Plus importante nécropole de Rufisque, Mbélélane de Dangou voit ses espaces accaparés par le rythme accéléré des enterrements ces dernières années. Fonctionnel depuis 1904, le cimetière est donc maintenant presque plein et, dans quelques années, enterrer ses morts risque de devenir un casse-tête dans la localité. Les habitants, regroupés autour d’un comité, plaident l’élargissement du cimetière sur un Tf adjacent (9 ha) pour lequel les propriétaires demandent une somme hors de leur portée. Appel est ainsi lancé à l’Etat pour décanter la situation.

Par Alioune Badara NDIAYE – Où seront enterrés nos morts dans cinq ans ? Cette question hante le sommeil des habitants de la trentaine de quartiers faisant du cimetière Mbélélane de Dangou, dans la commune de Rufisque-Nord, le lieu de repos de leurs défunts. Depuis des années, les populations de la contrée alertent sur la situation, agitant la nécessité d’une extension. Leurs voix individuelles restées inaudibles, elles ont uni les forces pour un plaidoyer plus retentissant, mettant sur pied, pour ce faire, le Comité pour l’extension du Cimetière de Dangou regroupant les imams et autres notables des quartiers concernés. L’opération de désherbage du cimetière, dimanche, a été une occasion pour encore faire entendre la cause. «C’est à nous de bâtir nos maisons, mais c’est à l’Etat de nous trouver où enterrer nos morts», a insisté Ibrahima Ndiaye, imam de la Mosquée de Dangou Nord. Il a fait savoir que le cimetière est fonctionnel depuis 1904 et qu’avec le rythme accéléré des enterrements, il va de façon imminente faire le plein. «Présentement, c’est en moyenne trois enterrements par jour, mais des fois, on arrive à des pics de sept ou huit au quotidien. A ce rythme, c’est sûr que dans 5 ans, ce sera le plein assuré», a relevé Ousmane Mbengue, gestionnaire du cimetière. «Le Cimetière de Thiawlène (Rufisque-Est), confiné entre la mer et la Route nationale, n’a pas de possibilité d’extension, et c’est aussi le cas pour le Cimetière de Diokoul. Et ces cimetières, moins vastes que celui de Dangou, sont aussi presque pleins. Ceux de ces localités vont donc bientôt se tourner vers le Cimetière de Dangou pour enterrer leurs morts. Donc le Cimetière de Dangou, c’est le futur de Rufisque pour ce qui concerne les enterrements», a dégagé en perspective Pape Ndao Fall, imam de la Mosquée de Dares Salam et membre du comité. «On a fait des conférences (religieuses), des points de presse pour être entendus, mais ça ne bouge pas depuis lors», s’est-il désolé, appelant les autorités à réagir. «Le constat d’évidence aujourd’hui, c’est que le cimetière a presque atteint ses limites objectives en termes d’espace, donc son extension devient une impérieuse nécessité», a assuré Gorgui Ciss, Secrétaire général du comité. Le constat sur le site est révélateur : moins de 20 mètres entre la dernière rangée de sépultures et le mur de clôture. «Heureusement, pour le cas particulier du Cimetière de Dangou, il y a donc une assiette foncière qui est derrière, mais qui se trouve être un titre foncier de l’ordre de 9 hectares», a-t-il souligné.
Le Tf en question est la propriété de la famille de Ady Niang. A l’issue de discussions avec le comité, les membres de la famille ont planché sur une vente. Le problème : la somme avancée est hors de portée des habitants et même de la mairie. «Le coût est exorbitant et nous ne sommes pas dans les dispositions pour l’acquérir. C’est la raison pour laquelle nous en appelons aux autorités de ce pays, à commencer par M. le président de la République, en passant par son Premier ministre», a-t-il fait comprendre. Pour des habitants de ces quartiers, il urge pour l’Etat de procéder à une expropriation pour cause d’utilité publique. «C’est l’unique solution, sinon nous serons obligés d’y enterrer nos morts. On ne va pas chercher ailleurs où enterrer alors que ce site est libre», a prévenu Modou Ngom, un des nombreux Baye Fall ayant participé à l’opération de désherbage.
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