Saint-Louis Jazz – Alune Wade sur scène : Un prophète chez lui !

Si les organisateurs du Saint-Louis Jazz étaient partisans du moindre effort, ils allaient programmer Alune Wade durant tous les jours du festival. C’est un gage de réussite. Le Sénégalais ne déçoit jamais. Il a respecté sa réputation. C’est à un voyage de genres musicaux que le natif de Dakar a convié les festivaliers. L’artiste, qui a sorti un nouveau projet depuis le 2 mai dernier, a présenté l’opus. Et c’est loin d’être un échec !
«On me signale que les Cd sont en vente juste à la sortie. Vous pouvez vous en procurer la bas.» C’était la façon polie pour Alune Wade de dire au public que toute belle chose a une fin.
Et qu’il faut respecter le timing. Malheureusement, le public du Saint-Louis Jazz va devoir se contenter de seulement 1h 20 minutes de performance de Alune Wade et probablement prolonger le plaisir en abusant du bouton «replay» du lecteur Cd.
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L’artiste sénégalais a présenté New African Orleans, qui est une véritable fresque musicale explorant les liens entre l’Afrique de l’Ouest et la Nouvelle-Orléans. Sorti le 2 mai dernier, cet opus est un savoureux mélange de jazz, d’afrobeat et d’influences modernes. Si pour l’heure, la critique a salué l’album, la masse a, pour sa part, pu mesurer l’étendue du talent de l’artiste. Sur scène, c’était un voyage. Des sonorités mandingues aux notes sudafricaines, en passant par la musique afroaméricaine, Alune Wade est resté prophète à Saint-Louis. Et ce n’était pas qu’une question de patriotisme. En effet, l’habituel décor de la Place Baya a changé pour l’occasion. Des sièges vides qui faisaient partie du spectacle ont été occupés. L’enthousiasme se lisait sur le visage avant même le spectacle. Il a fallu annoncer Alune Wade pour que certains quittent leurs sièges pour se préparer à danser. Dès les premières notes, le public est conquis. Fidèle à ses habitudes, Alune Wade a entamé son voyage à travers le monde. Le fil reste évidemment le jazz. C’est tout le sens de la musique de Alune Wade. Pour lui, «cette musique est un concept, un mélange de cultures». Essayer de décrire sa performance, c’est prendre le risque de ne point être objectif et fidèle, en même temps ne pas essayer est une faute. Alune Wade n’est pas musicien ! C’est un artiste. Et c’est toute la différence. Il ne se raconte pas. Il se consomme. Il se savoure.
Projection du film de Alune Wade : «Tukki», une odyssée musicale et mémorielle
New African Orleans explore les liens historiques et musicaux entre l’Afrique de l’Ouest et la Nouvelle-Orléans, berceau du jazz. L’album, enregistré dans des lieux chargés d’histoire comme Dakar, Gorée, Saint-Louis, Lagos, Badagry et Nouvelle-Orléans, intègre des sonorités de brass bands louisianais, de rythmes traditionnels ouest-africains (kora, n’goni) et d’afrobeat.
Il est complété par un documentaire (Tukki, des Racines au Bayou), des conférences et une parade urbaine inspirée des fanfares néo-orléanaises. Selon Alune Wade, le jazz est plus qu’un genre musical, c’est un mouvement de liberté et de vérité, enraciné dans une histoire afro-atlantique marquée par la traite transatlantique et la résilience. Sa prestation a incarné cette vision, avec des titres comme From Congo to Square ou Tukki qui retracent une cartographie sonore du monde noir. Alune Wade, à la basse et au chant, était accompagné d’un ensemble éclectique de musiciens venant du Sénégal, du Nigeria, des Caraïbes et des Etats-Unis. Cette diversité reflète l’approche métissée de Alune Wade, mêlant jazz, afrobeat, soul et musiques traditionnelles.
mgaye@lequotidien.sn