Les acteurs du théâtre et des arts vivants ont célébré ensemble, ce 27 mars, la Journée mondiale du théâtre. Confrontés à un manque de financement, de logistique et de mobilité, ils ont saisi cette occasion pour poser leurs doléances. En effet, ils plaident tous pour la mise à disposition d’un fonds pour le développement du théâtre.Par Ousmane SOW

– «Nous n’avons pas besoin de nous distraire, nous avons besoin de nous rassem­bler.» Cette assertion de Peter Sellars a eu encore tout son sens hier, lors de la célébration de la Journée mondiale du théâtre dans la salle du Théâtre national Daniel Sorano. En effet, les acteurs du théâtre et des arts vivants ont profité de cette journée de joie pour essayer de diagnostiquer tous les maux qui gangrènent le secteur, mais aussi en rendant un hommage à leur défunts collègues. «Nous répondons par une seule voix, nous agissons par une seule voix et que nous faisons très attention par rapport aux gens qui nous entourent», a dit Lamine Ndiaye, artiste comédien. Les hommes de théâtre, en dépit des épreuves qui brident leur épanouissement, s’efforcent sans relâche de garder le label d’excellence qui  les a toujours caractérisés.
Joignant leurs voix et leurs attentes à celles des autres secteurs artistiques pour la concrétisation et la rémunération pour copie privée, ils sollicitent, auprès du chef de l’Etat, la mise à disposition d’un fonds pour le développement du théâtre. «Ce fonds nous permettra de professionnaliser davantage notre secteur d’activités, d’améliorer la qualité de nos productions artistiques et aidera également à leur diffusion pour un plus grand rayonnement des arts et de la culture sénégalaise partout dans le monde», a indiqué Matar Diouf, leur porte-parole.
Pour les acteurs, les idées et la bonne volonté ne sauraient suffire. Pour cela, ils sollicitent la mise en œuvre effective du décret qui permet la mise en œuvre de cette forme de rémunération pour copie privée qui constitue, selon eux, une puissante arme de lutte contre la pauvreté mais également un excellent mécanisme de financement de la culture.
Yacine Fellane Diouf, artiste comédienne, dira, pour sa part : «Le seul oublié aujourd’hui,  et qui de ce fait se contentait de grignoter souvent et peu du fonds d’aide aux artistes, reste le théâtre.»
Abondant dans le même sens, Pape Faye, artiste comédien, a pour sa part exprimé sa satisfaction à l’endroit de l’Association nationale des artistes comédiens du Sénégal qui, d’après lui, malgré le manque criard de moyens, est en train de mailler le territoire national. A en croire le président de l’Association des artistes comédiens de théâtre (Arcots), aujourd’hui, partout dans le pays et même dans les communes les plus reculées, il y a des compagnies théâtrales et toutes ces compagnies dé­pendent de l’Arcots national. «Mais là où il y a le babelasse, c’est l’insuffisance de moyens d’accompagnement institutionnel qui fait que la circulation des productions, des créations pose problème», a-t-il expliqué.
M. Faye indique que l’Arcots a déposé un document stratégique de développement du théâtre, mais ce document, dit-il, est resté lettre morte au niveau de la Direction des arts. «Les gens ne réagissent pas. Il n’y a même pas de retour mail. Et ça, c’est de l’irrespect. Nous représentons quelque chose dans ce pays-là. Et quand on écrit à l’institution pour pouvoir accompagner les acteurs du théâtre, il faut réagir. Il ne faut pas attendre la Journée mondiale du théâtre pour dire : ‘’Oui, on va appuyer’’. C’est un travail en amont. Nous sommes disposés à aller partout, au niveau international, dans les festivals du théâtre. Mais à défaut de création et de moyens, on peine à partir», déplore-t-il.
Dans le cadre de cette célébration, les artistes comédiens, acteurs et metteurs en scène ont initié un cortège qui a pris la direction du Boulevard de la République, où les participants ont observé une minute de silence non loin des grilles du palais de la République, pour rendre hommage à leurs défunts collègues, avant de mettre cap sur Pikine pour finir la journée.
Des prestations théâtrales de l’Espoir de Kaffrine, de la troupe de Dagana et de la troupe dramatique de Daniel Sorano ont également marqué cette journée portant sur le thème : «Le théâtre, un levier de développement.»