La Contribution économique locale (Cel), nouvelle loi sur laquelle l’Assemblée nationale s’est penchée hier en plénière, inquiète au plus haut niveau les communes industrielles. «Cette réforme a échappé à l’opinion publique nationale. Elle avait été introduite à l’Assemblée avant d’être retirée il y a un mois de cela (…) Hier, les députés sont convoqués en plénière sur la question», a fait savoir Amadou Sène Niang, porte-parole du maire de Rufisque, prédisant le pire pour la commune avec cette réforme. «On ne pourra plus payer les salaires et rien ne sera fait en termes d’investissement si cette mesure passe. Il faut que l’Etat prenne conscience du danger qui guette la Ville de Rufisque», a-t-il alerté. «La patente constitue avec le foncier bâti plus de 91,7% des recettes de fonctionnement que recouvre la Ville. S’il y a une réforme concernant cette patente-là, il était beaucoup plus normal d’avoir une démarche inclusive, participative qui pouvait permettre à la Ville d’en savoir plus et de donner son avis. Si l’Etat, à travers ce projet de loi, décide de supprimer la patente et de la remplacer par la Contribution économique locale qui est un nouvel impôt, nous sommes interpellés», a-t-il argumenté. D’après M. Niang, la réforme consiste à regrouper tous les fonds que représentait la patente payée par les entreprises dans les diverses communes dans une seule caisse à redistribuer à toutes les communes du Sénégal. «Ce sera une façon d’appauvrir certaines collectivités locales comme Rufisque, Dakar, Pikine et Guédiawaye dont les charges de gestion sont lourdes pour en alimenter d’autres qui n’ont pas de charges (…) On nous parle d’équité territoriale, mais ce n’est pas équitable. Ce sont les populations de Rufisque qui subissent les atrocités de la pollution de la Sococim», estime-t-il. Avant d’inviter l‘Etat à revenir en arrière. «Notre malchance, c’est de ne pas avoir de député-maire à l’Assemblée. Il y a juste Alé Lô, maire de Taïba Ndiaye, qui fait un plaidoyer important en ce sens. Khalifa Sall est député-maire, mais vu sa situation il ne peut rien faire actuellement», a-t-il regretté. «Il ne faudrait pas que l’Etat braque les communes sans activité industrielle contre celles où sont implantées des industries. Si l’Etat veut véritablement avoir un pays émergent, cela passe par des collectivités locales émergentes. Et pour ce faire, il n’a qu’à augmenter la dotation qui reste bloquée à 3,5%», a-t-il expliqué, se référant au Maroc avec une dotation de l’Etat pour les collectivités de l’ordre de 50%, du Gabon, de la République Démocratique du Congo qui ont mis en place des stratégies efficaces pour insuffler un développement réel auprès de leurs collectivités locales. «Ce qu’on attendait de la réforme de la fiscalité locale, c’était plutôt un mouvement en direction des collectivités locales. On s’attendait à ce que l’Etat lâche du lest en laissant aux collectivités locales la possibilité de pouvoir bénéficier de certaines recettes que lui-même a recouvrées depuis toujours pour son propre compte», a-t-il conclu.
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