L’Association panafricaine pour l’alphabétisation et l’éducation des adultes (Paalae), basée à Dakar, a lancé une pétition intitulée «Stop au sabotage des langues nationales» pour dénoncer le fait que celles-ci sont «piétinées quotidiennement dans les documents officiels, sur les panneaux publicitaires et dans les médias», annonce un communiqué transmis dimanche à l’Aps.
«La Paalae ne peut manquer d’attirer l’attention sur un paradoxe. Au même moment où on célèbre les langues nationales, ces dernières sont piétinées quotidiennement dans les documents officiels, sur les panneaux publicitaires et dans les médias», souligne le texte. La structure compte envoyer sa pétition «au président de la République, au président de l’Assemblée nationale, aux autres responsables d’institutions de la République, au patronat, à l’Unesco Breda et partout où besoin sera».
Tout en saluant «les efforts des militants de l’alphabétisation» et en se réjouissant de l’attribution du Prix Confucius attribué par l’Unesco au Sénégal, pour ses actions dans le cadre du «Programme national d’éducation pour analphabètes adolescents et adultes à travers les Tic (Technologies de l’information et de la communication)», elle constate un «massacre de plus en plus massif contre des langues en général, africaines et sénégalaises en particulier». «A titre indicatif», la pétition relève les messages en langue nationale wolof inscrits à l’aéroport de Dakar Yoff et à l’hôtel King Fahd, sensés souhaiter la bienvenue aux étrangers, et qui «se traduisent après lecture par des insultes, à savoir bienvenue aux esclaves +dalal jaam+ et +dalal diam+».
«Ce sabotage s’explique par le non-respect des règles de transcription préconisées par les linguistes et fixées par l’Etat. Nous sommes conscients des résultats néfastes de ce paradoxe entre les discours et les pratiques», souligne la Paalae dans le texte disponible sur Internet (www.unepetition.fr/petition-topausabotagedeslanguesnationales).
Elle ajoute : «C’est pourquoi nous lançons la présente pétition dans le cadre d’une campagne intitulée : «Stop au sabotage des langues nationales». Nous nous inscrivons dans la dynamique de la Déclaration de Barcelone 1996 concernant les droits linguistiques des peuples et dans le suivi de la Conférence Internationale sur l’Education des Adultes (Confintea V) en général, l’engagement des Etats africains en particulier pour faire des langues africaines des instruments respectés, y compris dans l’administration».
L’Association panafricaine pour l’alphabétisation et l’éducation des adultes interpelle «l’’Etat, le secteur privé, la société civile, les collectivités locales» et suggère, «dans l’immédiat, dans le cadre de la promotion des langues nationales : le retrait ou la correction des affiches fautives à l’aéroport de Dakar Yoff et à l’hôtel King Fahd». «Il faut rétablir dalal jàmm (Bienvenue donc à ceux et celles qui arrivent chez nous) au lieu de jaam ou diam, c’est-à-dire les esclaves ; qu’il y ait une commission nationale pour veiller à la transcription correcte (l’Etat et le secteur privé sont particulièrement concernés, car les ONG et la société civile font correctement leur devoir)».
Dans le communiqué qui accompagne la pétition, l’association soutient «toutes les initiatives pour l’hommage posthume à Mame Younouss Dieng, les initiatives d’hommage à Arame Fall Diop qui continue de se battre pour la promotion des langues nationales et aux précurseurs : Sembène Ousmane, Pathé Diagne, Assane Sylla, Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Wade, Saliou Kandji, etc.» Elle insiste par ailleurs sur l’enjeu de l’alphabétisation pour la sécurité, la solidarité, la démocratie, le développement économique, l’épanouissement individuel et communautaire, relevant les «vertus de l’approche multilingue, multimédia, multi script».

Aps