Au cœur de la Gambie, le musée de Kachikally s’érige en un lieu où la faune, la spiritualité et la conservation s’entrelacent pour offrir une expérience unique. Situé dans la ville de Bakau, à environ 10 kilomètres de la capitale Banjul, ce site est un lieu de culte et de pèlerinage pour les habitants, mais joue aussi un rôle crucial dans la conservation de ces animaux menacés : les crocodiles.

Dans les profondeurs exotiques de la Gambie, se cache un trésor unique et mystérieux : le puits sacré des crocodiles de Kachikally. Situé dans la ville de Bakau, à environ 10 kilomètres de la capitale Banjul, ce site est un lieu de culte et de pèlerinage pour les habitants de la région. En effet, dans l’ombre de ces palmiers majestueux, ce sanctuaire naturel offre une immersion unique, où la faune et la culture se mêlent harmonieusement. A l’entrée, le doux murmure des feuilles se juxtapose aux rires des visiteurs, créant une symphonie apaisante. Mais la véritable magie réside dans le puits sacré, le foyer spirituel du parc. Ici, des crocodiles majestueux y glissent avec une grâce étonnante. Kachikally transcende son statut de simple établissement zoologique. Il incarne la richesse culturelle et naturelle de la Gambie. Pour Moussa Bayo, le gérant du site, une visite à ce puits de Kachikally est bien plus qu’une simple excursion ; c’est une plongée captivante dans l’essence même du lieu. «Kachikally est bien plus qu’un site touristique. C’est un lieu intime entre la nature et la spiritualité. Les crocodiles sont respectés ici, considérés comme des gardiens de notre héritage sacré. Ce puits que vous voyez détient des pouvoirs mystiques, notamment celui de favoriser la fertilité. Et des femmes venaient parfois de loin, avec l’espoir de recevoir les bénédictions de ces eaux magiques», raconte Moussa Bayo. Avec une expertise érudite et un dévouement inébranlable, Moussa Bayo travaille à préserver le riche patrimoine de Kachikally, faisant de ce puits aux crocodiles un lieu captivant où l’histoire et la tradition prennent vie. «Ce puits aux crocodiles de Kachikally est un site historique qui remonte à des temps immémoriaux. C’est le lieu de nos ancêtres qui venaient du Mali. Il a une profondeur de 6 mètres et une largeur impressionnante de 22 mètres. Et le site abrite aujourd’hui, plus de 100 crocodiles. Et ces  crocodiles sont considérés comme sacrés par les habitants et ne sont pas méchants», fait-il savoir, précisant également que les visiteurs peuvent observer les crocodiles de près, à travers la barrière de sécurité, mais sans passer par devant.

Vieux de 300 ans, ce bassin, soigneusement entretenu par la famille Bodian, accueille ces prédateurs majestueux, offrant ainsi aux visiteurs une immersion totale. Lieu empreint de mystère et de tradition, Kachikally, au-delà de son aspect culturel, joue aussi un rôle crucial dans la conservation de ces animaux menacés.

Une oasis de sérénité
Attirant non seulement les visiteurs intrigués par la faune, mais également ceux en quête d’une expérience culturelle fascinante, Kachikally peut également, d’après Moussa Bayo, apprendre à connaître la culture et les traditions locales, grâce à un musée qui présente des objets culturels et des photographies retraçant l’histoire politique de la Gambie. Au niveau de ce musée, on peut notamment retrouver sur les cimaises, des objets d’art, des portraits des anciens ministres et présidents gambiens notamment, le premier Président de la Gambie indépendante, Sir Daouda Diawara, Yahya Jammeh, Koukoy Samba Sanha, entre autres. A côté de ces figures politiques, se dressent également d’autres profils de femmes gambiennes comme Fatou Bensouda, feu Mme Harriet Margaret Ndow, Ann Thérèse Ndong-Jatta,…Bref, le musée de Kachikally, bien plus qu’un simple établissement abritant des reptiles, se veut également être le reflet d’une Gambie en évolution, où les traditions ancestrales cohabitent avec les préoccupations contemporaines.

De la tradition à la préservation
A Kachikally, chaque recoin du parc révèle une biodiversité fascinante. Des oiseaux exotiques dansent dans les branches et les sentiers sinueux offrent un voyage sensoriel à travers la flore luxuriante. Au fil des années, fait savoir Moussa Bayo, la nécessité de préserver ces créatures majestueuses et leur habitat a émergé.  «Le Musée de Kachikally est né de cette conscience croissante, fusionnant tradition et conservation. Il est devenu le gardien de la culture tout en assumant un rôle crucial dans la préservation des crocodiles, devenus une espèce vulnérable», éclaire M. Bayo, tout en ajoutant aussi qu’aujourd’hui, des initiatives de sensibilisation ont été mises en place pour informer les visiteurs sur l’importance de protéger ces reptiles menacés. Bien plus qu’un site touristique, dans ce lieu, les visiteurs peuvent plonger dans l’histoire de la Gambie, et s’immerger dans la spiritualité locale. «Kachikally est un site extrêmement important au niveau du tourisme en Gambie. Et nous, en tant que sénégalais, on a eu le bonheur et le plaisir d’accompagner nos touristes sur ce site-là», témoigne Moustapha Kounta, représentant du Collectif des acteurs du tourisme du Sénégal (Cats). Guide des journalistes de la presse culturelle sénégalaise pour ce programme Eductour de la 16ème édition du Festival Koom-Koom de Ziguinchor, il rappelle que la légende qui entoure ce site emblématique est entretenue par une seule famille : la famille Bodian. «C’est une propriété de la famille Bodian, mais ils sont maintenant de plus en plus accompagnés par les autorités gambiennes, parce que c’est un site touristique qui est visité par tout le monde. Et il est heureux aujourd’hui que des  journalistes sénégalais viennent en parler», s’est-il réjoui.

Kachikally, un puits aux pouvoirs mystiques

A Kachikally, c’est une rencontre intime avec les crocodiles. En effet, la piscine (puits) de Kachikally est imprégnée de spiritualité et de tradition. Selon la croyance locale, l’eau de la piscine a des propriétés mystiques et est réputée pour ses pouvoirs de fertilité. Des femmes viennent de loin pour s’immerger dans ses eaux, espérant bénéficier de ses vertus pour concevoir. Il est dit que la piscine a été créée par Cheikh Omar Foutiyou Tall. Selon la légende, le Cheikh a jeté un talisman dans la piscine, qui a transformé les poissons en crocodiles. Ces crocodiles sont depuis considérés comme sacrés par les habitants de la région. Le conservateur du site, Moussa Bayo, souligne avec passion leur rôle essentiel : «Les crocodiles ne sont pas simplement des créatures, mais des protecteurs de notre héritage spirituel.» A l’en croire d’ailleurs, la piscine de ces crocodiles de Kachikally offre bien plus qu’une simple rencontre avec des reptiles. «C’est une plongée profonde dans la culture et la nature, un lieu où la spiritualité et la conservation se conjuguent harmonieusement.» Et au-delà de la simple observation, ajoute-t-il, le musée revêt une aura mystique grâce à son bassin d’eau sacrée. Evidemment, des générations de Gambiens ont attribué à cette eau des pouvoirs de fertilité, attirant des visiteurs en quête de bénédictions. C’est un mariage étonnant entre la nature sauvage et la spiritualité locale. Cependant, pour les voyageurs en quête d’une expérience enrichissante, le bassin de Kachikally est une destination incontournable. Le site ne se limite pas à une expérience zoologique, mais un sanctuaire vivant qui incarne la richesse de la culture gambienne.