Les directeurs généraux des sociétés d’électricité et acteurs du secteur de l’Afrique de l’Ouest francophone se sont réunis à Dakar pour la première édition du Ceo, Forum sur l’électricité. Les participants vont échanger sur les priorités et les nombreux défis, notamment sur la faiblesse du taux d’accès à l’électricité, sur l’accès en quantité. Des problématiques communes à la région.

Le problème d’accès à l’énergie est une réalité dans la région ouest-africaine. Seuls 30% ont accès à l’électricité. Le Sénégal n’échappe pas à cette réalité, même s’il a un des taux d’accès les plus importants dans la sous-région avec 60% au niveau national, dans le monde rural il peine à atteindre les 50%. «Et cette disparité entre les zones urbaines et rurales constitue une problématique commune à la sous-région», soutient Mouhamadou Makhtar Cissé. Pourtant, cet accès limité à l’électricité ne se justifie pas. L’Afrique de l’Ouest regorge de potentialités en termes de ressources énergétiques naturelles, le gaz, le pétrole, le charbon minéral, le solaire, l’éolien et la biomasse. «Rien qu’avec les barrages dans certains pays africains, on aurait donné de l’électricité à toute l’Afrique de l’Ouest», note encore le Directeur général de la Société nationale d’électricité.
Alors que faire pour rendre l’électricité disponible surtout que la sous-région cible un objectif de 65% d’ici à 2030 ? C’est tout le sens de ce forum qui réunit les directeurs généraux des sociétés nationales d’électricité de l’Afrique de l’Ouest à Dakar. Les directeurs généraux vont mener une réflexion collective pour mutualiser les ressources humaines et définir sur une vision globale du sous-secteur de l’électricité en Afrique de l’Ouest. D’ailleurs, l’Afrique de l’Ouest dispose d’un instrument régional (Wapp), celui-ci qui est censé organiser le marché de l’électricité. Mais de l’avis du Directeur général de la Senelec, ce marché est encore «embryonnaire, l’Afri­que peine à marcher résolument sur le chantier de l’intégration, ce qui est valable dans l’économie est valable dans le secteur de l’électricité», constate M. Cissé, qui ajoute que dans les faits, «nous n’avons pas encore un véritable marché dans lequel les acheteurs peuvent mettre en compétition plusieurs vendeurs».

Bâtir une vision globale de l’énergie
Or, l’électricité est un domaine de coopération par excellence où les Etats peuvent faire des avancées très rapidement à travers les interconnexions. Le Sénégal a, avec le Mali et la Mauritanie, développé une interconnexion autour de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs) et du barrage de Manantali. Aujourd’hui, renseigne M. Cissé, ce réseau est interconnecté et s’étend à la Côte d’Ivoire. Le directeur de la Senelec juge ces réseaux importants puisqu’ils permettent d’améliorer l’accès, mais aussi de réduire les coûts de l’électricité.
Au-delà de l’accès, l’électricité est un facteur de compétitivité des économies de la région. Le Sénégal l’a compris et à fait de l’accès universel une priorité. D’ailleurs, le pays a procédé à la révision de ses objectifs pour l’accès à tous à l’énergie. «On est plus sur 2030 ou 2035 mais sur 2025», annonce Makhtar Cissé. C’est ce qui justifie le renforcement du mix énergétique avec un objectif de 30% d’énergie renouvelable. M. Cissé annonce dans la foulée, la construction du parc éolien dont les travaux sont lancés aujourd’hui, (Ndlr : ce jeudi) à Taïba Ndiaye. «Nous allons partir sur 50 mégawatts pour atteindre dans les 3 ou 4 prochaines années, 150 mégawatts. Avec l’arrivée prochaine du gaz, il y a de belles perspectives pour ce secteur et à partir de là, nous allons pouvoir baisser du coût de l’électricité qui devient une revendication», promet-il.
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