Saly – Antoine Diome aux administrateurs civils : «Ceux qui savent ne parlent pas et ceux qui ne savent pas passent tout leur temps à parler»
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Les administrateurs civils occupent une position privilégiée dans l’Administration. Producteurs et conservateurs à la fois du savoir-faire et du savoir-être dans la conduite des missions de l’Etat, ces derniers étaient en conclave à la Somone pour tenir leur 26ème Assemblée générale ordinaire.Par Alioune Badara CISS –
Le corps des administrateurs civils constitue une variable stratégique dans le mode d’organisation et de fonctionnement de l’Etat. Ils ont été gonflés à bloc par Antoine Felix Diome, le ministre de l’Intérieur, qui assistait à la 26ème Assemblée générale ordinaire de l’Amicale des administrateurs civils du Sénégal. A la tête du ministère, qui les emploie essentiellement, il a appris à apprécier le travail qu’ils abattent dans la gestion des affaires de l’Etat, qui est de «servir l’Etat et non se servir de l’Etat». «Dans les différents postes que vous occupez dans les départements ministériels, vous ne cessez de vous illustrer par votre connaissance de l’Administration dont la bonne maîtrise que vous avez de ses arcanes et rouages contribue à consolider l’Etat de Droit et l’équilibre de la société», expose Antoine Diome.
Mais, l’Administration, qui est restée essentiellement ancrée dans le passé, doit aussi s’adapter aux nombreuses mutations de la société sénégalaise. Avec l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, il a rappelé aux administrateurs civils la nécessité pour l’Administration de s’adapter par rapport à ces nouvelles réalités. «Sinon, elles vont finir par nous rattraper et déformer fondamentalement le sens premier de notre mission qui n’est rien d’autre que de servir l’Etat. Parce que si on n’y prend garde, la tendance est trop grande de faire, disons prévaloir des positions personnelles sur ce que doit être notre position au regard de l’intérêt général qui doit être notre seule boussole», avance le ministre de l’Intérieur.
Par ailleurs, il a souligné que par rapport à l’articulation dans la collaboration intergénérationnelle, il manque un point. A l’en croire, il y a une rupture entre les anciens et la jeune génération. C’est pourquoi il a invité les jeunes à aller vers les anciens pour recueillir leurs conseils avisés.
Le ministre de l’Intérieur est revenu aussi sur les dérives notées souvent dans la divulgation des secrets de l’Etat. Selon lui, c’est l’un des maux de la société actuelle. «Ceux qui savent ne parlent pas et ceux qui ne savent pas passent tout leur temps à parler, mais ça mérite réflexion parce les conséquences sont visibles. Lorsque ceux qui savent et ne parlent pas, laissent la place à ceux qui ne savent pas parler, la tendance est grande d’embarquer bon nombre de nos concitoyens dans l’ignorance et même dans l’erreur. Je ne doute pas un seul instant qu’ils sont de très bonne foi mais ils ne savent pas», admet le ministre de l’Intérieur.
En faisant le parallélisme, il donne l’exemple des administrateurs civils. «Nous connaissons les réserves naturelles des administrateurs civils, nous connaissons les réserves des grands commis de l’Etat parce que c’est avant tout bien travailler, parler peu et agir beaucoup. Mais si le danger est là, il est permanent, il nous guette, nous avons le devoir de partager. Ce n’est pas dans une posture paternaliste où nous donnons des conseils, mais au moins le peu que nous savons, nous avons l’obligation de le partager pour nous éloigner et aider à s’éloigner de l’ignorance, parce que celle-ci peut constituer un véritable danger pour nos sociétés», conseille le ministre de l’Intérieur.
abciss@lequotidien.sn