sénégal, pays reconnu pour sa richesse littéraire et ses écrivains de renom, il était temps que le secteur du livre se dote d’un rendez-vous structurant, pour compléter sans doute le Salon national du livre, le Festival international de littérature de Dakar (Filid), le Salon du livre féminin, le Salon du livre de jeunesse, la Salon international du livre de Thiès (Silt)… Et bien d’autres initiatives à Dakar, dans les régions et au niveau de la diaspora. «Si elle complète une série d’activités littéraires et culturelles désormais inscrites dans l’agenda culturel national, la Rentrée littéraire vient combler à sa manière un vide, celui d’un événement attendu et fédérateur qui mette la lumière pendant un temps sur les auteurs et la création, avec notamment pour objectif de renforcer les partenariats, aussi bien avec l’institution qu’avec le secteur privé économique, aux fins de permettre que le créateur puisse vivre de son art», a expliqué Bacary Sarr, secrétaire d’Etat à la Culture, aux industries créatives et au patrimoine historique. Selon lui, dans un pays qui aspire à la souveraineté, cette Rentrée littéraire constitue un acte assez fort dans le domaine de la littérature. «C’est une journée très importante, parce que tout simplement les acteurs qui sont rassemblés ici, ce sont des acteurs qui portent, qui participent à la souveraineté, mais également à l’autonomisation du champ littéraire sénégalais, africain», fait-il savoir, rappelant que le 5 février dernier, à l’occasion du Conseil des ministres, le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, a décidé d’importantes mesures concernant le livre et la lecture. «Il a invité tous les acteurs du secteur à s’engager dans le Forum national sur le livre et la lecture, prévu à la fin du mois de juin. Le département de la Culture, en relation avec les acteurs, s’est d’ores et déjà attelé à la préparation de cet événement qui marquera d’une pierre blanche, je n’en doute pas, la trajectoire du livre et de la lecture au Sénégal», a fait savoir Bacary Sarr, tout en estimant que la réalisation de la souveraineté exige que «nous cultivions d’abord le sens de l’éthique. Assurément, le parrain, Abdoulaye Elimane Kane, et le conférencier, Alioune Badara Diané, constituent des modèles d’un savoir qui puise autant dans les sagesses autochtones que dans la pensée universelle».

«Un Sénégal souverain a besoin aussi d’une édition souveraine»
A travers cette Rentrée littéraire, organisée à l’initiative de l’Association sénégalaise des éditeurs (Ase), c’est toute une chaîne de valeur qui est remise au centre. Le choix du thème, «Souveraineté littéraire : possibilités et perspectives», ne doit rien au hasard. Il répond à un besoin urgent de repositionner le livre comme outil de souveraineté, à une époque où les jeunes se détournent de plus en plus de la lecture. Pour Aminata Sy, présidente de l’Association sénégalaise des éditeurs (Ase), cette rencontre est aussi un moment de plaidoyer pour le développement de l’édition nationale. Elle appelle à «la création des conditions d’une édition nationale forte et compétitive à travers la préférence nationale, en octroyant un quota aux maisons d’édition sénégalaises». Cependant, au-delà de ce plaidoyer, la Directrice générale des Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Neas), Aminata Sy, interpelle directement les nouvelles autorités. «Appel au chef de l’Etat pour impulser les mesures officielles requises créant les conditions d’une édition nationale forte et compétitive. L’inscription de nos ouvrages dans les systèmes éducatifs. Appel au gouvernement pour une exigence diligente des nouvelles options politiques sollicitées. Appel aux partenaires techniques et financiers pour tenir compte des nouvelles politiques en matière de développement de l’édition nationale. Augmen­tation aussi du Fonds d’aide à l’édition. Appel aux éditeurs pour resserrer les rangs, renforcer leur solidarité interne, afin d’assurer un suivi vigilant et pérenniser les acquis.» Le lien entre souveraineté politique et souveraineté littéraire est ici clairement assumé. Car, souligne Aminata Sy, «un Sénégal souverain a besoin aussi d’une édition souveraine».
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