Un rapport, publié mardi dernier à Washington, démontre que la majorité des compagnies de tabac ne font pas assez d’efforts pour en finir avec la commercialisation des produits à risque. Et même si certaines sociétés tirent leur épingle du jeu, la forte demande de cigarettes semble ralentir les efforts de tous dans la recherche de produits moins toxiques.Par Mohamed GUEYE –
L’industrie du tabac, de manière générale, s’est engagée dans un mouvement de transformation pour réduire autant que possible la nocivité de ses produits. Beaucoup d’efforts sont faits dans ce sens par les grandes compagnies de tabac de par le monde. Malheureusement, un rapport publié le mardi 28 septembre dernier, au cours du Global Tobacco & Nicotine Forum, qui se tenait à Washington, aux Etats-Unis, a indiqué que si efforts il y a, ils sont encore bien insignifiants pour impulser un changement significatif vers la réduction des risques.
Ce rapport, intitulé, en anglais, «Tobacco transformation Index-2022 Index Ranking Report», indique que la majorité des produits vendus par les grandes entreprises de tabac sont encore à un niveau élevé de risque pour 95% d’entre eux, tandis que les produits à risques moindres ne sont que de 5% dans l’ensemble. Une telle présentation ne reflète néanmoins pas la grande diversité politique des différentes compagnies.
L’index a recensé 15 grandes sociétés de tabac de par le monde, des plus grandes à d’autres beaucoup moins importantes.
Malheureusement pour le public sénégalais ou ouest-africain, aucune de nos entreprises n’en fait partie. On a toutefois de grandes compagnies bien implantées au Sénégal et dans la sous-région, et dont les produits sont bien connus et achalandés ici. On trouve ainsi répertoriées des compagnies comme British American tobacco (Bat), Philip Morris International (Pmi), plus connue par son produit-phare, la cigarette Marlboro, qui en vient souvent à supplanter le nom de l’entreprise, Imperial Brand Plc, Altria Group Inc, et bien d’autres encore…
L’index assume que si la vente des cigarettes a très peu baissé entre 2019, où il a été vendu 4,9 mille milliards de cigarettes, et 2020, où ce nombre n’a connu qu’une baisse très légère pour se fixer à 4,8 mille milliards de cigarettes vendues, c’est parce que le marché est encore demandeur de ces produits. Et le plus important marché, selon l’index, se trouve encore dans les pays à revenus élevés.
Les produits les plus à risque pour la santé seraient encore vendus à 97% dans les pays à haut revenu, et les pauvres se partageant les 3% restant. Cela a un impact sur les efforts accomplis par les compagnies de tabac pour la commercialisation de produits à nocivité réduite.
La conséquence, pour les rédacteurs du rapport, est qu’il faudra encore plusieurs années pour que les produits de tabac à moindre risque puissent être commercialisés en majorité.
Parmi les compagnies dont les efforts en matière de recherche et développement pour mettre à la disposition du public des produits à moindre risque, l’Index place en tête, la compagnie suédoise, Swedish Match AB, Philip Morris Intl se plaçant à la seconde position, suivie de Altria Group et British American Tobacco venant en 5ème position. Il faut souligner que les deux premières sociétés de ce rapport se sont engagées à cesser au plus vite la production de la cigarette pour se tourner vers la commercialisation des produits de tabac sans fumée. Pmi, par exemple, dit consacrer à cet objectif le plus gros de ses efforts actuellement.
Le Tobacco Transformation Index en est à sa deuxième édition. Il se donne pour but de suivre l’évolution des entreprises du tabac dans leurs efforts de réduction de la commercialisation des produits à haut risque pour la santé.
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