Après l’effondrement hier d’un bâtiment avec un bilan de 5 morts et 8 blessés, on est à l’heure de situer les responsabilités. Des personnes rencontrées sur le site réfutent toute idée de malfaçon sur la construction du bâtiment et des autres avec lesquels ils forment le lotissement Al Azhar de la Sipres. Tous les soupçons convergent vers les travaux de réhabilitation enclenchés, et qui seraient à l’origine du drame.

Par Alioune Badara NDIAYE – L’effondrement, à la Cité Sipres à Zac Mbao, du bâtiment ayant causé la mort de 5 personnes, est au cœur des débats après le drame. L’endroit ne désemplit pas au lendemain de l’épisode macabre : habitants de la cité, porteurs d’activités autour et simples curieux rejouent le film de la folle journée ayant plongé la cité dans la consternation. De l’attroupement de circonstance devant un vendeur de café à la gargote implantée à une dizaine de mètres, en passant par la quincaillerie distante d’une trentaine de mètres du bâtiment qui s’est effondré, tous les mots convergent vers l’accident de mercredi. «C’étaient des jeunes vraiment sympathiques. C’est ici qu’ils ont pris leur petit déjeuner avant de se rendre à leur travail. Je n’en reviens toujours pas», a soutenu la tenancière de la gargote. «La maison n’était plus habitée depuis presque un an. Il paraît que le propriétaire l’a revendue, et c’est le nouveau propriétaire qui a entamé les travaux de réhabilitation. D’ail­leurs, il est souvent présent au chantier pour suivre les travaux», a poursuivi la dame. «C’est la volonté divine qui s’est manifestée, et je prie pour les ouvriers qui ont perdu la vie de façon si tragique», a-t-elle enchaîné. Ce qui était jusqu’à mercredi matin un bâtiment sur deux niveaux, n’est plus qu’un tas de décombres après le passage des engins du génie militaire pour ouvrir l’accès aux sapeurs-pompiers. «Les jeunes étaient en train de faire des chaînages. Le bâtiment s’est subitement incliné alors que les ouvriers étaient dans les travaux de renforcement de la fondation. On entendait leurs cris, mais on ne pouvait accéder à l’intérieur pour les sauver», a noté Abdou Faye, un maçon arrivé aux premiers instants de l’accident. Comme des vautours autour d’une proie, de jeunes gens se sont invités sur place à la quête du fer ou de toute autre trouvaille susceptible d’être mis sur le marché. Les habitants de la cité, de leur côté, ne se sentent pas menacés après cet effondrement. Pour Latyr Ndiaye, il s’agit d’un cas isolé qui ne saurait être brandi pour parler de menace sur la zone. «C’est un accident parce que des modifications ont souvent cours dans les villas, mais c’est la première fois qu’un bâtiment s »effondre. Nous sommes rassurés parce que les villas sont très bien construites», a-t-il indiqué, non sans préciser que des signes avant-coureurs étaient perceptibles au niveau du bâtiment. «Il y avait eu une alerte parce que le mur de clôture de la villa avait cédé il y a quelque temps», a-t-il noté. Trouvé sur place, Aly Diouf, un ingénieur en génie civil qui dit être venu pour «apprendre» de la situation, a aussi rassuré sur la qualité des maisons sur place. «C’est une construction qui a duré des années, donc c’est un cas isolé parce que le bâtiment se trouve dans une cité. Il s’agit d’un bâtiment existant qui était en extension dans une cité où les autres bâtiments tiennent debout», a-t-il brandi comme argument. Concernant la cause de l’affaissement, il fera savoir que les dispositions qui ont été prises pour l’extension n’ont pas été bonnes. Selon lui, ce genre d’opération requiert une expertise avérée avec des professionnels en la matière. La Sipres, conceptrice des logements, a dégagé toute responsabilité. «Nous n’étions pas au courant de ces travaux entrepris par le propriétaire. Traditionnellement, nos clients se rapprochent de nous quand ils veulent faire des modifications dans leurs villas et nous leur donnons les plans de béton armé visés par le bureau de contrôle», a indiqué jeudi, Anna Dia Ba de la Sipres sur les ondes de la Rfm. Elle a rappelé que les bâtiments implantés sur le lotissement Al Azhar ont été livrés en juin 2015. «Rien à craindre alors pour les autres habitants de la cité», a-t-elle conforté. Une alerte assurément pour les propriétaires qui entameront de probables opérations de modifications dans la cité.
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