Malgré un secteur du livre et de l’édition moribond dans le pays, «La Rentrée littéraire du Mali» tente, chaque année, depuis treize ans, de dynamiser et de questionner l’industrie. Cafés littéraires, débats et conférences étaient au cœur des rencontres cette semaine. Une semaine d’échanges qui s’est terminée ce samedi 20 mars par une soirée de remise de prix.

Pour la centaine de personnes présentes au Musée de la femme, c’est au son de la kora que commence la soirée. Après quelques minutes et à la surprise générale, Chab Touré, galeriste, critique d’art et essayiste, est appelé à monter sur scène. Il vient de remporter le prix du premier roman. «Je suis content d’avoir écrit ce roman parce que j’ai toujours écrit autrement et là, j’ai écrit dans l’intime. Ce qui m’a le plus poussé à écrire, c’est le fait que j’étais dans une incompréhension totale. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait ni ce qui arrivait à ce qui était autour de moi… Les gens que j’aimais, les lieux que j’aimais, les choses que j’avais plaisir à faire. Tout était et tout semblait chamboulé», déclare Chab Touré. Son roman, Le livre d’Elias, tisse le portrait de la société malienne abasourdie par la crise que traverse le pays. Dans les autres catégories, Ibrahim Lanséni Coulibaly et le Sénégalais, Khalil Diallo, ont été récompensés par les prix Massan Makan Diabaté et Ahmed Baba. Gaoussou Drabo, membre du jury, était satisfait de la qualité littéraire mais reconnaît que le chemin est encore long pour que le public s’imprègne de ces œuvres. «Le verre est aux trois quarts vide mais il y a un quart d’espérance dedans. Il y a beaucoup de jeunes écrivains, donc j’espère que c’est un noyau critique qui va demeurer et qui va, un beau jour peut-être, faire prospérer une pratique plus étendue de la lecture», confie Gaoussou Drabo.  Un vœu partagé par les professionnels du secteur car en dépit du nombre croissant de maisons d’édition, les tirages pour une œuvre littéraire dépassent rarement les quel­ques milliers d’exemplaires.
Rfi