Ils sont nombreux les artistes qui ont décidé de participer à l’élan de sensibilisation contre la pandémie de coronavirus. Depuis quelques semaines, la toile, les télévisions et les radios sont saturées de ces compositions. Si le nombre pléthorique indispose certains, cela permettra d’atteindre une diversité des cibles pour d’autres.
La barre des 1 000 cas bien dépassée, le Sénégal cherche toujours le moyen de ralentir la propagation du Covid-19. Dans ce combat, les artistes musiciens veulent aussi jouer leur partition. Chacun y va de sa création musicale. Si certains ne sont pas allés chercher bien loin pour produire un clip sur le coronavirus, d’autres ont quand même pris le temps de murir leur projet et de proposer des produits de qualité. C’est le cas certainement de Daan corona. Dans ce clip, plusieurs artistes majeurs se sont réunis autour du «Roi du mbalax» Youssou Ndour pour proposer un produit attrayant et dont le message est bien enveloppé. A côté, d’autres artistes n’ont pas cherché bien loin. Un petit air bien entraînant, quelques paroles reprenant le discours officiel sur les gestes barrières, et hop le tour est joué. Au total, près d’une cinquantaine de productions en quelques semaines. Pour le journaliste et critique de musique Fadel Lô, si l’élan du début était à saluer, le suivisme de certains artistes pourrait bien «gâcher l’effet escompté». «On ne peut pas rester une journée sans voir trois nouveaux clips. Je trouve que c’aurait été plus intéressant de faire comme Lady Gaga, regrouper tous les artistes, qu’ils portent ensemble un message à même de toucher les populations. Mais à force de disperser les forces, personne n’a le temps de regarder 50 clips», déplore M. Lô. Contrairement à M. Lô, un acteur culturel que nous avons contacté estime que l’essentiel est ailleurs. «Il y a beaucoup de clips, c’est vrai. Mais ça participe à la sensibilisation du plus grand nombre parce que tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux, tout le monde ne lit pas les communiqués, mais il y a la radio partout et sur presque tous les téléphones», souligne celui-ci. Au final, indique-t-il, «ce n’est pas mauvais parce que les clips ont des cibles et ça complète toutes les actions de sensibilisation qu’on a sur d’autres plateformes».
Si ces clips sont destinés à sensibiliser les Sénégalais, beaucoup d’impréparations s’en dégagent. Et cela n’est que le reflet de la situation, estime notre acteur culturel. Mais le résultat est là, tous les clips ne donnent pas le bon message. «Dans certains clips, ils te disent de respecter les mesures barrières, mais ils sont 5 ou 6 derrière, collés les uns aux autres, sans masque et certains se donnent même la main. Tout cela n’est pas réfléchi et écrit. Il y a beaucoup d’impréparations et dans ces conditions, le résultat ne peut pas être probant», souligne M.Lô. Mais ces derniers jours, l’amusement et les moqueries ont quelque peu pris le devant sur les actions de sensibilisation. Beaucoup de jeunes se sont emparés du clip de la chanteuse Fatou Laobé pour en faire des parodies loufoques et hilarantes. «Ce jeu de détournement peut aller tellement loin que l’on peut en oublier le message originel et son sens», souligne Dr Niang, socio-anthropologue. Pour la chanteuse longtemps éloignée des feux de la rampe, il s’agit certainement d’un bad buzz, mais d’un buzz quand même. De quoi rehausser le nombre de vues de ses productions sur les réseaux sociaux.