La Cedeao a pris des sanctions contre la junte au Mali pour la contraindre à réduire, voire à annuler le délai de cinq ans qu’elle juge nécessaire pour mettre en place de nouvelles institutions dont le pays aura tant besoin.
Cette décision de la Cedeao va créer sans nul doute, une situation dramatique pour un Peuple déjà meurtri par de nombreuses tueries insensées et inutiles.
Ce pays dont l’histoire et la géographie se confondent avec celles du Sénégal au point qu’une fédération les avait réunis au début de notre souveraineté retrouvée, subit depuis des années, les assauts répétés de rebelles qui puisent leurs arguments dans le racisme, la soif du pouvoir et le trafic de drogue.
Notre pays représente à mes yeux, celui le mieux placé pour comprendre les difficultés du Mali et pourrait jouer un rôle de premier plan pour des négociations par des réseaux de nos chefs religieux, coutumiers que nous partageons de part et d’autre de nos frontières communes.
Je voudrais rappeler en soulignant que si la Fédération du Mali n’a pas duré, c’est à cause de la puissance colonisatrice que ne voulait pas de cette unité de l’Afrique préjudiciable à son hégémonie.
Après l’avoir compris, le Président Modibo demanda alors le retrait de l’Armée française sur son territoire.
La suite, on l’a connaît, car c’est le début de l’histoire chaotique du Mali, qui subit encore des coups d’Etat à répétition depuis 1968.
Les raisons sont liées d’une part à l’immensité du pays, qui fait six fois au moins le Sénégal, et d’autre part une forte influence islamique de ses populations, à laquelle des difficultés économiques sont venues s’ajouter.
Un tel pays, aussi vaste que la Mauritanie, l’Afrique, la Rdc ou l’Egypte et dont le Pib ne permet pas aux populations de sentir l’apport de l’Etat, par l’éducation, la santé, l’Adminis­tration quasi inexistante, reste fragile et exposé aux illusionnistes islamistes dangereux.
Dans le futur, le pays peut trouver son salut dans une autonomie limitée ou par une fédération du type du Nigeria.
Le Mali n’est pas pauvre, comme plusieurs de nos Etats, il regorge de ressources naturelles inexploitées pourtant connues et dans le secret du colonisateur.
Il faut chercher aussi dans les causes de ses problèmes actuels, la part importante des démocraties occidentales qui, en anéantissant la Libye, ont déstabilisé du même coup toute la région au sud du Sahara.
Je terminerai par les militaires qui prennent en otage la classe politique et la Société civile, qu’ils semblent avoir domestiquées.
A la moindre difficulté, les voilà qui reviennent, aussi bien installés dans leur désormais célèbre camp militaire de Kati, centre opérationnel des coups d’Etat du pays.
Ils doivent se convaincre que la Cedeao a agi pour les pousser à la négociation dans l’intérêt de leurs populations.
D’ailleurs, dans un tel contexte de gouvernance de militaires, peu d’investisseurs auraient le courage d’y placer leur argent au risque de se ruiner !
Il n’est pas tard de se mettre ensemble autour d’une table, à l’initiative de la junte qui n’y perdra ni son respect ni sa dignité pour des  négociations plus que nécessaires et urgentes.
Autrement, je ne doute pas que d’autres troubles liées aux pénuries, à la faillite de son économie et à l’insécurité généralisée, viennent perturber leur programme de cinq ou quatre années d’exercice du pouvoir militaire, autoritaire et illégal.

Fodé GUISSE
fodéguisssé@gmail.com