#Rufisque – L’homosexualité à l’examen d’anglais : Une épreuve pas GAY – Les copies retirées du Bac blanc

La diffusion de l’épreuve d’anglais au Bac blanc, proposée jeudi aux élèves de Terminales L des 12 lycées du département de Rufisque, a suscité un concert d’indignations. L’épreuve en question, tournant autour d’une lettre adressée à sa mère par un homme pour lui annoncer qu’il était homosexuel, a été fortement désapprouvée par les Rufisquois qui y voient une manière de promouvoir l’homosexualité au Sénégal. Un tollé qui a conduit l’Inspecteur d’académie à retirer les copies et à annoncer une épreuve de remplacement.
Par Alioune Badara(NDIAYE – Correspondant) – «Etes-vous pour ou contre l’exclusion sociale des homosexuels au Sénégal ? Pourquoi ?» A ces questions qui revêtent des allures de sondage, les élèves de Terminale L des 12 lycées du département de Rufisque devaient répondre ce jeudi. Le sujet qui leur a été présenté tourne autour d’une lettre d’un individu (Michael) annonçant à sa mère son homosexualité, tout en faisant l’éloge de son travestissement qui lui a appris «la tolérance, la compassion et l’humilité». Le texte en question est tiré de l’œuvre Tales of the city (Les chroniques de San Francisco, titre français) de l’écrivain américain Amistead Maupin, un homosexuel marié et vivant dans un couple dans lequel il assume le rôle de la femme. A ce texte aux tonalités extravagantes sous nos cieux, des annonces dangereuses émanant d’un ou d’enseignants locaux ont été apposées. «C’est au nom de Dieu que les gens sont injustes envers les personnes gays. Ils sont hypocrites, ils ne veulent pas voir la vérité en face», peut-on en fait constater dans la section 2 de l’épreuve, se penchant sur les compétences linguistiques. «Les professeurs proposent leur sujet. Il y a ensuite une commission qui doit choisir un parmi eux et le valider après. Je ne sais pas comment ce sujet a pu passer. C’est un précédent dangereux et il faudra situer les responsabilités», nous a confié un professeur d’anglais sous le couvert de l’anonymat.
Dans le contexte actuel avec le débat agité par certaines organisations, accusant l’Etat d’avoir prêté le flanc face aux poussées des lobbys Lgbt, réclamant même dans la lancée une criminalisation de l’homosexualité, l’épreuve a tout naturellement provoqué une indignation collective suite à la publication du texte sur les réseaux sociaux. De jeunes Rufisquois, regroupés autour du mouvement Kaddu Teungueth, ont rallié l’Inspection d’académie de Rufisque pour marquer leur colère. «Rufisque ne sera pas la porte d’entrée des débauches dans ce pays. Nous nous sommes rendus à l’Inspection d’académie pour réclamer des explications sur cet acte de promotion de l’homosexualité», a indiqué à ce propos Pape Babacar Paye, président du mouvement.
«Nous dénonçons avec la plus grande énergie le sujet d’examen blanc d’anglais de l’Académie de Rufisque qui traite de l’homosexualité. On a l’impression que certaines personnes voudraient faire la promotion de l’homosexualité à l’école, c’est inadmissible (…) Nous n’accepterons pas que l’école soit le réceptacle de l’homosexualité», a tonné Abdou Faty, secrétaire général du Sels/A, engageant à la fois la responsabilité de l’Académie de Rufisque et celle du ministère de l’Education nationale.
Suite au tollé, instruction a été donnée aux proviseurs de retirer les copies de l’épreuve Lv1 d’anglais, a annoncé une note de l’Ia, faisant savoir qu’une épreuve de remplacement sera proposée la semaine prochaine. Pour autant, le coup est déjà parti et l’affaire semble prendre une autre tournure avec l’implication du ministère de l’Education nationale.
abndiaye@lequotidien.sn
1 Comments
Le tollé autour de l’épreuve d’anglais à l’examen du bac blanc à l’IA de Rufisque continue d’être sur la sellette. En tant qu’acteur dans le dispositif, assistant impuissant à ce spectacle répétitif plus que désolant, je ne peux retenir le sentiment qui m’habite
De prime abord, il faut condamner fermement un tel acte. Depuis hier, toutes les réactions sont allées dans ce sens. C’est salutaire. Toutefois, au-delà des réactions, j’interprète ce fait comme une réponse aux manifestations du 23 passé à travers le Sénégal contre l’homosexualité et pour sa criminalisation. L’acte n’est ni isolé, ni fortuit. En utilisant, l’école comme véhicule et Rufisque comme bastion test, les groupes favorables aux LGBT ont agi de manière stratégique. C’est un ballon de sonde pour mesurer l’impact au sein des élèves de la ville centenaire parmi lesquels, d’ailleurs, cette tendance perverse est présente depuis belle lurette. Mais c’est aussi une défiance à toutes les autorités qui se sont exprimées sur le sujet au cours de cette semaine.
C’est pourquoi, les indignations, condamnations, émotions et autres ne feront pas bouger d’un iota ces intégristes de la débauche. Après les positions réaffirmées dans nos sacro-saintes valeurs par diverses obédiences, chacun en ce qui le concerne doit oser se regarder en face et se demander en quoi est-il responsable de cette situation ? Qu’est ce qui n’a pas fonctionné dans le processus de choix des sujets ? Les cellules d’établissement, les cellules mixtes, le pool de formateurs censé superviser les choix et souvent ignoré, le responsable du bureau du Moyen secondaire, le secrétariat de l’IA, l’IA lui-même, le Proviseur qui reçoit les sujets, le Censeur, les collègues dans les établissements qui composent et dans le cas d’espèces le secrétariat du jury, bref, devant toute cette chaîne, aucun dispositif de contrôle. Ce relâchement est une conséquence directe de la désaffection des populations vis-à-vis de l’école publique avec laquelle nous devons renouer pour qu’elle retrouve sa vocation d’antan seule capable de barrer la route à ces types d’assaut contre les valeurs. Les fuites des sujets signalées çà et là, pour de simples épreuves de composition ou d’évaluations standardisées montrent à suffisance combien le moyen-secondaire et ses acteurs sont traités au sein du « système ». Les exemples qui nous confortent dans nos convictions foisonnent et le dernier en date est le sort réservé à la démultiplication du nouveau format du BFEM dans les académies de Dakar. Pour une réforme de cette ampleur, la conduite tatillonne de son implémentation et son organisation aux antipodes des rigueurs administratives traduisent une volonté manifeste de sabotage.
Face à ces dysfonctionnements, il n’est pas étonnant de voir ces mains extérieures, occultes et expertes, s’immiscer dans le processus afin d’assouvir leur maléfique dessein. Sans préjuger de rien, nous sommes fondés à croire que l’immixtion peut s’opérer à toutes les étapes devant un « système » qui fonctionne comme une vraie passoire. Pour autant, nous sommes persuadés que le changement passera par l’école (les enseignants) ou ne sera pas.
Votre humble serviteur
Ousseynou WADE, formateur
au CRFPE de Dakar